Le blues du Hamas (info # 011711/12) [Exclusivité]
© Metula News Agency
Sami El Soudi et Ilan Tsadik ont passé le plus clair de cette après-midi de samedi avec les forces qui se préparent à une possible intervention terrestre à Gaza.
Ils rapportent que le moral et la motivation des soldats sont élevés et qu’ils comprennent la nécessité de libérer la moitié sud de leur pays des bombardements opérés par les terroristes islamistes.
Scrutant le territoire de la Bande côtière à partir de collines avoisinantes, nos deux reporters affirment discerner un exode massif des populations civiles demeurant à proximité de la frontière avec Israël.
Selon nos camarades, il s’agirait de milliers de familles, qui, dans un mouvement de panique, migrent en direction des villages situés dans le sud de l’enclave palestinienne. D’autres familles trouvent refuge dans les écoles et institutions internationales qui ont ouvert leurs portes et leurs abris à leur intention.
Les milices intégristes ont continué, tout au long de la journée, à lancer des projectiles sur des agglomérations de l’Etat hébreu.
A 16h35 ils sont parvenus à tirer une fusée de moyenne portée, de type Fajr 5, en direction de Tel-Aviv. Celle-ci a été interceptée en vol par la nouvelle batterie, la cinquième, du Dôme de fer, déployée vendredi soir dans la région du Goush Dan (la région de Tel-Aviv qui compte 4,5 millions d’habitants).
Nombreuses sont les personnes ayant assisté à cette interception. Nous sommes en présence d’une révélation, puisque le Dôme de fer n’était, en principe, pas destiné à détruire les roquettes de moyenne portée (50 à 100 km). Ces projectiles évoluent à des hauteurs et des vitesses plus élevées que celles des Grad-Katioushas, qui ont, eux, une portée maximale de 45 km. [visionner la vidéo de l’interception du Fajr sur Tel-Aviv]
D’après les informations en notre possession c’est le système appelé "Fronde de David" qui est censé protéger la zone médiane du ciel. D’après les informations diffusées par le ministère israélien de la Défense, la Fronde de David ne devrait entrer en service opérationnel qu’en 2014.
L’un des responsables du développement du Dôme de fer, contacté par notre rédaction pour commenter l’interception du Fajr sur Tel-Aviv, a affirmé qu’il s’agit d’une réussite technologique de tout premier plan. Il a ajouté que c’était la première fois dans l’histoire militaire qu’on parvenait à détruire en vol une fusée de cette capacité. Notre interlocuteur a terminé la conversation en ponctuant, avec humour : "Nous sommes un peuple de génies".
Les succès du Dôme de fer ont par ailleurs un impact prépondérant sur le conflit en cours. Jusqu’à l’heure de diffuser cet article, ils ont intercepté 267 projectiles qui se dirigeaient vers des quartiers habités.
Il y a une heure environ, le Dôme de fer d’Ashdod a intercepté toutes les roquettes d’une salve à têtes multiples tirée à partir de Gaza.
Simultanément, une autre batterie a détruit en vol trois des quatre projectiles qui se dirigeaient sur le centre de Beer-Sheva. Le système de défense, ayant identifié que la quatrième roquette s’orientait vers un terrain vague, ne l’a pas prise en chasse.
Le taux de réussite du Dôme dépasse les 90%, ce qui, selon tous les critères militaires, représente un succès considérable.
Sami El Soudi nous rapporte que la direction du Hamas se trouve dans un état de démoralisation avancé. Non seulement elle est amenée à constater les amples destructions occasionnées par les 750 frappes de la marine et de l’aviation israéliennes, mais encore, elle peine à susciter les sentiments de victimisation qu’elle avait été capable de provoquer en 2008-2009.
Cette fois-ci, en dépit des 750 opérations de Tsahal, on ne dénombre, de l’aveu même des chefs islamistes, "que" 30 morts.
Afin de provoquer l’empathie, le chef du Califat, Ismail Hanya, aidé en cela par le Premier ministre égyptien en visite, Hisham Kandil, a été contraint, hier, de poser pour les photographes devant la dépouille d’un bébé mort.
