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Matérialisme et morale biblique, par David Bensoussan

 

Les découvertes scientifiques ont mis en évidence les lois de la nature et de l’évolution et en ont exclu l’intervention divine. La science de l’évolution a rogné la conviction religieuse du fait que la croyance en un dieu omniprésent et omniscient n’est plus nécessaire pour expliquer des mystères de la nature.

Du matérialisme scientifique

Le matérialisme scientifique peut induire à réécrire un récit alternatif de la Genèse : Au début il y avait l’éternité, des particules, de l’énergie qui se sont réorganisées en cellules évoluant vers l’humain lequel a créé l’idée de Dieu. L’esprit ne serait qu’un sous-produit de la matière et les choses ont existé bien avant qu’une conscience de leur existence n’ait surgi.

Le biologiste Richard Dawkins qui est adepte du matérialisme scientifique avance : « L’univers que nous connaissons a justement les propriétés auxquelles nous nous attendons s’il y a fondamentalement ni conception, ni dessein, ni mal, ni bien, mais seulement une indifférence aveugle et impitoyable. » Ce disant, il mêle les théories scientifiques à des notions subjectives de bien et de mal…

Du matérialisme dialectique

Le matérialisme dialectique explique le monde par le jeu d’actions-réactions ou de contradictions qui transforment continuellement le monde matériel. Les idées ne sont pas indépendantes de la matière : la pensée serait le produit du cerveau qui en est l’organe. Pour Marx, « ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, mais la vie qui détermine la conscience. »

Le marxisme a adapté cette théorie d’interdépendance des forces de la nature aux institutions sociales humaines et notamment pour expliquer les revendications ouvrières par rapport au capitalisme lesquelles devraient conduire inéluctablement à l’abolition des classes pour atteindre la forme supérieure de la société humaine que constituerait le socialisme. Le matérialisme historique voit en le développement du travail productif et dans la lutte des classes la force motrice du changement social.

Or, le matérialisme idéel n’a pas été accompagné d’aspirations humanitaires. Ainsi, les révolutionnaires bolcheviks chantaient : « Notre vie n’est qu’un long voyage dans l’hiver et dans la nuit. Nous cherchons notre passage dans un ciel où rien ne luit. »

Science et genèse biblique

Selon la science, l’expansion de l’univers est unidirectionnelle dans le temps. Cela est confirmé par les longueurs d’onde rougissantes émises par les astres. En remontant dans le temps, nous arrivons à la conclusion que l’univers a commencé à exister il y a de cela 13,7 milliards d’années après un big bang premier, ce qui est en accord avec la création biblique de la lumière au premier jour. La lumière est une forme d’énergie, la matière est aussi une forme d’énergie et cela pourrait expliquer donc la formation première du monde. La séquence de la création biblique soit poissons, végétation, animaux et humanoïdes correspond à la séquence d’évolution selon la science. L’homme du 8e jour, celui du jardin d’Eden, est celui qui est doté d’une conscience et du pouvoir de différenciation du bien et du mal.

Force est d’admettre que la Création première transcende les lois (prédictibles) de la nature. S’il y a une origine des temps, il faudra admettre une création ex nihilo (pré big bang) qui laisse ouverte la question de l’antériorité de cette origine. La science n’offre pas d’explication sur l’origine du monde.

Revenons au Big bang qui aurait vu la naissance d’un univers en un point de densité infinie (une singularité) ou encore un domaine infinitésimal et de densité quasi infinie si on ne limitait pas l’analyse aux seules forces gravitationnelles.

Dans cet état initial, l’univers aurait commencé son expansion dans un temps dilaté. En effet, la théorie de la relativité élargie nous apprend que le temps est relatif à l’attraction gravitationnelle. Le temps s’écoule plus lentement en basse altitude.

Lorsque nous analysons la distorsion du temps et de l’espace engendrée par une matière originelle, il appert que les notions de temps, d’espace et de matière n’ont de sens qu’après le Big Bang. Toute entité pré Big Bang se situe en dehors des notions de temps, d’espace et de matière.

Entre matérialisme scientifique et théologie biblique

La condition initiale qu’est le Big Bang lui-même a permis l’éclosion de l’univers et de la vie avec un ajustement incroyablement précis pour permettre l’évolution des espèces végétales et animales et finalement de l’être humain. Lorsque l’on prend conscience de l’alignement de millions de paramètres qui permettent la vie sur terre, et les prémisses qui sous-tendent leur évolution et leur interaction, on est tenté de rejoindre la réflexion d’Einstein qui avançait que « Le hasard c’est Dieu qui se promène incognito… Dieu ne joue pas aux dés. »

La théologie biblique propose un scénario dans lequel la création de l’univers a un dessein. Elle s’accompagne de notions essentielles de bien et de mal et d’espérance en un avenir idyllique traduit en messianisme. Précisons ces notions :

La Bible n’est pas un ouvrage de science. Pour ce qui est de la création de l’univers, la Bible commence par une ambiguïté, car le premier verset de la Bible se lit ainsi de façon littérale : « Au début créa Dieu (Genèse 1-1). »

Pour ce qui est du bien et du mal, l’être humain a la possibilité de surmonter la tentation. La parole divine adressée à Caïn est : « Si tu t’améliores, tu pourras endurer, sinon le péché est tapi au seuil… mais sache que tu pourras le dominer (Genèse 4-7). »

La morale biblique se résume ainsi : « Ce que l’Éternel te demande, c’est que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde, et que tu marches humblement avec ton Dieu (Michée 6-8). »

L’idéal messianique est celui d’une paix universelle : « De leurs épées, ils forgeront des socs de charrue, de leurs lances des serpes : une nation ne lèvera plus l’épée contre une autre et on n’apprendra plus la guerre (Michée 4-3). »

Retour à la case de départ biblique

Il n’y a pas de raison pour que le fossé qui existe entre la science et la foi s’élargisse. Notre société de consommation qui laisse peu de place à la spiritualité s’éloigne du système de valeurs morales sur lequel est basée la civilisation judéo-chrétienne. Ce système de valeurs a une dimension et une signification humanitaires qui sont autrement absentes dans les idéologies matérialistes.

Point n’est besoin de croire en Dieu et la venue du messie pour faire en sorte qu’en tant que société l’on vise à s’approcher de l’idéal messianique.

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