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Peu de personnes, plus que moi, ressentiront ce que décrit Oré Abitbol! J'habitais là où le Boulevard Moulay Youssef traversait le Boulevard de Bordeaux pour se rendre à la mer. Enfant j'étais à la ferme Blanche puis à l'école Charcot. Plus tard, au Cour Complémentaire du Centre. Les Jeudis après-midi, je marchais jusqu'à la mer avec ma petite amie. Quel Paradis retrouvé tous ces Jeudis. Quels souvenirs! Mon départ de Casablanca en Octobre 1956, suivi de ma présence au Lycée Voltaire à Paris représenta un automne dans ma vie que seul Lamartine décrivit pour moi dans son poème magique de "L'automne" que je lis trop souvent et pas assez! Rien n'aura été si magique depuis. Il m'arrive encore de m'isoler avec mes souvenirs et ces îlots d'existence ne se partagent plus. Ils restent les seuls bagages du reste de ma vie. Ces vieux bagages, blanchis par le soleil, rouillés par l'air marin, ridés par le temps, ramollis par l'abandon sont toujours pour moi d'une fraîcheur constamment renaissante et éternelle. Quel bonheur que la création de tous ces souvenirs à notre insu au moment où ils se forment!

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