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Synagogue « Slat Al Fassiyine » à Fès, mémoire des rituels non séfarades des Tochavims

Mohamed Jaouad EL KANABI

Dans le Mellah de la capitale spirituelle du Royaume à Fès-Jdid, Fès et dans sa plus ancienne ruelle, est située depuis des siècles la Synagogue Al Fassiyine ou « Slat Al Fassiyine ». C’est l’une des rares au Maroc où les rituels non séfarades des Tochavims  se sont poursuivis jusqu’au XXe siècle. Réputée pour être la plus ancienne de la médina de Fès avec l’autre grande synagogue du Mellah, la Synagogue Aben Danan. Elle aurait été construite à l’époque des Mérinides (entre les XIIIe et XVe). Son bâtiment actuel date du XVIIe siècle.

Laissée à l’abandon après le départ des Marocains de confession juive vers Israël, elle a été fermée en 1971. Elle fut un temps transformée en salle de boxe et en usine de tapis. Le responsable de la synagogue « Slat Al Fassiyine », de confession musulmane, avait tout conservé et il allumait un cierge tous les vendredis, en respect au lieu qui demeurait sacré à ses yeux.

Cette synagogue à l’architecture aérée, composée d’arches, de zellige polychrome, de plâtre sculpté, a été restaurée à l’identique, après deux ans de travaux, sous le patronage du roi Mohammed VI, grâce à l’appui financier de l’Allemagne et par la volonté d’un homme très engagé toute sa vie durant, Simon Lévy.

Après avoir subi un processus de restauration à grande échelle sa réouverture officielle le fut en février 2013, en présence du Chef de gouvernement marocain de l’époque, Abdelillah Benkirane, et de plus de 200 personnes, dont notamment des représentants de la communauté juive du Maroc et du Président du Parlement Allemand, dont le pays a contribué à la restauration du temple.

Une plaque accrochée à l’entrée de la ruelle menant à la synagogue indique que « Slat Al Fassiyine » a subi un processus de réparation et de restauration à l’initiative de Simon Levy, ancien secrétaire général de la Fondation marocaine du patrimoine culturel juif, de la communauté juive fassie, de la Fondation Jacques Toledano et du ministère Affaires étrangères de la République d’Allemande et le tableau y va d’une souscription, expliquant que « malgré la détérioration de son état architectural et de son emploi, respectivement, comme atelier de fabrication de tapis puis comme club de sport, cet engagement a conservé son aspect d’origine ».

Fatima Zahra Majdoubi, le superviseur de «Slat Al Fassiyine», a déclaré que cette synagogue, après sa restauration, est devenue une destination privilégiée pour de nombreux juifs du monde, en particulier, ceux originaires de la ville de Fès. Majdoubi, s’attend à ce que le nombre d’arrivées aille en augmentation après la reprise des relations entre Israël et le Maroc. Elle a souligné que « Slat al Fassiyine » a pris ce nom parce que c’était un temple dédié à l’établissement de la prière pour les juifs, connus sous le nom de «Tochavim» ou « Baladiyyin » ou Maghrebims, des Juifs autochtones du Maghreb parlant le judéo-arabe et le judéo-berbère, qui vivaient à Fès avant l’arrivée des « Megorachims », (juifs expulsés d’Andalousie à la fin du XVe siècle suite à l’édit des souverains Isabelle de Castille et Ferdinand II d’Aragon d’Espagne), ajoutant que la prière juive « originale » était différente de la prière juive ramenée d’Andalousie.

Fatima Zahra Majdoubi a expliqué que le processus de restauration de « Slat al Fassiyine » a ramené la vie à cette ancienne synagogue juive, déclarant que la salle, à laquelle mène l’entrée de la synagogue et reliée à quelques petites pièces au dernier étage du bâtiment, était destinée aux prières juives. Cette synagogue conserve encore le lieu où se tenait le rabbin au moment de la prière, une copie de la Torah, et un certain nombre d’installations pour la prière juive à l’ancienne manière fassie ou pour reprendre le terme approprié « d’Al-Fassiyine ».

« On y trouve des reliques comme des bancs en bois et des coupes qui servaient à l‘éclairage », a ajouté Majdoubi, ajoutant que « les murs et les arcades de la synagogue, décorés de plâtre orné, et son sol recouvert de mosaïques ondulées aux couleurs vertes et blanches, confèrent à son intérieur beauté et élégance ». Majdoubi a souligné que les Juifs du monde, qui visitent « Slat Al-Fassiyine », expriment leur admiration et leur fierté pour la préservation par le Maroc de l’ancien héritage juif, soulignant que ces monuments confirment l’attachement des Marocains en totale osmose, avec les valeurs de coexistence et de tolérance entre ses composantes islamique et juive depuis l’aube de l’histoire.

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