Rétrospective Izza Genini
Soirée d’ouverture
Cantiques brodés – Matruz 1990
Une rencontre exceptionnelle au Centre Communautaire Galvani à Paris a réuni en 1988 deux maîtres de la musique arabo-andalouse marocaine: le rabbin Haïm Louk venu d’Israël et maître Abdesadeq Chekara venu de Tétouan. Dès les premières notes, cette rencontre inédite a montré à l’évidence comment Juifs et Musulmans marocains ont préservé avec ferveur les trésors de leur patrimoine musical commun. A l’image du matruz cet entrelacs d’une broderie qui mêle et unit deux langues: hébreu et arabe, deux pays: Israël et le Maroc, les interprètes, Juifs et Musulmans, à l’unisson de ce répertoire hérité de l’Andalousie à son Age d'Or. Et si cette coopération artistique remarquable pouvait préfigurer d’une entente élargie à la paix judéo-arabe.
Retrouver Oulad Moumen 1994
Bâti sur une vaste oliveraie au sud de Marrakech, Oulad Moumen est le village où fut fondée dans les années mille neuf cent dix, la famille Edery. La migration, par étapes marocaines d’abord, mondiales ensuite, a transplanté les membres de cette famille, les a séparés, transformés et les a assimilés à d’autres cultures. La réalisatrice Izza Génini, les a réunis à Oulad Moumen, sur les lieux de leurs origines. Au moyen d’archives personnelles et historiques, et de prises de vue directes, le film "Retrouver Ouled Moumen" retrace la saga de cette migration exemplaire, à laquelle s’identifie une multitude de familles éclatées. Un film qui reflète la diversité de la diaspora juive marocaine et son destin en dehors du Maroc.
Deuxième soirée
Nûba d’or et de lumière 2007
Ce film présente l'histoire d'un trésor musical assez méconnu du public israélien pourtant mélomane et fin connaisseur de musiques classiques et savantes. Ce trésor est le répertoire de la musique arabo-andalouse dont la nûba serait la symphonie. 
À l'image d'un arbre musical, ses branches sont nourries d'une sève qui, depuis 14 siècles, monte des confins marocains et des courants venus d’Orient, se développe dans les cours des les califes andalous, se fortifie dans l'Espagne médiévale, puis se mêle au chant des trouvères, avant d’accompagner les expulsés de la péninsule ibérique. Replanté au Maghreb, ce répertoire retrouve son plein épanouissement au Maroc sous le nom d’El Ala. Par sa forme, le film Nûba procure autant de plaisir au néophyte qu’à l’amateur éclairé de cette musique.
Troisième soirée
Vibrations en Haut Atlas
 2004
Dans la vallée d’Aït Bouguemaz dans le Haut-Atlas, la musique est l’expression naturelle et spontanée d’un univers primordial où, loin de la vie moderne, l’homme ne vit que dans la proximité du ciel et de la terre. Les duo phonies des femmes, leurs chants et leurs youyous accompagnent leurs tâches quotidiennes comme autant d’actes cérémoniaux. Après les travaux et quand vient la fin des moissons, les villageois se réunissent sur l’aire de battage pour interpréter la ronde adersi, à l’image de ronde cosmique, accompagnée du zammer, clarinette à double foyer et des bendir –tambourins-, seuls instruments survivant dans ces hautes montagnes.
Pour le plaisir des yeux 1997
Au Maroc, la beauté et la séduction relèvent de l’art. Essentiellement féminin, cet art est pratiqué au Nord par la ziyana, « l’embellisseuse », partout ailleurs on l’appelle neggafa. Autrefois désignée au sein de la famille ou du clan, la neggafa est aujourd’hui une véritable professionnelle. À travers un périple qui va du Nord au Sud marocain, Hajja Khadija et Fanida, deux expertes en la matière, nous captivent par leurs récits et nous initient aux secrets des soins et des bienfaits du ghasoul, du khol, du henné, des pétales de roses et de tant d’autres secrets…. Gardiennes d’un patrimoine, elles nous dévoilent les parures flamboyantes et des trésors accumulés de générations en générations. Eloge à la nature. Eloge à une civilisation multiséculaire.
Quatrième soirée
Rythmes de Marrakech 1988
À Marrakech, la confrérie des les tambourineurs de la deqqa dirigés par leur mythique chef Baba, les femmes percussionnistes des houara, les musiciennes des aïta et les mwazniya, violonistes-danseurs, participent tous dans la bonne humeur au rythme et à la vibration de la ville rouge. Le son des tambourins et des crotales, qerqabat, se mêle à celui du neffar, longue trompe de cuivre, pour se répandre dans les ruelles de la médina la nuit durant. Dès l’aube, les musiciens se rendent en procession dans les jardins de la Ménara pour célébrer dans la joie et la bonne humeur la fête champêtre de la nzaha.
