Inquiétude chez les juifs de Sarcelles après l'attaque d'une épicerie casher
Dans le quartier juif de Sarcelles (Val-d'Oise), l'attaque d'une épicerie casher à l'explosif mercredi a suscité l'inquiétude, même si certains relativisaient, faisant cependant tous le lien avec la colère des musulmans après le film et les caricatures ridiculisant Mahomet.
"A mon avis, c'est suite à ce qui s'est passé avec l'histoire de Mahomet. C'est des petits jeunes qui ont fait ça, qui discutaient, qui se sont dit: +Ils nous ont fait ça, nous on va faire ça.+ C'est bête, c'est idiot, c'est un acte non réfléchi", a déclaré à l'AFP Raphaël, propriétaire d'une boucherie casher située près de l'épicerie visée.
Toutefois, pour lui, ça ne représente "pas tous les musulmans".
Dans cette ville surnommée "la petite Jérusalem" en raison de son importante communauté juive, l'attaque de l'épicerie ne semble pas fortuite. "Il y a une violence qui est là, cachée, qui peut exploser à tout moment. Les jeunes du quartier vivent avec ça, ils l'expriment aujourd'hui. C'est très facile, on est des cibles visibles", s'est indigné Gérard Bouzag, 50 ans, commerçant qui s'approvisionne dans l'épicerie attaquée.
"On est inquiets surtout à l'approche des fêtes (juives, ndlr). C'est le jour du Grand Pardon mercredi prochain, on ne sait pas ce qui peut se passer", s'est inquiété Hubert Ayat, un retraité installé dans le quartier depuis 1945.
"Certains justifient cette violence. Ils lui trouvent une excuse dans ce qui se passe dans le monde et, vite, on devient des boucs émissaires", a-t-il dénoncé.
"On ressent de l'inquiétude et de l'incompréhension, mais, bon, on ne va pas s'arrêter de vivre non plus!" a lancé Olivier, père de trois enfants.
"Cette épicerie, j'y allais avec mes enfants, ça fait très peur!" a ajouté sa femme Jessica. "En général, ce qui se passe au Proche-Orient a toujours de petites retombées ici", a relativisé Olivier.
"On voit les caricatures, tout ce qui se passe, on se dit que c'est une petite vengeance, c'est choquant. Ici, c'est un endroit où on vit tous ensemble, arabes, juifs, africains, il n'y a pas d'histoires", a estimé Jordan Hadida, 21 ans, employé d'un pizzeria qui vit depuis tout petit à Sarcelles. "C'est attiser la haine pour rien!", a-t-il regretté.