Le Royaume promeut son héritage juif en renforçant la composante hébraïque dans les manuels scolaires
Oum El Ghit Boussifmardi - Hespress
Faisant un pas de plus dans la promotion d son héritage juif, le Maroc a renforcé la présence de la composante hébraïque dans les manuels scolaires à compter de la saison 2021/22.
En effet, le ministère de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a modifié les programmes pour inclure l’héritage et l’histoire juifs, et enrichir ainsi le débat autour de son patrimoine juif.
Selon les données dont dispose Hespress, les manuels ont enregistré l’introduction de la composante hébraïque ainsi que d’autres thématiques inhérentes aux juifs marocains, à la fois à travers l’histoire et à l’heure actuelle.
Les manuels qui traitaient de la composante hébraïque au cours des saisons scolaires précédentes se limitaient à la seule matière d’histoire, alors que pour l’année scolaire en cours, la composante hébraïque est également présente au niveau des matières de langues (arabe et français), et ce à partir de la quatrième année de l’enseignement primaire.
Selon les mêmes données, les manuels comprenant des textes et des sujets d’intérêt en rapport avec les juifs marocains, sont passés de 3 au cours des saisons précédentes, à 18 au titre de l’année scolaire en cours.
Ces manuels, consultés par Hespress, traitent de divers sujets liés à la culture, à la musique, à l’artisanat et aux Marocains du monde.
A ce propos, Fouad Chafiqi, directeur des programmes scolaires au ministère de l’Éducation nationale, a expliqué que le fait changer les programmes scolaires et aborder des sujets d’intérêt pour les juifs marocains, leur histoire et leur culture, n’est pas lié à la reprise des relations diplomatiques entre le Maroc et l’État d’Israël.
Il précise que la révision du programme a été lancée il y a des années et qu’en septembre dernier, pour concerner des manuels du primaire traitant du judaïsme, pour se poursuivre et concerner progressivement les manuels d’autres niveaux.
Le ministère a confirmé que les changements en cours sont conformes à la constitution de 2011, qui évoque la diversité des composantes de l’identité et de l’unité nationales, « forgée par la convergence de ses composantes arabo-islamique, amazighe et saharo-hassanie… nourrie et enrichie de ses affluents africain, andalou, hébraïque et méditerranéen »
Pour l’Association Maimouna, qui s’intéresse au patrimoine juif marocain, « l’enseignement de l’histoire des Juifs au Maroc était le rêve de feu Shimon Lévy, André Azoulay, le Musée Juif Marocain de Casablanca, et tous les membres de l’Association Maimouna … et ce rêve est devenu réalité ».
De son côté, le Comité juif américain a félicité le Maroc d’être « le premier pays du monde arabe à intégrer son héritage juif au programme scolaire ».
La Fédération séfarade américaine a également félicité le Royaume pour avoir « intégré l’histoire et la culture juives marocaines dans son programme d’enseignement primaire ».
Ce module parle de « l’affluent culturel juif constitutionnellement consacré, la visite royale historique à la Maison de la mémoire, la centralité d’Essaouira dans la compréhension de la culture marocaine exceptionnelle de tolérance et de la relation spéciale entre la dynastie alaouite et la communauté juive marocaine », estime la fédération, qui y voit également une reconnaissance « des réalisations d’André Azoulay, conseiller royal et récipiendaire du prix Pomgranate Award for Lifetime Achievement ».
Le renforcement de la présence de la composante hébraïque dans les manuels scolaires, constitue, justement selon André Azoulay, « un grand pas et un signe lumineux que le Maroc présente aux autres, tout en continuant d’avancer sur la voie des lumières ».
Pour rappel, le ministère de l’Education nationale avait signé, en novembre dernier, avec deux associations juives marocaines une convention de partenariat « pour la promotion des valeurs de tolérance, de diversité et de coexistence dans les établissements scolaires et universitaires ».
Symboliquement, c’est à la Maison de la mémoire d’Essaouira, un musée dédié à la coexistence des juifs et des musulmans que cet accord a été paraphé en présence notamment, d’André Azoulay.