Gnaouas 1989
L'Afrique Noire coule dans les veines de la société marocaine. Esclaves arrivés dès le XVème siècle par les routes caravanières du Soudan Occidental, les membres de la tribu des Gnaouas ont formé des confréries qui pratiquent des rituels de possession et d'exorcisme. Au cours de la lila, la nuit cérémoniale des Gnaouas, inaugurée par les battements du tbel, le gros tambour, les chants en bambara, le rythme du guembri, le crépitement des qerqabat, crotales métalliques, les mlouk, les génies bienveillants sont convoqués selon un ordre et une couleur appropriée, pour accompagner les adeptes dans la danse, jusqu’au sommet de la transe libératrice.
Louanges 1988
Entre la Volubilis l’ancienne ville romaine, et la ville de Meknès, se trouve le sanctuaire de Moulay Idriss 1er, à l’origine de la dynastie des Idrissides, fondateurs du premier royaume musulman marocain. Aujourd’hui ville sainte, Moulay Idriss est le lieu d’un des plus importants pèlerinages traditionnels au Maroc. A l’issue de la cérémonie inaugurale de « khamra », par allusion à l’ivresse mystique, la foule des confréries soufi défilent pendant huit jours au rythme lancinant des tambours et des hautbois, invitant dans la danse et dans la transe les pèlerins venus de tout le Maroc, en quête de bénédictions et de spiritualité.
Cinquième soirée
La route du cédrat, le fruit de la splendeur 1997
« Vous prendrez, le premier jour, [du septième mois (Soukkot)] le fruit des beaux arbres… et vous vous réjouirez devant Yahveh, votre Elohim, pendant sept jours » (Lévitique 23, 40). Ce fruit recommandé aux Israélites n’est autre, selon la tradition, que le cédrat, etrog, fruit symbolique de la perfection et de l’harmonie. Dans le lit de la vallée de l’Anti-Atlas marocain, il est cultivé par les berbères du Souss, selon les exigences de perfection recommandées par la Tora pour la prière de la Fête des Cabanes. Ce film part à la recherche de ce fruit sacré dont les érudits du monde entier et les paysans de la région témoignent de l’authenticité originelle, entretenue pendant des siècles. Un bel exemple d’entente et de coopération millénaire judéo-musulmane au Maroc.
Nuptiales en Moyen Atlas 2004
Au Moyen-Atlas, près de Khenifra, les tribus Zayan et Ichker se réunissent sous la direction du maalem, le maestro Moha-ou-Hoceine, pour célébrer la noce mythique d’Asli et Taslit, le Fiancé et la Fiancée, symboles des forces complémentaires du Ciel et de la Terre, porteurs d’espérances des communautés berbères de l’Atlas. Quand le vent souffle, on peut entendre leurs voix qui se répondent. Dans ces régions berbérophones, ils symbolisent l’union du ciel et de la terre. Par cette noce mystique représentée par leurs chants et leurs rondes, les fiancés appellent sur eux et sur toute la communauté les bénédictions et les pluies fertiles, garantes d’abondantes récoltes.
Moussem 1991
Fête populaire et pèlerinage religieux, autant que souk et foire commerciale, le Moussem est la manifestation la plus emblématique de la vie traditionnelle marocaine. Il n’est pas de région, de ville ou de village qui n’ait son moussem annuel. Celui de Moulay Abdallah, face à l’Océan Atlantique, au Sud d’El Jadida est le théâtre d’une des plus célèbres fantasias marocaines. Elle réunit chaque année plus d’un millier de chevaux et cavaliers. Superbement harnachés, ils déferlent par vagues successives jusqu’aux tribunes officielles en tirant à l’unisson le baroud d’honneur. Cette compétition annuelle qui juge autant l’adresse des cavaliers, le style, le costume, récompense cette année Toufik Naomi âgé de 22 ans, l’heureux élu de cette course.
