Le mont Carmel brûle en Israël, l'aide internationale arrive
Rami Amichai et Dedi Hayoun
L'aide internationale est venue vendredi au secours des pompiers israéliens en lutte contre un incendie de forêt qui a fait au moins 42 morts dans la région du mont Carmel, près de Haïfa.
Le feu, dont on ignore l'origine, faisait déjà rage depuis près de 24 heures lorsque les moyens aériens de 16 pays sont venus en aide aux soldats du feu israéliens, dont le manque de moyens est aujourd'hui dénoncé.
Avions et hélicoptères survolent la large zone de terre brûlée, de 3.000 hectares environ, et les autorités ont dû reconnaître que le sinistre, renforcé par de forts vents d'est, restait incontrôlable.
"On ne peut pas dire combien de temps la lutte contre l'incendie va encore durer", a dit Shahar Perry, porte-parole des pompiers israéliens, précisant que 20 bombardiers d'eau agissaient sur cinq fronts et que d'autres étaient en chemin.
Il s'agit du pire incendie de l'histoire du pays.
Du port de Haïfa, sur la Méditerranée, on voit des colonnes de fumée noire s'élever au-dessus du mont Carmel, d'où 17.000 personnes ont été évacuées. Les habitants de Haïfa ont été priés de fermer portes et fenêtres.
Une quarantaine de personnes sont mortes jeudi, pour la plupart des gardiens de prison dont le bus a été pris au piège des flammes. Le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a décrété une journée de deuil national.
La première victime de l'incendie a été enterrée vendredi et ses proches ne cachaient pas leur incompréhension et leur colère devant l'incapacité du pays à maîtriser un tel feu de forêt.
IMPUISSANCE
Le dénuement des soldats du feu contraste, ont-ils dit, avec les alertes fréquentes pour prévenir des tirs de roquettes et est incompréhensible au regard des sommes dépensées par le pays pour acheter des armes.
"La catastrophe d'hier est l'exemple même de l'impuissance des services d'urgence israéliens", écrit le quotidien Yedioth Ahronoth. "Qu'aurait-on fait si des dizaines, des centaines de missiles avaient mis le feu en plusieurs endroits, dont des quartiers en ville remplis de tours ?"
Tous les pompiers du pays ont été mis à contribution mais les critiques jugent qu'ils ont été trop lents.
Seize pays dont la France et la Turquie, celle-ci oubliant les tensions diplomatiques récentes, ont répondu à l'appel de Benjamin Netanyahu. ()
La présidence française, dans un communiqué, précise que dès jeudi soir 80 tonnes d'équipements de lutte anti-incendie ont été acheminées vers Haïfa. Vendredi matin, deux avions Canadair ont décollé pour Israël. Un troisième, ainsi qu'un bombardier d'eau de type Dash 8, devaient suivre dans la journée.
"Je pense que cela représente une réponse sans précédent à notre requête d'une aide internationale", a dit Netanyahu, le visage sombre, après une réunion de crise du gouvernement.
Un plan d'achat de moyens aériens pour lutter contre le feu sera soumis dans les prochaines semaines, a-t-il ajouté.
L'origine de l'incendie n'a pas été annoncée par les autorités. Des journaux évoquent la piste criminelle, l'un qualifiant ce désastre de "pire attaque terroriste" de l'histoire. Selon la piste la plus probable, l'incendie serait parti d'une décharge illégale.
Alors même qu'une bonne partie de l'Europe connaît un hiver précoce et grelotte sous la neige, Israël enregistre des températures inhabituellement élevées et a connu son mois de novembre le plus sec depuis 60 ans.
Avec Ori Lewis à Jérusalem, Clément Guillou pour le service français, édité par Gilles Trequesser