Bayt Dakira, symbole de coexistence entre juifs et musulmans à Essaouira
Amine Mechaal
Bayt Dakira, qui a été inaugurée il y a quelques années par SM le Roi Mohammed VI, suite à des travaux de restauration, est situé au Mellah de la ville, où vivaient les Juifs d’Essaouira. Il s’agit aujourd’hui d’un des monuments religieux et culturels les plus importants témoignant de l’histoire d’une longue tradition de coexistence entre musulmans et juifs dans la ville marocaine.
Le musée comprend la synagogue Salaat Attia, la Maison de la mémoire et de l’histoire et Bayt Dakira, et le Centre international de recherche Haim et Celia Zafarani, qui s’intéresse à l’histoire des relations entre le judaïsme et l’islam, et présente un ensemble de documents et de photos appartenant à des familles juives ayant vécu à Essaouira et à d’éminentes personnalités juives, comme Leslie Belisha, une Marocaine qui a occupé plusieurs postes ministériels en Grande-Bretagne, ou David Levy, le premier Juif marocain élu aux Sénat aux États-Unis, en plus de nombreux Juifs originaires d’Essaouira, qui ont travaillé en tant qu’ambassadeurs ou conseillers.
Bayt Dakira est connu pour sa representation de toutes les étapes de la vie des Juifs d’Essaouira, depuis la naissance de leurs enfants, la “Bar Mitzvah”, leur mariage, puis le décès, durant les XVIIIe et XIXe siècles.
Devenue aujourd’hui un espace de préservation de la mémoire, Bayt Dakira était autrefois une ancienne maison où vivait une riche famille juive. Ils avaient construit une petite et jolie synagogue portant le nom de son propriétaire Shimon Attia, mais elle a été négligée après la mort de ses propriétaires et la migration des juifs marocains vers Israël.
L’initiative de restauration de cette synagogue et son repère culturel et religieux, qui incarne les valeurs de dialogue et de coexistence dans une société majoritairement musulmane, émane d’André Azoulay, le conseiller royal juif. C’est principalement grâce à lui que le patrimoine historique des Juifs dans la ville d’Essaouira est intacte aujourd’hui, ce qui a fait de la ville un vrai rassemblement de la communauté juive résidant au Maroc, pendant de nombreux siècles.