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Dans l'intérêt de la Palestine

La revendication du premier ministre Netanyahu selon laquelle les Palestiniens reconnaissent Israël comme la mère patrie du peuple juif – revendication soulevée à de nombreuses reprises lors du processus de négociations – est quelquefois perçue comme un stratagème belliciste pour s'assurer que le premier tour de pourparlers n'aboutisse à rien, et également comme un triste signe du si peu de confiance en soi d'Israël qu'elle a besoin des Palestiniens – entre tous les peuples – pour dire ce qu'il en est.

 

Mais la revendication du premier ministre n'est ni l'une ni l'autre. C'est la revendication essentielle qui, une fois satisfaite, signifiera que la paix est vraiment possible. Bien sûr, Israël n'a pas besoin de la reconnaissance par la Palestine de son identité comme étant la terre patrie du peuple juif. Ceux qui l'ont rêvée, créée et construite, l'ont fait avec un but en tête – créer une mère patrie pour le peuple juif. C'est la raison d'être d'Israël – sa raison même d'exister. Ce sont plutôt les Palestiniens – pour leur propre bien et dignité – qui doivent reconnaître cela.

Le sionisme a été un mouvement politique d'autodétermination pour le peuple juif. Pour le Mouvement national Palestinien, il s'agissait de résister au sionisme et à son programme de construction d'un Etat pour le peuple juif. Dans le processus d'opposition, et compte tenu de l'échec continu de la résistance, les Palestiniens se sont raconté une histoire selon laquelle le sionisme est un mouvement colonial qui a amené des étrangers sur leur terre, étrangers qui – faisant face à une résistance ferme – sont destinés, tôt ou tard, à quitter leur terre. En faisant cela, les Palestiniens se sont peut-être raconté une histoire réconfortante d'espoir, mais une histoire qu'ils auraient mieux fait d'abandonner, s'ils veulent jamais avoir leur propre Etat.

CONSTRUIRE

L'espoir est généralement considéré comme un mot positif – mais il fait obstacle à un engagement avec la réalité, et la vie devient une attente suspendue à un futur imaginaire qui ne se matérialisera jamais, cela n'est donc ni positif ni utile. Ceux qui nourrissent cet espoir ne rendent pas service à la cause de la paix et d'un Etat palestinien.

Le sionisme, contrairement aux mouvements coloniaux, fut un mouvement de personnes qui sont rentrées chez elles. Ceci étant, il ne s'agissait pas d'exploiter les ressources (malheureusement inexistantes) d'une terre étrangère, mais d'exploiter les seules ressources que le peuple juif n'aie jamais eu – leur propres cerveaux et ingéniosité – afin d'en construire une, littéralement à partir de rien.

Construire un pays exige la mobilisation d'un peuple. Tant que les Palestiniens continueront à détourner leurs propres ressources nécessaires à la construction d'un pays pour s'opposer à Israël et espérer pour sa disparition (et oui, espérer qu'Israël deviendrait juste un pays lambda avec une minorité juive au milieu des Arabes serait espérer sa disparition), il n'y aura pas de paix et ils n'auront pas d'Etat. Et cependant, si les Palestiniens reconnaissent finalement qu'en créant l'Etat d'Israël, le peuple juif est revenu chez lui, ils indiqueront au monde, à Israël, mais surtout – à eux-mêmes, qu'ils ont choisi de laisser derrière eux le chant des sirènes appelant à la résistance au colonialisme, et sont prêts à se mettre à la tâche remarquable, difficile et immensément gratifiante qui est de construire un Etat qu'ils pourront appeler le leur.

Traduit par Delphine Colin.
Einat Wilf, députée travailliste et membre de la Commission de la défense et des affaires étrangères du Knesset (Parlement Israélien)

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