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Face à la montée islamiste, les femmes arabes craignent pour leurs droits

 

En première ligne pendant les soulèvements de l'an dernier dans le monde arabe, les femmes craignent aujourd'hui pour leurs droits avec la montée des islamistes, vainqueurs des élections en Tunisie et en Egypte et en pleine progression en Libye.

En Tunisie, le parti islamiste Ennahda a proposé d'inscrire le Code du statut personnel --qui donne aux Tunisiennes des droits inégalés dans le monde arabe et interdit notamment la polygamie-- dans une loi fondamentale afin de compliquer toute remise en cause.

Mais les récents débats à l'Assemblée constituante sur une éventuelle introduction de la charia (loi islamique) dans la Constitution inquiètent organisations féministes et partis libéraux, qui craignent un recul des droits des femmes.

En Egypte, le taux de représentation des femmes à l'Assemblée du peuple est tombé de 12 à 2%, et le quota de 64 sièges instauré sous le régime déchu est passé à la trappe.

"Les femmes font face à des risques accrus de confiscation d'une révolution qui était aussi la leur", affirme dans un rapport la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH).

Elles "sont aujourd'hui confrontées à des tentatives d'exclusion de la vie publique par certains acteurs de la transition, à des discriminations et des violences de la part de groupes extrémistes ou des forces de sécurité le plus souvent en toute impunité", ajoute-t-elle.

Des enseignantes ont été intimidées en Tunisie parce qu'elles ne portaient pas le voile. En Egypte, des manifestantes ont été soumises par les militaires à des "tests de virginité", une pratique visant à "humilier les femmes", selon Amnesty International.

"Lorsque des groupes religieux arrivent au pouvoir, les premières à être affectées sont les femmes. Leurs problèmes et leurs droits seront la première chose à être remisée" par les Parlements dominés par les islamistes, estime la militante koweïtienne des droits de l'Homme Ebtehal al-Khatib.

"Les lois conformes à la charia sont les bienvenues. Les autres non", a affirmé à l'AFP Mahmoud Ghozlan, un porte-parole des Frères musulmans égyptiens. Pour la confrérie islamiste, les femmes peuvent être députées ou ministres mais pas présidentes de la République.

En Libye, où les islamistes sont une force montante de l'après-Kadhafi, le chef du Conseil national de transition Moustapha Abdeljalil a annoncé que la charia serait la principale source de la législation.

A ce titre, "toute loi qui violerait la charia est légalement nulle et non avenue", a-t-il dit, évoquant la loi sur le divorce et le mariage.

"Il y a une certaine peur des partis islamistes", reconnaît Ahlam al-Haj, du nouveau Parti national centriste libyen.

Une première mouture de la loi électorale libyenne prévoyait de réserver 10% des sièges de l'Assemblée constituante devant être élue en juin aux femmes, mais ce quota a été abandonné.

En Egypte, ces droits pâtissent en outre d'être associés à l'ancien régime.

"L'ancien régime s'est approprié la question, notamment avec le Conseil national de la femme, associé à (l'ex-Première dame) Suzanne Moubarak. Résultat, le Conseil est attaqué, condamné, alors que les féministes égyptiennes se battent depuis des dizaines d'années" pour les droits des femmes, affirme à l'AFP l'universitaire et militante Amina ElBendary.

Mme ElBendary redoute que la loi sur le statut personnel, qui permet notamment à la femme d'obtenir le divorce si elle renonce à ses droits financiers (le "khol'a"), soit revue.

La FIDH a appelé les pays arabes à "inscrire dans leur Constitution le principe de l'égalité entre les hommes et les femmes et l'interdiction de toute forme de discrimination à l'égard des femmes".

Mais ce combat doit faire face à un obstacle majeur: la mentalité d'une bonne partie des femmes de la région elles-mêmes, pour qui donner "trop" de droits aux femmes contrevient aux préceptes religieux et aux normes sociales.

"Tout quota pour les femmes ne devrait pas dépasser les 20%. Le travail ne peut pas interférer avec la mission des femmes qui est d'abord et avant tout d'élever les enfants et de s'occuper de la maison", affirmait récemment à l'AFP à Tripoli une Libyenne participant à un atelier sur les droits des femmes.

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