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Plusieurs responsables juifs condamnent les derniers propos d’Eric Zemmour

 

Eric Zemmour a à nouveau défendu l’action de Philippe Pétain durant la Seconde Guerre mondiale dimanche dernier à l’occasion du « Grand rendez-vous » sur Europe 1/CNews/Les Échos. Le polémiste a encore expliqué que, selon lui, le régime de Vichy avait « protégé les Juifs français et donné les Juifs étrangers » – une thèse rejetée par de nombreux historiens, dont Robert O. Paxton, qui a démontré la collaboration du régime de Vichy et du maréchal Pétain à la déportation de dizaines de milliers de Juifs durant l’Occupation nazie, peu importe leur nationalité.

Eric Zemmour a également dit vouloir abolir les lois mémorielles et antiracistes. Parmi celles-ci, les lois Gayssot et Pléven, qui tendent à réprimer les injures et les actes racistes, antisémites, xénophobes ou négationnistes.

« Je remarque que la plupart des historiens français ont protesté contre ces lois mémorielles qui empêchent la liberté de recherche historique », a expliqué le polémiste d’extrême-droite condamné pour provocation à la haine raciale, sans pourtant en citer un seul. « Je serais favorable à les abolir. »

Il a également regretté le discours de reconnaissance de la responsabilité française dans la rafle du Vel’ d’Hiv, donné par Jacques Chirac en juillet 1995. « Cette repentance nous fait beaucoup de mal, nous pousse à la culpabilité qui nous pousse à la quête d’expiation, quitte à détruire notre civilisation. C’est ça la logique terrible, cruelle et suicidaire dans laquelle nous sommes. Il faut en finir avec ça, c’est criminel, on essaie de culpabiliser le peuple français en permanence pour qu’il se soumette à l’invasion migratoire et l’islamisation du pays », a-t-il déclaré.

En réponse à ces propos, de nombreux internautes, parmi lesquels des petits-fils et petites-filles de Juifs déportés durant l’Occupation de la France par l’Allemagne nazie, se sont exprimés sur les réseaux sociaux, racontant leur histoire familiale.

« Je pense à mon grand-oncle Albert, Juif et Français, né en Algérie comme Zemmour [sic, Eric Zemmour est né et a grandi à Montreuil, en France] déchu de sa nationalité par Pétain, arrêté en 1943 à Nice et mort à Auschwitz. Je pense à mon père exclu de l’école à 10 ans, mes oncles interdits d’enseigner. Arrêtons de laisser falsifier l’histoire », a tweeté l’auteure Brigitte Benkemoun.

« Tiens en passant, ma famille a été déchue de sa nationalité en 1940 par le régime de Pétain », a lui écrit le blogueur Tristan Mendès France, spécialiste des réseaux sociaux et des théories conspirationnistes, partageant une photo du passeport de sa grand-mère.

« Je pense à mon arrière-grand-père Israël Fisse, arrivé de Constantinople dans les années 1920, naturalisé Français, puis déchu de sa nationalité française par Vichy, arrêté par la police française en 1942, mort en déportation », a posté l’avocat Julien Bensimhon.

« Je pense a ma grand-mère, Juive et Française. Déportée en juillet 1942 par la police française. Comme Ginette Kolinka, comme tant d’autres », a écrit le producteur Maxime Ruszniewski.

Plusieurs responsables juifs ont également réagi aux derniers propos du polémiste.

« Ses sorties sur Pétain, Papon et les victimes juives de Toulouse ne suffisaient pas. Zemmour attaque les lois mémorielles Pléven et Gayssot contre les injures et actes racistes et antisémites, et brocarde le discours du président Chirac de 1995 au Vel’ d’Hiv’. Noyade en eaux troubles », a écrit Philippe Meyer, président du B’Nai B’Rith France.

Gil Taieb, vice-président du FSJU et du CRIF a posté un message similaire, ajoutant que « ce révisionnisme l’inscrit dans l’héritage des Faurisson et antisémites ».

Ariel Goldmann, président du FSJU, a lui déclaré « avoir honte à l’idée d’appartenir à la même religion [qu’Eric Zemmour] ». « J’espère simplement que vous ne serez pas en capacité de vous présenter à la présidentielle 2022 », a-t-il ajouté à son adresse.

Noémie Madar, présidente de l’UEJF, a elle annoncé des poursuites. Eric Zemmour avait été relaxé en février dernier pour le même type de propos tenus en 2019. La cour avait alors retenu que ceux-ci ne relevaient pas de la « contestation de crime contre l’humanité ». « J’admets que l’on puisse contester ce que je dis mais je ne vois pas en quoi ce que je dis conteste que des Juifs aient été exterminés par des Allemands », s’était-il défendu.

Chalom Lellouche, rabbin de Levallois-Perret, a lui posté : « À la minute même où la candidature de M. Zemmour sera dévoilée, les grandes autorités religieuses, d’une seule et même voix, devront sans détour condamner. La menace est grande et réelle. Il en va de la paix interconfessionnelle, il en va de l’unité nationale, il en va de la France. »

Sans citer directement Eric Zemmour, le grand rabbin de France, Haïm Korsia, a fait référence à une récente polémique déclenchée par d’autres propos du polémiste, qui a annoncé vouloir imposer des prénoms français aux nouveau-nés.

« Le 27 septembre 1791, était enfin accordée aux Juifs la citoyenneté française. Inspiré de l’Abbé Grégoire, le décret consacrait la conjugaison des espérances que sont la République et le judaïsme. Aujourd’hui, nous partageons toujours avec nos noms et nos prénoms le rêve républicain », a-t-il écrit.

 

 

 

Glenn Cloarec a participé à cet article.

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