Essaouira, la "bien conçue", joue la carte du haut de gamme
Essaouira a tout pour elle : son emplacement, son climat, le charme de sa vieille-ville et la gentillesse de ses habitants. Deux siècles avant notre ère, les marins phéniciens faisaient déjà escale ici. L’histoire a mêlé depuis toujours la population locale aux Romains, Juifs exilés, Portugais, Espagnols, Français mais aussi Gnaouas, esclaves d’Afrique Sub-Saharienne. Les visiteurs d’aujourd’hui sont les touristes.
Baptisée Mogadouro par les Portugais, puis Mogador (le bien gardé) par les Espagnols, elle devient Essaouira (la bien conçue) quand le sultan Ben Abdellah fait appel à un architecte français, pour dessiner les remparts et la médina.
Prisonnier du sultan, Théodore Cornut est un malouin, disciple de Vauban. Pour cette raison sans doute il s’inspire de Saint-Malo pour faire le plan d’Essaouira.
Avec ses rues perpendiculaires, la cité blottie à l’intérieur de ses fortifications ne ressemble à aucune autre du royaume malgré sa médina, ses kasbah et son quartier juif.
Décor de l’Othello d’Orson Welles, l’entrée du port tout comme celle de la kasbah donne à la ville un air de cité bretonne. Mais, à l'intérieur, les maisons blanches aux toits plats et aux huisseries bleues roi nous éloignent bien vite de la Bretagne. La ville au charme rétro nous retient, comme prisonnier, dans ses remparts.
Première et incontournable étape : la place Moulay Hassan. Proche de la mer elle est recouverte de terrasses de cafés aux stores bleus animées dès le matin (même Coca-Cola a abandonné son support rouge !). C’est le point de départ de toutes les balades vers les souks, marchés ou la médina, classée au patrimoine mondial par l’UNESCO.
Un insoluble labyrinthe
Il faut s’enfoncer dans la médina, autrement dit se perdre dans ces kilomètres de ruelles qui traversent la ville.
Au passage, on croise les souks de poissons, de graines, de brocantes, d’épices, la grande mosquée, le beffroi, les cafés maures et les inévitables marchands de contrefaçons (sacs, lunettes, polos et autres…) Interdits, ces achats sont largement déconseillés et particulièrement risqués.
Derb Laalouj et El-Attarine sont les principales artères de ce labyrinthe dont on ressort souvent avec l’aide - et le sourire bienveillant - des boutiquiers ou autochtones.
Autre balade haute en couleur, sons et odeurs : le port. Il faut s’y rendre, le matin de préférence, notamment pour assister à la criée. Sur des tables de fortune on déguste des sardines, daurades ou crustacés, selon la pêche du jour.
Du haut de la tour à signaux, on profite d’une superbe vue sur la ville et sur l’île de Mogador. Ancienne prison, elle ne se visite pas. Zone protégée, elle est aujourd’hui interdite d’accès… après avoir été interdite de sortie pendant des décennies.
Pour rafraîchir son image, on a repris l’ancien nom de Mogador pour ériger une station hôtelière haut de gamme à trois kilomètres d’Essaouira : le domaine de Mogador.
Cette station balnéaire joue la carte du haut de gamme à dominante hôtelière malgré le sévère cahier des charges limitant l’occupation des sols à 8% des 520 hectares et la hauteur des constructions, faites de bois et pierres sèches, à deux étages.
Les plus grands jardins filtrants du monde - distingués par le trophée 2010 du tourisme responsable - récupèrent et recyclent les eaux usées de domaine et d’Essaouira. La technique permet d’économiser 10 millions de mètres cube et d’arroser les golfs. Un sentier à travers les jardins et forêts donne accès à l’océan derrière la dune.
Typée « family chic » la station permet toutes les activités habituelles : randonnée, tennis, vélo, golf, ski nautique.
A terme, Mogador proposera un village d’artisans, des salles de spectacles, voire un studio d’enregistrement avec l’ambitieux projet de créer des milliers d’emplois. A suivre donc.