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Cachez cette Kippa que je ne saurais voir

Ce 12 février, sur France 2, Marine Le Pen a martelé qu’il faut éradiquer les signes ostentatoires des lieux publics.

Pour étayer son propos, la présidente du Rassemblement national explique que les Juifs ont déjà peur de la porter dans la rue et ajoute : « Juifs, je vous demanderai un sacrifice pour lutter contre l’islamisme, je vous demanderai d’enlever vos kippas. » Ce faisant, Marine Le Pen réitère globalement ce qu’elle avait dit en 2012 : « Il est évident que la kippa ne pose pas de problème dans notre pays, mais notre pays a changé et cet équilibre fragile que nous avions trouvé dans l'exercice des religions a été bouleversé par une immigration massive, depuis maintenant une vingtaine d'années, qui a changé la donne … Je demande à nos compatriotes juifs, ce petit effort, ce petit sacrifice sûrement, mais qui permet une égalité entre les exigences que l'on demande aux uns et aux autres. Je suis sûre qu'une grande partie d'entre eux sont tout à fait prêts à faire ce petit sacrifice » (TF1, 22 Septembre 2012).

Finalement, nous retrouvons en ces mots réitérés des expressions caractérisées et inacceptables. D’ailleurs, pourquoi faudrait-il empêcher qu’une femme porte le voile dans la rue ou qu’un juif pratiquant porte une kippa sur la tête ? Parallèlement, nous voulons poser la question suivante, Marine Le Pen, autorisez-vous une sœur a porter le voile des religieuses chrétiennes ? Un curé pourrait-il porter une soutane dans la rue ?

Commençons donc pas rappeler cette évidence dictée par la loi dans notre pays. En effet, rien n’interdit le port d’un signe religieux dans l’espace public, conformément au principe de liberté religieuse définie par l’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi. » L’article 9 de la Convention européenne des droits de l’homme prévoit en outre que « la liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire l’objet d’autres restrictions que celles qui, prévues par la loi, constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique. » La laïcité telle que nous la comprenons, la laïcité telle que nous la vivons, la laïcité telle qu’elle nous protège, n’édicte pas d’empêcher de porter une croix, pas plus qu’une kippa, pas plus qu’un voile dans les rues de notre pays.

Sur la notion de sacrifice :

Voilà l’utilisation réitérée d’un terme pour le moins problématique. Si le terme de sacrifice s’emploie pour une grande variété d’actes, au sens figuré le mot sacrifice évoque le renoncement et l’abandon volontaire, la renonciation à ses propres intérêts au profit de ceux des autres. Mais, comment devrions-nous comprendre autrement l’utilisation de ce terme, choquant en l'état ?

Les Français juifs ont été sacrifiés en effet et tout au long de leur histoire. Ils ont été massacrés, humiliés, rejetés, discriminés, agressés, assassinés. En France, ils ont été sacrifiés pendant l’affaire Dreyfus, à cause des ligues factieuses dans les années 30, lorsque 75 721 Juifs, dont près de 11 000 enfants, ont été déportés de France entre mars 1942 et août 1944, par l'antisémitisme et les islamistes depuis 2000. Mais, rappelons aussi qu'en son temps et Jean-Marie Le Pen et le Front national, pendant des décennies, à coups de mots choquants et blessants, et/ou de propos négationnistes, ont désigné à la vindicte, les Français juifs.

Ce furent en effet Madame Le Pen de grands sacrifices.

 

Par Marc Knobel

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