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Maroc-Israël, vers un partenariat économique fort ?

Zouhair Yata

 

Le Maroc et Israël densifient leurs relations économiques et commerciales depuis la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays, sous le parrainage des États-Unis fin 2020. La tenue du premier forum économique israélo-marocain à Tel Aviv depuis mardi 15 mars, a notamment été marquée par la signature d’un accord de partenariat stratégique entre les patronats respectifs, la CGEM et l’IEBO. La délégation marocaine, qui a bénéficié du premier vol commercial direct de la Royal Air Maroc vers Tel Aviv, compte plus de 80 patrons, alors que du côté israélien, ce sont près de 300 hommes d’affaires qui ont participé au forum. C’est donc un engouement certain qui a entouré cet événement dont les enjeux sont multidimensionnels.

Le Royaume du Maroc a une histoire dense et unique avec le peuple juif, dont la présence au Maroc remonte à l’époque romaine. Un héritage gravé dans le marbre de la Constitution marocaine par le Roi Mohammed VI. Le Maroc a également toujours maintenu une position claire et démonstrative de soutien à la cause palestinienne, notre Souverain étant notamment Président du comité Al-Qods. A la question « le Maroc soutient-il encore la cause palestinienne », le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, répondait dans une interview datée de fin 2020, sans équivoque : « Nous avons des principes et un attachement vis-à-vis de la question palestinienne. Et nous avons des atouts et des canaux qui servent la paix dans la région : personne d’autre ne dispose de l’expérience de cohabitation entre juifs et musulmans que nous avons. C’est la même logique qui a permis au Maroc d’abriter en 1974 le sommet de Rabat, qui a reconnu l’Organisation de libération de la Palestine [OLP] et qui a permis au Maroc d’aider les pays qui voulaient la paix dans la région, y compris l’Égypte ».

Le rôle du Maroc en tant que médiateur du conflit ne peut donc qu’être conforté par le tissage de relations économiques denses entre les sociétés civiles marocaines et israéliennes. D’autant que le Maroc peut tirer profit de l’expertise israélienne dans des domaines stratégiques pour le pays, de l’agriculture à la gestion de l’eau ou encore aux industries de technologies de pointe dont la Santé. Le patronat marocain affiche d’ailleurs une ambition de porter les échanges entre les deux pays à 500 millions de dollars.

Le Maroc compte certainement également sur la diaspora juive d’origine marocaine, la plus grande dans le monde, dont l’attachement à la terre marocaine de ses ancêtres est indéfectible. Les touristes israéliens représentent un marché mûr et accessible pour les opérateurs nationaux, mais sont aussi des touristes avec une appétence pour le patrimoine marocain unique et une volonté affichée de le préserver et de l’enrichir.

Enfin, la cause nationale que défend le Maroc, son intégrité territoriale, est au cœur des intentions marocaines et justifie également le réchauffement des relations avec Israël et par ricochet avec les États-Unis, dont le soutien au plan marocain d’autonomie est crucial pour le Royaume.

En réalité, parce le Maroc s’est toujours distingué dans le concert des nations arabes et musulmanes par une position qui lui est propre, faite de nuances en connaissance de cause des liens inextricables entre l’histoire du Royaume et ses sujets de confession juive, sa marge de manœuvre est différente et le sera toujours. N’en déplaise aux Cassandre…

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