La réaction de plusieurs journalistes couvrant les combats est également bien plus équilibrée que les récits de la presse en 2008-2009. Ainsi, la correspondante de CNN à Gaza ne manque pas de préciser, après chaque attaque des Hébreux, que ceux-ci interviennent en représailles de récents tirs de roquettes.
On apprend aussi que les chefs du Califat interdisent, ce samedi, à une trentaine de journalistes étrangers qui le désirent, de quitter le territoire de la Bande. Selon l’un d’eux, qui s’est confié par téléphone à Ilan Tsadik, on serait en présence d’une tentative de les utiliser comme boucliers humains.
A l’aspect émotionnel de la déprime des chefs du Hamas s’ajoute un élément tactique notable : les milices islamistes de Gaza ne sont pas en mesure de réclamer, ou même de proposer un cessez-le-feu, n’ayant enregistré aucun succès militaire à l’issue des quatre jours de confrontation. Car elles se montrent incapables de justifier les tirs de roquettes sur l’Etat hébreu ayant engendré l’embrasement que nous connaissons.
Le Hamas remplace ces succès inexistants par la diffusion d’informations fantaisistes, tels que le soi-disant bombardement de Tel-Aviv et Jérusalem, ainsi que le fait controuvé qu’il serait parvenu à abattre un avion de la He’l Avir.
En vérité, le bilan de la confrontation est absolument négatif pour la milice intégriste qui l’a provoquée.
Même si quelques projectiles ont pu atteindre le périmètre de Tel-Aviv et de Jérusalem, ils l’ont fait de manière fort imprécise et sans parvenir à créer le moindre danger ou le moindre mouvement de panique.
Au Liban et en Iran, alors que le Hezbollah dispose globalement des mêmes armes que celles du Hamas, on doit certainement aboutir à des conclusions désagréables. Il apparaît aux ayatollahs et à leurs supplétifs du Hezb que le nombre de projectiles ne suffit pas à s’assurer la capacité de frapper Israël. Ce, notamment à cause de l’introduction décisive des missiles anti-missiles par Tsahal.
Comprenant la situation quasi-désespérée dans laquelle se morfond le Hamas, au Caire, l’Egypte, la Turquie, par le Premier ministre Erdogan en personne, et le Qatar ont entrepris des consultations visant à envisager les voies qui permettraient d’obtenir un cessez-le-feu avant l’intervention terrestre imminente d’Israël.
Washington, selon certaines fuites, soutiendrait cet effort, tout en menaçant Erdogan et Morsi de ne pas s’opposer à une offensive des Hébreux au cas où le Hamas ne cesserait pas totalement ses tirs.
Côté israélien, le premier ministre Netanyahu a multiplié, cette après-midi, des contacts avec d’autres chefs d’Etat, tentant de s’assurer de leur soutien en cas d’une offensive terrestre.
Cette dernière va sans doute se décider jusqu’à demain (dimanche) matin. En cas de cessation des tirs en provenance de Gaza, des négociations en vue de mettre fin au présent cycle de violence pourraient s’ouvrir. Dans le cas contraire, il faut s’attendre au début de l’attaque terrestre.
A ce propos, le ministre israélien des affaires étrangères, Avigdor Lieberman, a déclaré : "Cette fois-ci, il faut aller jusqu’au bout".
A la Ména, nous observons le chiffre inhabituel des réservistes mobilisés : 75 000. Et nous comparons ce chiffre aux 10 000 réservistes mobilisés en décembre 2008 (Plomb durci) et aux 60 000 appelés sous les drapeaux à l’occasion de la Deuxième Guerre de Liban, en 2006.
Cette mobilisation importante indique que Jérusalem envisage de réoccuper totalement la Bande de Gaza, même si ce pourrait être pour un laps de temps très limité.
Nos équipes sur le terrain et dans nos rédactions poursuivent leur travail et interviendront dès qu’un événement majeur se produira.