Sixième soirée
Concerto pour treize voix 2004
En Juin 1995, dans la belle synagogue des Tournelles à Paris, un concert exceptionnel de Hazanout, musique paraliturgique hébraïque, réunit treize des plus grands hazanim (chantres) de Paris. Ils interprètent le répertoire de l’anthologie Shir Yedidot, établie par David Iflah et David Elqayam à Essaouira la juive. Ces piyyutim composés depuis l’âge d’or espagnol jusqu’au XXe siècle, aussi bien dans la péninsule ibérique que dans toute l’Afrique du Nord, célèbrent la gloire divine dans le cadre des veillées nocturnes des baqqashot. Ces cérémonies mystiques, liées depuis le XVIe siècle à la kabbale de Rabi Haïm Louria, marient la prosodie hébraïque avec la musique classique arabo- andalouse, tout en adaptant les textes hébreux au patrimoine musical arabe, de la manière la plus harmonieuse.
Septième soirée
Aïta 2004
Interprétée par les cheikhat, musiciennes itinérantes, la aïta est le cri du cœur qui devient chant, un chant qui devient appel, un appel à la mémoire. Ce cri est aussi appel à témoin de la douleur, de la solitude et au dépassement de soi. La aïta est aussi un cri d’amour et d’espérance. Au Moussem de Moulay Abdallah, au sud de Casablanca, la diva marocaine Fatna Bent El Hocine et sa troupe Oulad Ben Aguida réjouissent les milliers de cavaliers présents et les fervents amateurs de ce genre musical féminin, aujourd’hui enfin reconnu comme un art à part entière.
Tambours battant 1999
« Les tambours emplissaient l’espace. Il y en avait des ronds, des plats, des ventrus... Il y en avait de minuscules et d'énormes comme ceux des musiciens qui venaient virevolter sous nos fenêtres à Casablanca... » La réalisatrice Izza Genini se souvient de son enfance à Casablanca, bercée entre le rock américain, la chanson française et les prouesses des bambara sous sa fenêtre. A travers ce film elle s’interroge sur la place mystérieuse que tient la musique dans sa relation à l’être, à son monde d'origine mais aussi et surtout à lui-même.
Huitième soirée
Chants pour un shabbat 2004
Réunis à Paris, autour du rabbin Haïm Louk, les cantors Malkiel Benamara, Albert Bouhadana, Gad Benchabat, Elie Tordjman et Salomon Nahmias, tous originaires du Maroc, entonnent des chants sacrés du Shabbat et ceux des baqqashot. Ces « Gardiens de l’Aube » interprètent sur le mode andalou, des poèmes réunissant des groupes d’adeptes fidèles à la tradition des chantres du roi David, et fidèles aussi au grand poète, musicien et interprète Rabi David Bouzaglo de Casablanca. C’est grâce au professeur Haïm Zafrani qui a enregistré ses performances musicales, qu’une génération de jeunes paytanim continue aujourd’hui d’assurer la pérennité de cet art musical et textuel.
Des luths et délices 2004
C’est à Tétouan surnommée « La fille de Grenade » que le légendaire maître de musique classique traditionnelle andalouse Abdesadeq Chekara et son orchestre interprètent le répertoire classique arabo-andalou des nûba, suites musicales aux accents de flamenco, héritées l'Andalousie toute proche.
Malhoun 1989
Le malhoun est un répertoire de poésie chantée en arabe dialectal. A Meknès, Hajj Houceine Toulali, maître incontesté de ce genre musical qui puise ses airs dans la tradition de la quacida, le récit, en nous révélant les subtilités de cette langue savoureuse et millénaire. Réunis dans les traditionnels salons de musique, les amateurs éclairés et de simples artisans composent spontanément des poèmes, retranscrits sur des cahiers par le scribe désigné à cet effet. Interprété sur un rythme cadencé emprunté au mode arabo-andalou, le malhoun séduit de larges couches de la société, autant savantes que populaires.
Neuvième soirée
Transes 1981
Dés les années 70, le Maroc a connu, grâce à cinq musiciens formés à l’école de la rue et décidés à rompre avec les langueurs orientales envahissantes, une explosion musicale qui devait être pour les jeunes le cri de leurs désirs, de leurs frustrations et de leur révolte. Dans Transes (Al Hal), Ahmed el Maanouni retrace l’itinéraire géographique et culturel du célèbre groupe, aujourd’hui mythique: Nass El Ghiwan. A travers leurs chansons, le film aborde les thèmes sociaux traditionnels, mais aussi les grandes questions contemporaines (le temps, l’histoire, le rire, l’espoir). La transe et l’extase, expression populaire rituelle et sacrée chez les Gnaouas d’Essaouira, se transforme en un délire laïque et moderne comme on le verra dans les concerts publics filmés à Carthage, Agadir et Paris.
