Frappe israélienne contre l'Iran : info ou intox ?
Par René Backmann
Selon plusieurs sources, la question ne serait plus de savoir si Netanyahou est prêt à frapper les sites nucléaires iraniens, mais quand...
Damas n'est qu'à 215 kilomètres, Homs à 350, Alep à 525. Mais ce n'est pas la guerre sanglante entre ce qu'il reste du régime de Bachar al-Assad et les combattants insurgés, de l'autre côté de la frontière, qui angoisse les Israéliens et mobilise leurs experts militaires et éditorialistes. Certes, la présence parmi les rebelles de milliers de djihadistes étrangers - liés parfois à Al-Qaida - est jugée alarmante. Les services de sécurité redoutent que ces islamistes ne soient tentés de lancer des attaques contre Israël pour entraîner le dictateur syrien dans un confit avec l'Etat juif. Et ils redoutent plus encore de les voir exploiter le chaos qui pourrait suivre la chute du régime de Damas pour transformer la Syrie en un nouveau bastion du djihad global. D'autres inquiétudes viennent du Sinaï, où des islamistes armés ont tenté de forcer dimanche soir un poste-frontière israélien.
Ces périls, cependant, paraissent secondaires à côté de la crise majeure qui pourrait, selon les médias israéliens, embraser la région dans les prochains mois. A entendre l'ancien directeur du Mossad et les deux ex-chefs des renseignements militaires qui se sont exprimés en public la semaine dernière, la question en effet ne serait plus de savoir si Benyamin Netanyahou est prêt à frapper les sites nucléaires iraniens, mais quand. Avant ou après les élections américaines de novembre ?
Sans la participation de Washington ?
Contre l'avis de son chef d'état-major, des chefs du renseignement et d'une partie du gouvernement, le Premier ministre, plombé dans les sondages par sa politique d'austérité, aurait décidé d'agir même sans la participation américaine.
Les militaires - quand ils sont favorables à une frappe - préfèrent une opération conjointe américano-israélienne pour démultiplier sa puissance, détruire durablement le potentiel nucléaire iranien et préserver l'alliance stratégique avec Washington.
Guerre psychologique ?
Reste une question : les "experts" qui ont donné l'alarme, s'ils n'ont plus accès aujourd'hui aux secrets opérationnels, sont tous des vétérans aguerris, conscients du caractère sensible de leurs "révélations". Ont-ils pris le risque de livrer au public - et à l'ennemi - un secret d'importance ?
Ou participé à une nouvelle offensive de guerre psychologique, lancée par Netanyahou pour contraindre les Occidentaux à durcir encore leurs sanctions contre Téhéran ?