Des photographies séculaires pour partager l’histoire maroco-israélienne
«Murakuc». Ainsi s’intitule le projet artistique et culturel du jeune marocain Adil Faouzi, dont il dérive l’appellation du pays. Le tout en puisant dans l’héritage amazigh et juif. En voici les contours.
La teneur de ce projet consiste en une plate forme révélant, d’après l’artiste, «une mosaïque de la culture, l’histoire et l’héritage marocains». Quant à l’idée, elle émane de son «désir intense de partager les multiples facettes du Maroc, ses tenues traditionnelles et ses pratiques ». Il s’inspire, dans ce sens, des histoires racontées par la résistance marocaine du temps du Protectorat français. «Je voulais mettre ces histoires en valeur pour ne pas être oubliées», s’exprime Adil. Pour ce faire, il recourt à des photos.
Des collections personnelles comme illustrations
Il les puise dans différentes sources. «Certaines sont issues de collections personnelles», révèle-t-il en rappelant leur appartenance familiale. A ses yeux, ces images « résonnent profondément dans l’âme». Un sentiment qu’il veut partager avec ses followers pour qu’ils apprécient ces photographies à leur tour. Et ce n’est pas tout! Ces followers sont aussi une source-clé pour lui. «Ils contribuent généreusement avec leurs propres photographies. Ils élargissent ainsi les perspectives du projet», détaille Adil. Par l’occasion, il reconnaît recourir également à des plates formes de renom pour mieux alimenter «Murakuc ». Mieux encore, il fait un choix minutieux de photos. D’après lui, il s’agit de s’assurer que «chacune raconte une histoire, un moment significatif ou dévoile une facette de la vie marocaine». «Je plonge dans le contexte historique de chacune d’elle pour rechercher les histoires et les faits qui l’accompagnent. Ce processus est important surtout quand les images révèlent des événements historiques majeurs ou illustrent la coexistence entre les musulmans marocains et les juifs », avance-t-il.
Aperçu des œuvres
Dans ce sens, il donne même l’exemple d’exclusivités prises d’une interview de feu SM Hassan II avec la télé nationale israélienne en 1994. «Cette sélection minutieuse m’aide à apporter la vie à l’histoire marocaine riche et diversifiée en faveur de mes followers », poursuit-il. L’artiste donne aussi l’exemple de la visite de Simon Peres, ex-président et Premier ministre d’Israël. «Cela illustre les longues et fortes relations maroco-israéliennes. Un aspect historique qui surprend plus d’un», estime-t-il. Cependant, le jeune ne veut pas s’arrêter là. Il veut également puiser dans le rôle joué par le Maroc dans les relations entre Israël et les Etats arabes. De plus, les photographies révélées par l’artiste illustrent le départ des Marocains juifs pour Israël. «Les sentiments forts éprouvés lors de cet événement significatif dans l’histoire marocaine sont vivement capturés dans ces photographies», enchaîne-t-il en rappelant tenir à partager ces moments pour créer un lien profond entre l’audience et le passé diversifié du Royaume. A son sens, cela forme « une pierre angulaire du projet qui a aussi une visée pédagogique». En tout, cette plate forme est composée de 2500 contenus visuels comprenant des photos et des vidéos.
Retour vers les années 1900-2000
Le choix de cette période est, d’après Adil, délibéré. « Ce siècle était une époque de transformation dramatique pour le Maroc. Elle était marquée par la résistance, l’indépendance, l’évolution culturelle et les changements sociétaux », précise-t-il. Les photos de cette période ouvrent, d’après lui, « une fenêtre sur ces événements historiques signifiants et permettent d’explorer l’évolution de la société marocaine sur cent ans ». Elles mettent en lumière « la bravoure, la détermination des Marocains lors de l’époque de la résistance, l’euphorie de l’indépendance, l’évolution de nos villes et la résilience de nos traditions ». « La coexistence entre les Marocains juifs et musulmans lors de cette ère que j’ai tenu à valoriser est un héritage fort pour l’histoire diversifiée du Maroc qui tient à cette identité. C’est ce que je veux continuer à partager via le projet », ajoute l’artiste qui fait ces partages via Instagram.
Des œuvres à exposer
Aspirations: Au-delà de ce réseau social, l’artiste est ouvert « à l’exposition de ces photos ailleurs». L’objectif pour lui étant de «rendre l’histoire et la culture marocaines plus accessibles». «J’explore des collaborations potentielles avec des institutions culturelles, galeries et musées pour exposer ces photos ainsi que les histoires qu’elles racontent », reconnaît-il. A son sens, de tels événements seraient une bonne opportunité pour atteindre « une audience plus large afin de créer un lien avec notre héritage tout en créant une expérience plus immersive que celle offerte par le digital». «Je suis optimiste quant aux émotions et échanges que ces photos créeront afin d’approfondir la compréhension de notre héritage», révèle Adil âgé à peine de 20 ans et dont la plate forme a également la particularité d’être conçue en anglais. Outre ses explorations du patrimoine, menées par curiosité constructive, ce jeune, originaire de l’Atlas, prépare un master en médias au Qatar comme il est admis à l’Université du Néguev et à l’Université de Haïfa pour des études israéliennes.