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Rétrospective Izza Genini
Soirée d’ouverture
Cantiques brodés – Matruz 1990
Une rencontre exceptionnelle au Centre Communautaire Galvani à Paris a réuni en 1988 deux maîtres de la musique arabo-andalouse marocaine: le rabbin Haïm Louk venu d’Israël et maître Abdesadeq Chekara venu de Tétouan. Dès les premières notes, cette rencontre inédite a montré à l’évidence comment Juifs et Musulmans marocains ont préservé avec ferveur les trésors de leur patrimoine musical commun. A l’image du matruz cet entrelacs d’une broderie qui mêle et unit deux langues: hébreu et arabe, deux pays: Israël et le Maroc, les interprètes, Juifs et Musulmans, à l’unisson de ce répertoire hérité de l’Andalousie à son Age d'Or. Et si cette coopération artistique remarquable pouvait préfigurer d’une entente élargie à la paix judéo-arabe.
Retrouver Oulad Moumen 1994
Bâti sur une vaste oliveraie au sud de Marrakech, Oulad Moumen est le village où fut fondée dans les années mille neuf cent dix, la famille Edery. La migration, par étapes marocaines d’abord, mondiales ensuite, a transplanté les membres de cette famille, les a séparés, transformés et les a assimilés à d’autres cultures. La réalisatrice Izza Génini, les a réunis à Oulad Moumen, sur les lieux de leurs origines. Au moyen d’archives personnelles et historiques, et de prises de vue directes, le film "Retrouver Ouled Moumen" retrace la saga de cette migration exemplaire, à laquelle s’identifie une multitude de familles éclatées. Un film qui reflète la diversité de la diaspora juive marocaine et son destin en dehors du Maroc.
Deuxième soirée
Nûba d’or et de lumière 2007
Ce film présente l'histoire d'un trésor musical assez méconnu du public israélien pourtant mélomane et fin connaisseur de musiques classiques et savantes. Ce trésor est le répertoire de la musique arabo-andalouse dont la nûba serait la symphonie. 
À l'image d'un arbre musical, ses branches sont nourries d'une sève qui, depuis 14 siècles, monte des confins marocains et des courants venus d’Orient, se développe dans les cours des les califes andalous, se fortifie dans l'Espagne médiévale, puis se mêle au chant des trouvères, avant d’accompagner les expulsés de la péninsule ibérique. Replanté au Maghreb, ce répertoire retrouve son plein épanouissement au Maroc sous le nom d’El Ala. Par sa forme, le film Nûba procure autant de plaisir au néophyte qu’à l’amateur éclairé de cette musique.
Troisième soirée
Vibrations en Haut Atlas
 2004
Dans la vallée d’Aït Bouguemaz dans le Haut-Atlas, la musique est l’expression naturelle et spontanée d’un univers primordial où, loin de la vie moderne, l’homme ne vit que dans la proximité du ciel et de la terre. Les duo phonies des femmes, leurs chants et leurs youyous accompagnent leurs tâches quotidiennes comme autant d’actes cérémoniaux. Après les travaux et quand vient la fin des moissons, les villageois se réunissent sur l’aire de battage pour interpréter la ronde adersi, à l’image de ronde cosmique, accompagnée du zammer, clarinette à double foyer et des bendir –tambourins-, seuls instruments survivant dans ces hautes montagnes.
Pour le plaisir des yeux 1997
Au Maroc, la beauté et la séduction relèvent de l’art. Essentiellement féminin, cet art est pratiqué au Nord par la ziyana, « l’embellisseuse », partout ailleurs on l’appelle neggafa. Autrefois désignée au sein de la famille ou du clan, la neggafa est aujourd’hui une véritable professionnelle. À travers un périple qui va du Nord au Sud marocain, Hajja Khadija et Fanida, deux expertes en la matière, nous captivent par leurs récits et nous initient aux secrets des soins et des bienfaits du ghasoul, du khol, du henné, des pétales de roses et de tant d’autres secrets…. Gardiennes d’un patrimoine, elles nous dévoilent les parures flamboyantes et des trésors accumulés de générations en générations. Eloge à la nature. Eloge à une civilisation multiséculaire.
Quatrième soirée
Rythmes de Marrakech 1988
À Marrakech, la confrérie des les tambourineurs de la deqqa dirigés par leur mythique chef Baba, les femmes percussionnistes des houara, les musiciennes des aïta et les mwazniya, violonistes-danseurs, participent tous dans la bonne humeur au rythme et à la vibration de la ville rouge. Le son des tambourins et des crotales, qerqabat, se mêle à celui du neffar, longue trompe de cuivre, pour se répandre dans les ruelles de la médina la nuit durant. Dès l’aube, les musiciens se rendent en procession dans les jardins de la Ménara pour célébrer dans la joie et la bonne humeur la fête champêtre de la nzaha.
