Mariage gay : Juifs, Chrétiens et Musulmans s'en mêlent
par Itaï Smadja
Les homosexuels français pourront se marier, adopter mais n'auront pas accès à la procréation médicalement assistée, aux termes d'un projet de loi qui sera présenté en octobre en conseil des ministres, a annoncé la ministre de la Justice, Christiane Taubira. Les représentants des cultes juif, chrétien et musulman ont rapidement exprimé leur opposition.
« Nous sommes bien conscients de toutes les dimensions philosophiques et anthropologiques entourant le mariage, mais nous estimons qu'elles ne peuvent venir percuter l'exigence d'égalité », dit la ministre dans une interview au quotidien catholique La Croix daté de mardi 11 septembre.
Christiane Taubira confirme que ce projet « va étendre aux personnes de même sexe les dispositions actuelles du mariage, de la filiation et de la parenté ».
« Nous ouvrirons donc l'adoption aux couples homosexuels et ce, dans un cadre identique à celui actuellement en vigueur », ajoute-t-elle.
Les réactions, à droite comme à gauche, à ce projet de loi n’ont pas tardé. Mais au-delà des critiques et soutiens inhérents à chaque initiative gouvernementale, celle-ci a également fait également réagir les responsables religieux français.
Ainsi, l'évêque de Fréjus-Toulon, Mgr Dominique Rey, a demandé à ce qu’un referendum soit organisé sur la question, tandis que le cardinal Philippe Barbarin est allé encore plus loin en estimant qu’après cette loi, les homosexuels « vont vouloir faire des couples à trois ou à quatre. Après, un jour peut-être, l'interdiction de l'inceste tombera»
«Un mariage, c'est un mot qui veut dire rempart, pour permettre au lieu le plus fragile de la société, c'est-à-dire une femme qui donne la vie à un enfant, que toutes les conditions soient établies pour que ça se passe dans les meilleures possibilités», a ajouté l’homme qui avait contesté en juillet dernier la légitimité d’un parlement élu par le peuple face à l’autorité divine.
Côté musulman, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, reçu par la ministre de la Justice, a rappelé que « l’islam n’autorise pas le mariage entre deux personnes de même sexe ». Selon la religion musulmane, le mariage est « un pacte fondé sur le consentement mutuel en vue d'établir une union légale et durable, entre un homme et une femme, et ayant pour but de fonder une famille stable ».
Au sein de la communauté juive enfin, le président du Consistoire Joël Mergui a fait entendre sa voix juste avant Rosh Hashana, le nouvel an juif. « La religion juive ne reconnaît évidemment pas le mariage homosexuel. Mais, au-delà de l’interdit religieux, je m’interroge sur le sens d’une société qui accorderait la même normalité à des familles où l’enfant aurait deux pères ou deux mères au lieu d’un père et d’une mère, le modèle traditionnel », a-t-il dit.
« Le ‘mariage homosexuel’ changerait le modèle naturel de la famille; c’est une lourde responsabilité ». « C’est pourquoi il ne faut pas se focaliser sur la religion comme un obstacle, mais voir tout ce que cette question remet en cause dans nos repères, nos rapports à la parenté, à la famille, nos modes d’organisation sociale, avant de se prononcer ».
Une prise de position qui n’est pas du goût du Beit Haverim, l’association juive gay française. Egalement reçue par Mme Taubira, l’organisation rappelle que de nombreux homosexuels sont très attachés à leur identité et foi juive. Le Beit Haverim se prononce donc en faveur de la loi sur le mariage et l’adoption pour les couples de même sexe afin de permettre à ces Juifs de se marier et de fonder des familles.
« Toutes les études menées montrent qu'il y a un fort désir de transmission chez les juifs homosexuels, comme dans l’ensemble de la communauté juive de France », explique le porte-parole de l’association dans un communiqué envoyé à la rédaction de Guysen.
« Aujourd'hui, cette transmission passe aussi par le mariage et les enfants. Par ailleurs, les scientifiques ont désormais démontré que les enfants nés et/ou élevés dans des familles homoparentales ne sont ni plus ni moins équilibrés que les autres enfants. »
Le texte conclut en regrettant « l’interrogation » de Joël Mergui quant au « sens d’une société qui accorderait la même normalité à des familles où l’enfant aurait deux pères ou deux mères ».
« Cette ‘‘interrogation’’ n’est évidemment pas représentative de la grande diversité d’opinions au sein des institutions juives de France, qu’elles soient religieuses ou laïques comme le Beit Haverim », peut-on lire à la fin du communiqué.
Selon plusieurs sondages, les Français sont très largement favorables au mariage gay et à l'adoption par des couples de même sexe.
http://www.guysen.com/article_Mariage-gay-Juifs-Chretiens-et-Musulmans-s-en-melent_18394.html