La trahison du Canada
David Bensoussan - Analyste du Proche-Orient
Il semble bien que le souci du parti libéral canadien de conserver une majorité parlementaire en combinant ses votes à ceux du nouveau Parti démocratique lui a fait sacrifier ses valeurs fondamentales, notamment en ce qui touche à sa politique envers le Moyen-Orient. Des amendements votés dans la panique ont inclus la limitation de livraison d’armes à Israël et le renouvellement de l’aide à l’organisme d’aide aux réfugiés onusien qu’est l’UNRWA.
Les enjeux de la guerre actuelle
La situation humanitaire à Gaza est catastrophique. Pour mettre en exergue cette réalité, on cite sans arrêt les communiqués ministre de la Santé du Hamas, parti terroriste dévoué à l’élimination d’Israël, parti qui éduque les enfants pour en faire des assassins suicides. Voilà la source de crédibilité que les médias ne manquent pas de monter en épingle sans même prendre note que ces communiqués répondent à un algorithme rigoureusement linéaire et que, comme par hasard, les victimes sont majoritairement des femmes et des enfants.
Ce que les médias manquent de rappeler est que les opérations militaires israéliennes à Gaza visent à éliminer le danger des milliers de roquettes qui sont tirées sans discrimination sur les populations civiles. Les bombardements sont précédés du largage de tracts et d’annonces demandant à la population de quitter les lieux, ce sans quoi la guerre aurait été finie depuis longtemps, compte non tenu de la présence d’otages civils dans les centaines de kilomètres fortifiés du Hamas à Gaza. Rappelons que durant la Seconde Guerre mondiale, les pilotes canadiens ont bombardé les villes allemandes de nuit et sans préavis...
Quand le Canada demande un cessez-le-feu à Gaza, il s’apprête à donner une licence au Hamas de continuer ses massacres – ce qu’il promet de faire - et à interdire à Israël de se défendre. À l’heure où le Centre d’études stratégiques internationales CSIS (Center of Strategic International Studies) arrive à la conclusion que le Hezbollah dispose de 120 000 à 200 000 missiles et que l’Iran continue par tous les moyens de transférer des missiles plus précis et plus puissants au Liban, limiter l’approvisionnement d’armes à Israël équivaut tout simplement à de la complicité.
L’UNRWA sert à perpétuer le problème des réfugiés
Le Canada renouvelle son soutien à l’UNRWA. Que l’on vienne en aide aux populations civiles est louable. Or l’UNRWA n’en est pas à son premier rappel à l’ordre alors que ses écoles portent le nom d’assassins-suicide, que l’incitation à la haine est permanente en plus du fait que le sous-sol de son centre administratif soit le quartier général souterrain du Hamas.
Mais il y a plus. L’UNRWA est une organisation onusienne qui s’occupe exclusivement de réfugiés palestiniens (pas même des réfugiés juifs de la guerre de 1948) lesquels ne perdent jamais leur statut « de génération en génération », ce qui n’est pas le cas pour plus de 100 millions de réfugiés qui sont desservis par un organisme parallèle (excluant les réfugiés juifs des pays arabes). L’UNRWA ne fait que perpétuer le problème des réfugiés et les pays du Moyen-Orient qui ne manquent pas de ressources laissent les pays occidentaux se démener avec ce problème.
Mais à voir les centaines de kilomètres fortifiés construits par le Hamas et la quantité de missiles et d’armements qui y a été acheminée, il est pertinent de se demander qui profite de l’aide internationale à Gaza. L’UNRWA n’est pas le meilleur outil pour venir en aide aux conditions de vie déplorables des Palestiniens.
La dérive des manifestations
Le lendemain du 7 octobre, il a été possible de constater qu’avant même l’intervention militaire israélienne, des manifestations de soutien aux massacres du Hamas ont « spontanément » fusé au sein de manifestants sans même demander la libération des otages civils israéliens du Hamas... Les accusations de génocide qui sont une insulte à l’intelligence ignorent le fait que les Palestiniens se sont fait soigner en Israël depuis des décennies et qu’ils ont l’un des taux de natalité les plus élevés au monde, passant de 700 000 en 1948 à près de 6 millions en 2023.
Il est judicieux de se demander où étaient ceux qui dénoncent Israël considérant les pertes humaines dans les conflits qui ont fait des dizaines de millions de morts dans la planète ces dernières décennies. Aujourd’hui même, des centaines de milliers de Soudanais, d’Afghans et de Rohingyas connaissent la guerre et la famine. Et les médias ne s’en émeuvent guère. Durant des années, les médias ont accusé Israël de boycottage de la bande de Gaza, omettant de préciser que cette dernière a une frontière commune avec l’Égypte. Oubli sélectif ?
Quant aux Nations Unies, cette organisation est trop occupée à voter des résolutions sur les réfugiés palestiniens (215 à ce jour et aucune sur les réfugiés juifs des pays arabes qui sont bien plus nombreux) pour se soucier des problèmes de la planète.
De Charybde en Scylla
Pour les Sépharades du Canada qui ont tenté d’oublier les exactions et les humiliations de leur pays d’origine (statut de dhimmi) et de ne retenir que les bons souvenirs, le réveil aura été brutal. La dérive d’intolérance des manifestations qui importent des discours de haine met en danger les libertés individuelles au Canada.
La dérive anti israélienne a touché également une fibre antisémite que l’on pensait être chose du passé. La caricature de la propagande nazie reprise par Serge Chapleau a été retirée avec des excuses par le journal La Presse en soulignant que le journal n’a rien contre le peuple juif, mais seulement contre le gouvernement israélien. Cette allégation ne tient pas la route lorsque l’on connait la réalité israélienne, que l’on veut assimiler sans nuance aucune le gouvernement israélien à sa frange minoritaire d’extrême droite.
Je rentre d’un séjour à l’étranger. À la question couramment échangée sur mon pays d’origine, j’ai senti pour la première fois une gêne. Je n’étais pas fier d’être canadien.