Gnaouas 1989
L'Afrique Noire coule dans les veines de la société marocaine. Esclaves arrivés dès le XVème siècle par les routes caravanières du Soudan Occidental, les membres de la tribu des Gnaouas ont formé des confréries qui pratiquent des rituels de possession et d'exorcisme. Au cours de la lila, la nuit cérémoniale des Gnaouas, inaugurée par les battements du tbel, le gros tambour, les chants en bambara, le rythme du guembri, le crépitement des qerqabat, crotales métalliques, les mlouk, les génies bienveillants sont convoqués selon un ordre et une couleur appropriée, pour accompagner les adeptes dans la danse, jusqu’au sommet de la transe libératrice.
Louanges 1988
Entre la Volubilis l’ancienne ville romaine, et la ville de Meknès, se trouve le sanctuaire de Moulay Idriss 1er, à l’origine de la dynastie des Idrissides, fondateurs du premier royaume musulman marocain. Aujourd’hui ville sainte, Moulay Idriss est le lieu d’un des plus importants pèlerinages traditionnels au Maroc. A l’issue de la cérémonie inaugurale de « khamra », par allusion à l’ivresse mystique, la foule des confréries soufi défilent pendant huit jours au rythme lancinant des tambours et des hautbois, invitant dans la danse et dans la transe les pèlerins venus de tout le Maroc, en quête de bénédictions et de spiritualité.
Cinquième soirée
La route du cédrat, le fruit de la splendeur 1997
« Vous prendrez, le premier jour, [du septième mois (Soukkot)] le fruit des beaux arbres… et vous vous réjouirez devant Yahveh, votre Elohim, pendant sept jours » (Lévitique 23, 40). Ce fruit recommandé aux Israélites n’est autre, selon la tradition, que le cédrat, etrog, fruit symbolique de la perfection et de l’harmonie. Dans le lit de la vallée de l’Anti-Atlas marocain, il est cultivé par les berbères du Souss, selon les exigences de perfection recommandées par la Tora pour la prière de la Fête des Cabanes.
Ce film part à la recherche de ce fruit sacré dont les érudits du monde entier et les paysans de la région témoignent de l’authenticité originelle, entretenue pendant des siècles. Un bel exemple d’entente et de coopération millénaire judéo-musulmane au Maroc.
Nuptiales en Moyen Atlas 2004
Au Moyen-Atlas, près de Khenifra, les tribus Zayan et Ichker se réunissent sous la direction du maalem, le maestro Moha-ou-Hoceine, pour célébrer la noce mythique d’Asli et Taslit, le Fiancé et la Fiancée, symboles des forces complémentaires du Ciel et de la Terre, porteurs d’espérances des communautés berbères de l’Atlas. Quand le vent souffle, on peut entendre leurs voix qui se répondent. Dans ces régions berbérophones, ils symbolisent l’union du ciel et de la terre. Par cette noce mystique représentée par leurs chants et leurs rondes, les fiancés appellent sur eux et sur toute la communauté les bénédictions et les pluies fertiles, garantes d’abondantes récoltes.
Moussem 1991
Fête populaire et pèlerinage religieux, autant que souk et foire commerciale, le Moussem est la manifestation la plus emblématique de la vie traditionnelle marocaine. Il n’est pas de région, de ville ou de village qui n’ait son moussem annuel. Celui de Moulay Abdallah, face à l’Océan Atlantique, au Sud d’El Jadida est le théâtre d’une des plus célèbres fantasias marocaines. Elle réunit chaque année plus d’un millier de chevaux et cavaliers. Superbement harnachés, ils déferlent par vagues successives jusqu’aux tribunes officielles en tirant à l’unisson le baroud d’honneur. Cette compétition annuelle qui juge autant l’adresse des cavaliers, le style, le costume, récompense cette année Toufik Naomi âgé de 22 ans, l’heureux élu de cette course.
