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Lectures de Jean-Pierre Allali – L’État d’Israël et l’avenir du peuple juif, par David Ben Gourion

 

Comme on le sait, c’est David Ben Gourion, né en 1886 à Plonsk, en Pologne et mort en 1973 dans son kibboutz de Sde Boker, qui, le 14 mai 1948, à Tel Aviv, a proclamé l’indépendance de l’État d’Israël. Le « vieux lion » est, on ne le sait pas toujours, l’auteur d’un certain nombre de textes très éclairants sur la pensée sioniste de, l’un des pères fondateurs de l’État juif. Petite remarque : Pierre Lurçat écrit que le texte qu’il nous propose met la pensée sioniste, pour la première fois, à la disposition du lecteur francophone. Ce n’est pas tout à fait exact. En effet, en 1947, les Éditions de La Terre Retrouvée ont publié Le sens de la révolution juive, texte qui sera réédité en 1983 avec une préface de votre serviteur, Jean-Pierre Allali, alors directeur du magazine sioniste.

Dans ses écrits, Ben Gourion considère la renaissance d’une indépendance juive sur la terre ancestrale après des millénaires d’errance, comme un véritable miracle supérieur à celui de toutes les révolutions qui l’ont précédé. Un « phénomène unique dans l’histoire mondiale ». S’opposant quelque peu au dirigeant révisionniste Vladimir Jabotinski, il considérait la renaissance d’Israël comme une rédemption, pierre angulaire de la foi juive. Ben Gourion aura, régulièrement, maille à partir avec nombre d’intellectuels comme le professeur Yehezkel Kaufmann à qui il reproche de négliger le lien spirituel profond du peuple juif avec son antique patrie. Pour lui, ce ne sont ni Theodor Herzl, ni Moses Hess ni Baruch Spinoza qui ont inventé l’idée d’un État juif, mais les Juifs eux-mêmes qui, depuis des millénaires, prient trois fois par jour pour le retour à Jérusalem. Même attitude envers Shlomo Avineri et nombre de professeurs de l’université hébraïque qui, pour la plupart, avaient rejoint Israël, non par sionisme mais pour fuir l’Allemagne nazie. Pour eux, la souveraineté, en général, n’était pas une valeur juive. Pour Ben Gourion, trois événements déterminants ont marqué le peuple juif depuis toujours : la sortie d’Égypte, la révélation du Sinaï et la conquête d’Eretz-Israël. Il considère que « la renaissance d’Israël a ouvert un nouveau chapitre dans l’histoire du pays, mais aussi dans celle du judaïsme tout entier ». Dès lors, certains problèmes ont pu être résolus, mais d’autres sont apparus comme celui de la sécurité. Ce qui est sûr, martèle Ben Gourion, c’est qu’en tout état de cause, Israël n’a qu’un seul allié fidèle et obstiné, le peuple juif car, hélas, contrairement aux autres pays de la planète, Israël est le seul pays au monde qui ne possède aucun pays proche par la religion, la langue, l’origine ethnique ou la culture, bref, un peuple d’exception dont chaque Juif doit être fier. En conclusion : « L’État d’Israël est le fruit de la foi messianique, mais il est encore à ses débuts. Le temps n’est pas  encore venu de nous reposer et de profiter de ses accomplissements. Nous avons besoin de cette foi afin  de poursuivre notre combat ».

Des textes remarquables qui, à l’heure du pogrom du 7 Octobre 2023 et de la guerre à Gaza, sont d’une étonnante actualité car, nous dit Pierre Lurçat, ce sont les mêmes reproches que l’on fait aujourd’hui à Benyamin Netanyahou. À découvrir.

 

Jean-Pierre Allali

 

(*) Précédé de « David Ben Gourion et la vocation messianique de l’État d’Israël, Traduction, présentation et notes de Pierre Lurçat, août 2024, 102 pages.

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