Share |

Répondre au commentaire

Un premier one-man-show réussi pour Neev

Il était de passage à Québec mardi soir.

 

 

 

Par Élizabeth Lepage-Boily

 

Même si Neev roule sa bosse dans le milieu de l'humour depuis de nombreuses années déjà, ayant notamment assuré la première partie des spectacles de Louis-José Houde depuis 2018, c'est seulement en 2024 qu'il lance son premier one-man-show. L'humoriste juif-marocain était de passage dans la Capitale-Nationale mardi soir pour sa première médiatique.

Armé d'une irrésistible bonhommie, l'humoriste se présente devant nous sans fla-fla, avec spontanéité et une bonne dose d'autodérision. Il amorce son spectacle, intitulé Pas besoin d'ajouter la sauce, en parlant de nostalgie et des travers d'internet. Il s'aventure dans des propos plus scabreux en abordant sa première visite au sexshop, puis revisite des anecdotes candides de sapins de Noël de 18 pieds et d'indigestion à la tourtière.

"J'avais l'air d'un anaconda qui digère un chevreuil."

Il parle aussi de sa famille, notamment de son père, grand amateur de spéciaux, puis de parentalité et de son amour de jeunesse : le Pacini. S'il propose quelques bonnes lignes en première partie, il brille particulièrement dans les 30 dernières minutes, qui sont absolument désopilantes. L'humoriste propose d'abord un numéro sur les radios communautaires extrêmement bien maîtrisé (son imitation de Ron Fournier vaut à elle seule le détour), puis un autre sur le joual québécois. Il mentionne au passage que plutôt qu'un cours de francisation, on devrait offrir une classe d'hiver aux nouveaux arrivants, « donnée par Gilles et Marcel dans un Dooly's ».

 

 

 

Notre dialecte québécois n'aura jamais été aussi bien décortiqué et analysé. Nos « ga ben », « tan peu », « heille », « s'cusez » et autres perles de notre langage coloré passe dans le tordeur bien huilé de Neev pour en faire ressortir des rires assurés. Passé maître dans l'art du « crowd work », l'humoriste engendre les esclaffements les plus sincères lorsqu'il s'adresse directement à son public. Lorsqu'une dame pointe énergiquement son accompagnatrice après qu'il ait demandé s'il y avait des latinos dans la salle, il s'exclame : « j'aurais pas voulu être ton ami en Allemagne en 39 ». C'est ce genre de blagues téméraires, en apparence improvisées, qui font de Neev un artiste singulier.

Même si tout n'est pas parfait dans ce premier one-man-show, son humour rassembleur et débonnaire ainsi que la complicité qu'il arrive à développer (rapidement) avec son public font de lui un personnage distinctif de l'humour québécois.

 

Répondre

Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement.
CAPTCHA
Cette question permet de s'assurer que vous êtes un utilisateur humain et non un logiciel automatisé de pollupostage (spam).
Image CAPTCHA
Saisir les caractères affichés dans l'image.

Contenu Correspondant