Sixième soirée
Concerto pour treize voix 2004
En Juin 1995, dans la belle synagogue des Tournelles à Paris, un concert exceptionnel de Hazanout, musique paraliturgique hébraïque, réunit treize des plus grands hazanim (chantres) de Paris. Ils interprètent le répertoire de l’anthologie Shir Yedidot, établie par David Iflah et David Elqayam à Essaouira la juive. Ces piyyutim composés depuis l’âge d’or espagnol jusqu’au XXe siècle, aussi bien dans la péninsule ibérique que dans toute l’Afrique du Nord, célèbrent la gloire divine dans le cadre des veillées nocturnes des baqqashot. Ces cérémonies mystiques, liées depuis le XVIe siècle à la kabbale de Rabi Haïm Louria, marient la prosodie hébraïque avec la musique classique arabo- andalouse, tout en adaptant les textes hébreux au patrimoine musical arabe, de la manière la plus harmonieuse.
Septième soirée
Aïta 2004
Interprétée par les cheikhat, musiciennes itinérantes, la aïta est le cri du cœur qui devient chant, un chant qui devient appel, un appel à la mémoire. Ce cri est aussi appel à témoin de la douleur, de la solitude et au dépassement de soi. La aïta est aussi un cri d’amour et d’espérance. Au Moussem de Moulay Abdallah, au sud de Casablanca, la diva marocaine Fatna Bent El Hocine et sa troupe Oulad Ben Aguida réjouissent les milliers de cavaliers présents et les fervents amateurs de ce genre musical féminin, aujourd’hui enfin reconnu comme un art à part entière.
Tambours battant 1999
« Les tambours emplissaient l’espace. Il y en avait des ronds, des plats, des ventrus... Il y en avait de minuscules et d'énormes comme ceux des musiciens qui venaient virevolter sous nos fenêtres à Casablanca... » La réalisatrice Izza Genini se souvient de son enfance à Casablanca, bercée entre le rock américain, la chanson française et les prouesses des bambara sous sa fenêtre. A travers ce film elle s’interroge sur la place mystérieuse que tient la musique dans sa relation à l’être, à son monde d'origine mais aussi et surtout à lui-même.
Huitième soirée
Chants pour un shabbat 2004
Réunis à Paris, autour du rabbin Haïm Louk, les cantors Malkiel Benamara, Albert Bouhadana, Gad Benchabat, Elie Tordjman et Salomon Nahmias, tous originaires du Maroc, entonnent des chants sacrés du Shabbat et ceux des baqqashot. Ces « Gardiens de l’Aube » interprètent sur le mode andalou, des poèmes réunissant des groupes d’adeptes fidèles à la tradition des chantres du roi David, et fidèles aussi au grand poète, musicien et interprète Rabi David Bouzaglo de Casablanca. C’est grâce au professeur Haïm Zafrani qui a enregistré ses performances musicales, qu’une génération de jeunes paytanim continue aujourd’hui d’assurer la pérennité de cet art musical et textuel.
Des luths et délices 2004
C’est à Tétouan surnommée « La fille de Grenade » que le légendaire maître de musique classique traditionnelle andalouse Abdesadeq Chekara et son orchestre interprètent le répertoire classique arabo-andalou des nûba, suites musicales aux accents de flamenco, héritées l'Andalousie toute proche.
Malhoun 1989
Le malhoun est un répertoire de poésie chantée en arabe dialectal. A Meknès, Hajj Houceine Toulali, maître incontesté de ce genre musical qui puise ses airs dans la tradition de la quacida, le récit, en nous révélant les subtilités de cette langue savoureuse et millénaire. Réunis dans les traditionnels salons de musique, les amateurs éclairés et de simples artisans composent spontanément des poèmes, retranscrits sur des cahiers par le scribe désigné à cet effet. Interprété sur un rythme cadencé emprunté au mode arabo-andalou, le malhoun séduit de larges couches de la société, autant savantes que populaires.
Neuvième soirée
Transes 1981
Dés les années 70, le Maroc a connu, grâce à cinq musiciens formés à l’école de la rue et décidés à rompre avec les langueurs orientales envahissantes, une explosion musicale qui devait être pour les jeunes le cri de leurs désirs, de leurs frustrations et de leur révolte. Dans Transes (Al Hal), Ahmed el Maanouni retrace l’itinéraire géographique et culturel du célèbre groupe, aujourd’hui mythique: Nass El Ghiwan. A travers leurs chansons, le film aborde les thèmes sociaux traditionnels, mais aussi les grandes questions contemporaines (le temps, l’histoire, le rire, l’espoir). La transe et l’extase, expression populaire rituelle et sacrée chez les Gnaouas d’Essaouira, se transforme en un délire laïque et moderne comme on le verra dans les concerts publics filmés à Carthage, Agadir et Paris.