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Maroc : Voyage au cœur de la pédophilie

Après les déclarations de Luc Ferry, nous sommes partis au Maroc, à la ­rencontre des bénévoles de l’association Touche pas à mon enfant qui, ­depuis 2004, ­luttent contre la pédophilie et le tourisme sexuel.

Marrakech, la perle du Sud, attire chaque année des millions de visiteurs avec la magnifique mosquée de la Koutoubia, mais surtout la célèbre place Jamaa El Fna, où charmeurs de serpents, dresseurs de singes, diseuses de bonne aventure, conteurs, musiciens font leur numéro pour le plus grand plaisir des touristes venus savourer un peu du folklore marocain. La place Jamaa El Fna et ses charmes… Selim*, 17 ans, les connaît bien, pour avoir fait le bonheur d’un genre bien particulier de touristes. Regarder la place à travers ses yeux, c’est découvrir un univers sordide, celui de la prostitution des mineurs et du tourisme sexuel, parmi le tourisme classique. C’est dans cette ville, à en croire Luc Ferry, qu’un ministre français a été arrêté, mais jamais inquiété, pour pédophilie. Le parcours de Selim ressemble à celui de milliers d’autres jeunes marocains. La pauvreté et le dénuement de leur quotidien contrastent avec les portefeuilles bien garnis des Européens. « J’avais 14 ans la première fois que je suis parti avec un client, se souvient-il. Je n’allais plus à l’école, je n’avais pas d’argent, j’étais désespéré. Des amis m’ont proposé de “travailler” avec eux. Ils parlaient de s’amuser. C’était plus facile de le prendre comme un jeu. Mon premier client était français, presque tous ceux qui ont suivi aussi. J’ai arrêté de me prostituer l’année dernière… Je commençais à m’automutiler à coups de rasoir. »

Ce soir, Selim doit retrouver Youssef*, 23 ans, autre ancien prostitué, devenu membre de l’association Touche pas à mon enfant, Abderrahmane, 22 ans, et Simo, 21 ans, deux membres de la coordination locale, dans le quartier de Gueliz, près d’un fast-food, un des lieux de rendez-vous des pédophiles occidentaux et des jeunes prostitués, pour un travail de sensibilisation : repérer les enfants les plus vulnérables et les informer des dangers. Une heure du matin, le quartier est bondé. Enfants, adolescents, garçons ou filles, le quartier est un supermarché pour pervers. Entre jeunes et touristes, le ballet est incessant. Youssef signale à Abderrahmane un groupe de quatre Français- attablés en terrasse. « Ce sont des habitués. Je les connais très bien. Ils ont tous été mes clients, j’étais tout jeune. J’ai changé, mais pas eux ni leurs habitudes. » Youssef et Selim indiquent à Abderrahmane et Simo les codes, les gestes pour communiquer en toute discrétion. « Il suffit d’un sourire, d’un regard pour dire si on est intéressé, explique Selim, ensuite le gamin suit le touriste jusqu’à son appartement ou sa chambre. Ils ne marchent jamais côte à côte et ne se parlent pas en public pour éviter de se faire prendre. D’ailleurs la plupart des clients louent des appartements. C’est plus discret qu’un hôtel et ils peuvent faire monter trois ou quatre enfants en même temps… C’est leur truc préféré. Pour ma première passe, le client m’avait emmené avec deux autres copains. »

(*) Les prénoms ont été modifiés.

Lire l'article intégral dans VSD n°1765 (du 23 au 29 juin 2011)

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