Rav David Menaché: Le pouvoir du chiffre 5..
Le Rav David Menaché a suivi un parcours plutôt atypique. Italien d’origine, il se rapproche de D’ieu et de la religion alors qu’il suit des études de sciences exactes. À la demande de son père, il termine sa thèse avant de partir en Israël, à la yechiva.
Conférencier polyglotte, avec de l’humour et beaucoup de démonstrations, le Rav David Menaché parcourt le pays et le monde pour livrer un message original sur les textes et la véracité de la Torah en maniant la guematria (la valeur numérique des lettres hébraïques).
Nous lui avons demandé des précisions sur ce fameux 5 et sur le mauvais œil !
Le P’tit Hebdo : Comment voyez-vous votre étude et votre enseignement ?
Rav David Menaché : Je m’attache à enseigner et à démontrer la véracité à toute épreuve de la Torah. Je prouve qu’il n’y a absolument aucune contradiction entre la Torah et les théories scientifiques.
Lph : Pourtant, certaines théories ne vont pas dans le sens de nos textes.
Rav D.M : Eh bien, dans ce cas c’est la théorie scientifique qui est à revoir. La science est empirique, c’est-à-dire que ses théories ne sont valables que jusqu’au jour où des nouvelles les remplacent. La science n’est pas figée, elle évolue, elle change en fonction des époques et des découvertes.
En revanche, la Torah, elle, est immuable.
Lph : Vos cours reposent beaucoup sur la valeur numérique des lettres hébraïques, la guematria. Qu’est-ce qu’apporte cette lecture des textes ?
Rav D.M : L’être humain est composé de trois dimensions : la pensée, la parole et l’action. L’action correspond à l’histoire et à son déroulement, aux faits qui nous sont relatés dans la Torah. La parole permet d’exprimer cette action, ce sont les écrits. Nous devons percevoir la pensée divine pour comprendre encore mieux les deux autres niveaux. Dans Sa bonté, le Créateur nous a dévoilé une façon d’atteindre Sa pensée. C’est la guematria : chaque lettre a une valeur numérique.
Lph : En quoi des chiffres révèlent-ils une pensée ?
Rav D.M : Les chiffres, tout comme la pensée, se situent dans le domaine de l’abstrait. De plus, ce que l’on trouve au niveau de la parole doit se retrouver au niveau de la pensée. Il est donc logique qu’il existe un lien entre ce qui est écrit et ces valeurs numériques. Celles-ci viennent nous apprendre des éléments qui sous-tendent chaque parole et donc chaque action.
Lph : La guematria serait-elle une »vulgarisation » de la pensée divine ?
Rav D.M : En quelque sorte. Le divin se situe sur le plan métaphysique, qui est très difficile à atteindre pour nous. La guematria place ce divin sur le plan des mathématiques et donc du physique, plan que nous atteignons et comprenons. Cela rapproche la pensée humaine de la pensée divine.
Lph : Ne peut-on pas dire que l’étude par la guematria est parfois »tirée par les cheveux » ?
Rav D.M : Dans mes cours, j’apporte de nombreux exemples. Chaque idée que j’avance est démontrée par plusieurs aspects ne laissant aucune question ou zone d’ombre. Alors on peut une fois ou deux tomber juste, on peut penser »Ils sont super chanceux ces barbus ! ». Mais quand les théorèmes sont prouvés comme je le fais dans mes conférences ou dans mes livres, cela ne relève plus de la chance.
Lph : Que pouvez-vous nous dire sur le chiffre 5 ?
Rav D.M : Il me faut une conférence de 5 heures pour vous en parler ! Plus sérieusement, il est vrai qu’il y a beaucoup à dire sur le chiffre 5. D’abord, il faut savoir que l’étude de la kabbale nous aide à comprendre beaucoup d’aspects que nous ne voyons pas dans chaque chiffre. C’est le cas, en particulier, pour le 5. La kabbale parle de 5 mondes desquels nous provenons. Plus exactement, elle en décrit quatre : le monde des idées, celui de la création, celui de la formation et celui de l’action. Le cinquième est à part, il s’agit d’un monde inabordable par l’entendement humain.
Lph : Le 5 aurait-il un »pouvoir » ?
Rav D.M : Effectivement. Quelques exemples pour vous le prouver. Notre âme est composée de 5 degrés : nefesh, roua’h, néchama, ‘haya, ye’hida. Nous salissons ces degrés à chaque faute que nous commettons. Quel est le jour où nous sommes nettoyés de nos fautes ? Yom Kippour, autrement appelé le jour des 5 prières !
Je continue ? Chaque degré d’âme capte les messages qui nous sont transmis par notre environnement. Nous les captons à travers nos sens qui sont au nombre de… 5 !
L’organe qui nous permet de passer de la parole à l’action : la main avec ses 5 doigts ! Et quelle est la Loi qui nous régit : la Torah avec ses 5 livres ! Et pourtant D’ieu n’est pas tune !
Lph : N’êtes-vous pas en train de faire tout simplement un inventaire de tout ce qui comporte le chiffre 5 ?
Rav D.M : Cela va beaucoup plus loin ! D’abord, ces éléments ne sont pas pris au hasard, ils ont un sens, une signification dans notre vie et notre but sur terre.
Par ailleurs, laissez-moi vous montrer que ces exemples se rattachent tous au schéma des 5 mondes que décrit la kabbale. Nous avons dit que le cinquième monde était à part. Regardez : la neïla, cinquième prière de Yom Kippour est à part, nous ne la faisons que ce jour ; nos sens sont tous reliés physiquement à notre tête, sauf un : nos mains ; le cinquième livre de la Torah est aussi appelé Michné Torah, c’est un résumé des quatre autres ; nous avons quatre doigts alignés et le cinquième est à part !
Lph : Alors pourquoi invoque-t-on le 5 pour se protéger du mauvais œil ?
Rav D.M : Nous le faisons à juste titre mais rares sont ceux qui savent pourquoi. Et oui, c’est pour toutes ces raisons que nous avons recours au 5 contre le mauvais œil.
Le chiffre 5, en quelque sorte, correspond à la plénitude, à la perfection. Or qu’est-ce que le »ayin hara » ? C’est une force qui veut toucher notre intégrité physique ou matérielle. Nous lui opposons donc la perfection : le 5 !
Lph : Alors il faut croire au mauvais œil ?
Rav D.M : Bien sûr ! La guemara dit que 99% des gens meurent à cause de l’ayin ara ! Il faut le prendre très au sérieux ! Nous avons tous dans le Ciel des accusateurs qui s’appuient sur nos fautes et les mettent en regard de ce que nous possédons. Personne n’est parfait. Ce mauvais œil peut avoir une emprise sur tout le monde, y compris les talmidé ‘Ha’hamim.
Lph : Alors comment s’en protéger ? Avec une main ?
Rav D.M : Il existe différentes segoulot qui peuvent aider. Mais pour moi, elles ne sont que de petits parapluies sous un orage. Pour ne pas attirer l’œil sur soi, il faut savoir rester discret, éviter d’éveiller les discussions sur son propre compte. Il est aussi important de ne pas trop parler nous-mêmes, et rajouter »Bli Ayin Ara » est conseillé. Sachons aussi nous éloigner des personnes qui ont tendance à parler de nous. Surtout, surtout, il faut s’attacher au nom de D’ieu, à l’Arbre de Vie par l’étude de la Torah. Cette étude nous protège de tout.