Le débat sur la fin de vie se fera sans « front uni » des religions
Les représentants des cultes catholique, protestant, musulman et juif refusent d’apparaître comme « le tribunal des religions qui jugeraient la société ».
Le HuffPost
Les principales religions monothéistes de France n’opposeront pas de « front uni » contre le débat sur la fin de vie qui doit s’ouvrir en décembre
FIN DE VIE - Les représentants des cultes catholique, protestant, musulman et juif n’adopteront pas de front commun dans le débat sur la fin de vie, même si leurs positions sont proches, expliquent-ils dans une interview au Journal du dimanche ce 27 novembre.
À la question de savoir si les responsables des cultes feront une déclaration commune en amont de possibles débats législatifs sur la question, le président de la Conférence des évêques de France, Éric de Moulins-Beaufort, répond : « non, nous avons plutôt éliminé cette option. Le temps présent est au débat et nous ne sommes pas le tribunal des religions qui jugeraient la société ».
« Pour l’instant, la question est : faut-il envisager des changements dans la loi actuelle ? Nous n’anticipons pas. Nous participerons à ce débat (...) ensuite, à la société de faire son grain avec, ou pas », renchérit dans la même interview le Grand rabbin de France, Haïm Korsia.
Le président Emmanuel Macron a évoqué à la fin de l’été un changement de législation sur la fin de vie. Une convention citoyenne formée de 150 Français tirés au sort doit en débattre à partir du 9 décembre. Elle formulera au printemps prochain des propositions censées orienter les choix de l’État, et notamment de décider s’il convient de changer la loi Claeys-Leonetti sur l’accompagnement médical de la fin de vie, éventuellement en légalisant une « aide active à mourir ».
« Préoccupations partagées » par les religions
« Sollicités » par le président de la République, les responsables religieux espèrent être écoutés dans le débat public, sans pour autant vouloir imposer une conduite. Les grandes religions ne présentent « pas un front uni, politique, qui voudrait s’imposer, mais un ensemble de préoccupations partagées. Nous voulons mettre en avant l’humanité et la nécessité d’un accompagnement humain », explique dans l’interview le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz.
« On ne peut pas parler de front des religions. Quand bien même nos appréciations sont proches les unes des autres, nous ne partons pas en guerre contre une possible loi », ajoute Christian Krieger, président de la Fédération protestante de France.
Le rôle des responsables religieux dans le débat « consiste à faire apparaître qu’on ne peut pas réduire cette question à sa dimension technique ou juridique (...) , elle concerne notre humanité », résume Mgr de Moulins-Beaufort.
À l’unisson, les représentants religieux réclament en parallèle le « développement réel » des soins palliatifs, dont le but est de soulager les patients atteints de maladies incurables, et trop souvent considérés comme « le parent pauvre de la médecine alors qu’ils devraient être au cœur de la préoccupation médicale », selon Haïm Korsia. « Cette culture doit davantage être diffusée, y compris chez les soignants », plaide le président de la Conférence des évêques de France.