Comme la majorité des saints qu’abritent le Maroc et particulièrement les saints juifs, Rabbi Yahya Lakhdar ne fait pas exception. Les informations sur ce tsadik (terme en hébreu désignant littéralement un homme juste) restent rares. Même la datation de sa présence à l’est de Ben Ahmed reste incertaine.
Mais une chose est sûre : il s’agit d’un «missionnaire venu au Maroc vers la fin du XVIIe siècle», rapporte-t-on dans le numéro 86084 de «Near East/South Asia Report» (Editions Foreign Broadcast Information Service, 1986). «Il a été envoyé par l’université hébraique d’Al Khalil avec des lettres de crédit à la communauté juive marocaine», poursuit-on de même source.
De son côté, la page Facebook dédié à la Hiloula de Rabbi Yahya Lakhdar précise que «le sanctuaire de Rabbi Yahya se situe dans l'arrière-pays casablancais, dans la plaine de Chaouiya, à 100 kilomètres à l'est de la ville, en direction de Ben Ahmed». «La présence de vestiges archéologiques à proximité d'un ancien palais attribué au sultan noir Hassan al-Marini donne une impression de profondeur historique au site et au récit», poursuit-on.
La même source raconte que le saint serait un rabbin quêteur, avant de relayer l’une des légendes liées à Rabbi Yahya Lakhdar. «Au moment d'une agression par des musulmans, il aurait lu la prière juive de ‘’Shema ha-meforash’’ et se serait caché sous une pierre», raconte-t-on. Une prière qui permettra au rabbin de rester caché, à l'abri des regards de ses agresseurs.
Cette légende donnera aussi son nom au pèlerinage au sanctuaire, appelé «Moussem d’Al-hajrat», qui signifie littéralement «Moussem des pierres».
Un saint aux multiples légendes
Dans un article intitulé «La présentation de soi au pèlerinage de Rabbi Yahya Lakhdar», l’écrivain Hicham Dakhama revient lui aussi sur certaines légendes liées à la personne et au sanctuaire de Rabbi Yahya Lakhdar. Il relaye notamment le témoignage datant de l’époque coloniale d’un Marocain originaire de Ben Ahmed.
«Ils (les Français) étaient en train de passer la route goudronnée qui va au Souk Jemaa. Alors qu’ils voulaient la passer sur l’emplacement deshajrat, le travailleur s’est solidifié, le Français aussi, jusqu’à ce que le rabbin leur explique de changer le tracé de la route. Il a eu un rêve la nuit, Rabbi Yahya lui demande de construire sur sa tombe. À l’époque c’était Gad Banon le président du comité d’ici. Après le miracle, le comité a construit un mur autour deshajratet, la petite chambre à côté, après il y a eu les travaux pour l’agrandissement, la synagogue.»
Une des légendes liées à Rabbi Yahya Lakhdar
Plusieurs récits ont été tissés autour du sanctuaire de ce saint juif. «Une fois, un jeune n’a pas respecté le shabbat, il a fumé et il ne respectait rien, alors on lui a dit de faire attention et il a dit que la religion c’était n’importe quoi. Sur place il a perdu la parole. Il a fallu qu’il vienne à Rabbi Yahya, il a demandé pardon et après la ziyâra, il a pu reparler», relate Hicham Dakhama.
C’est avec l’achèvement des travaux de construction que le saint est devenu une destination de premier choix pour ceux qui viennent «pour se faire guérir», «des malades de la peau» ou encore des «femmes stériles» venant effectuer la Ziyara. Et comme la majorité des saints juifs du Maroc, Rabbi Yahya Lakhdar n’a jamais été qu’un saint juif car visité également par des musulmans.
La Hiloula de Rabbi Yahya Lakhdar est célébrée chaque année en mai, au cours de laquelle des chants et des prières juives se mélangent. L’événement est aussi marqué par une vente aux enchères et des sacrifices rituels, le tout durant sept jours.
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