Roger Waters explique ses propos antisémites
L'ex-bassiste des Pink Floyd a confirmé avoir suggéré d'utiliser des termes racistes dans un mail de 2010, affirmant qu'il voulait mettre au point un message sur "les horreurs du fascisme"
L’ancien leader des Pink Floyd, Roger Waters, a défendu vendredi l’utilisation d’un trope antisémite, après qu’un documentaire a affirmé qu’il avait voulu écrire des insultes antisémites sur un cochon gonflable qui était utilisé comme accessoire de scène lors d’un concert.
Le film de 37 minutes, intitulé « The Dark Side of Roger Waters » (« Le côté obscur de Roger Waters »), a été diffusé mercredi par le groupe de pression Campaign Against Antisemitism, basé au Royaume-Uni.
Les réalisateurs ont interrogé d’anciens membres du groupe et des collaborateurs de Waters, qui ont relaté les propos antisémites de la rock star.
Le documentaire a également révélé un courriel datant de 2010 dans lequel Waters demandait à son équipe s’ils pouvaient ajouter des tropes antisémites à un accessoire de scène pour sa tournée.
« Hey les gars, qui va s’occuper du cochon ? », avait écrit Rogers dans le courriel, faisant référence à un gros cochon gonflable qui survole le public lors de ses concerts. Waters avait déclaré qu’il « imaginait » le cochon recouvert de slogans tels que « dirty kyke » (« sale youpin »), un terme raciste et profondément offensant désignant le peuple juif.
Il avait également suggéré d’écrire le sigle du dollar et des slogans tels que « follow the money » (« suivez l’argent »), « scum » (« racaille »), un « croissant [de lune] et une étoile » et des Étoiles de David sur le cochon, entre autres slogans et symboles, selon le documentaire.
Dans une déclaration publiée vendredi sur son site web et partagée sur X – anciennement Twitter – Waters a semblé confirmer que le courriel était authentique et ne s’est aucunement excusé d’avoir utilisé ce terme.
« Les mots offensants que j’ai cités entre guillemets dans un courriel il y a 13 ans étaient mon idée ; je voulais rendre les maux et les horreurs du fascisme et de l’extrémisme apparents et choquants pour une génération qui n’a peut-être pas pleinement conscience de la menace omniprésente », a déclaré Waters. « Ils ne sont pas la manifestation d’un sectarisme sous-jacent, comme le suggère le documentaire. C’est tout le contraire. »
Plusieurs années après le courriel, en 2013, Waters avait été critiqué pour avoir fait flotter un cochon arborant une Étoile de David et des symboles de régimes dictatoriaux au-dessus du public lors d’un concert en Belgique.
Les réalisateurs ont interrogé Norbert Stachel, l’ancien saxophoniste de Waters, et Bob Ezrin, un producteur de musique renommé qui a travaillé avec les Pink Floyd sur leur album phare de 1979, The Wall.
Stachel et Ezrin, tous deux Juifs, ont affirmé que Waters avait tenu des propos désobligeants ou méprisants à l’égard des Juifs.
Stachel a déclaré que Waters s’était moqué de sa grand-mère, morte pendant la Shoah, en la qualifiant de « paysanne polonaise », et qu’il avait rejeté des plats végétariens dans un restaurant en les qualifiant de « nourriture pour Juifs ».
Ezrin a affirmé que Waters lui avait un jour chanté une chanson improvisée sur Bryan Morrison, alors agent de Waters, qui se terminait par la phrase « Morri est un putain de Juif ».
Waters a été accusé à plusieurs reprises d’antisémitisme par des groupes et des responsables juifs aux États-Unis, en Europe et en Israël.
Il a réprimandé les artistes qui incluaient l’État juif dans leurs tournées ; il a accusé le « lobby juif » de contrôler l’industrie musicale ; il a comparé Israël à l’Allemagne nazie et il s’est produit sur scène dans un costume ressemblant à celui d’un officier SS.
En juin, le Département d’État américain a accusé Waters de « déformation de la Shoah » et d’avoir « une longue expérience de l’utilisation de tropes antisémites pour dénigrer le peuple juif ».
Il doit se produire au London Palladium, une grande salle de spectacle, les 8 et 9 octobre.