Naftali Bennett, étoile montante de la droite religieuse israélienne
L'ancien chef de cabinet de Netanyahu joue sur son image d'ex-officier commando pour attirer le jeune électorat.
Le sourire aux lèvres, la voix autoritaire, un regard direct: le charisme de Naftali Bennett, l'ancien chef de cabinet de Benjamin Netanyahu, fait son effet sur l'électorat de droite israélien.
Un mois après sa victoire aux primaires du Foyer Juif (nationaliste religieux), son parti qui n'a aujourd'hui que trois sièges à la Knesset (Parlement), est crédité selon les sondages de 11 à 13 députés à l'issue des législatives du 22 janvier.
La dernière étude en date, publiée mardi par le quotidien Haaretz, annonce 13 sièges pour la formation qui continue de grignoter des voix au Likoud du Premier ministre israélien, grand favori des législatives.
Fils d'immigrants américains, Naftali Bennett, 40 ans, a réussi à redonner vie à un parti qui a connu son heure de gloire dans les années 60, et membre de toutes les coalitions gouvernementales de 1948 à 1992.
Représentant la mouvance religieuse au sein d'un mouvement sioniste à l'origine majoritairement laïque, le Foyer Juif a viré à droite dans les années 70 avant de perdre une partie de son électorat au profit d'autres partis, passant de 12 sièges à 3 en 2009, le pire score de son histoire.
Naftali Bennett, ancien entrepreneur high tech, qui a revendu sa start-up en 2005 pour 145 millions de dollars, joue beaucoup sur son image d'ex-officier commando de l'armée israélienne, un profil lui assurant le soutien d'une partie de la jeunesse.
Il aussi élargi l'audience-cible du parti, en s'entourant de nouvelles têtes. Sur sa liste figurent en bonne place des personnalités pouvant lui apporter des voix de secteurs d'opinion boudant habituellement le Foyer Juif: le rabbin Elihaou Bendahan, d'origine séfarade (juive orientale), une nouveauté au sein d'un parti considéré comme proche de la population ashkénaze; Ayelet Shaked, une jeune femme laïque de Tel-Aviv avec qui il a travaillé au sein du cabinet de Benjamin Netanyahu; ou encore Avi Wartzman, maire adjoint de Beersheva, connu pour son engagement dans le domaine social.
Parallèlement, Naftali Bennett, ancien directeur du Conseil de Yesha, l'organisme qui représente les colons de Cisjordanie, a aussi tenté de rassurer les éléments les plus durs idéologiquement en signant un accord avec l'Union nationale, plus à droite que le Foyer Juif.
Après avoir quitté le Likoud en mai 2012, il a créé "Les Israéliens", un mouvement doté d'un programme visant à rapprocher les laïcs des religieux et d'un "plan de paix" (dit "Plan Bennett") avec les Palestiniens. Selon ce plan, Israël doit annexer la zone C en Cisjordanie qui est déjà sous contrôle total israélien et donner plus d'autonomie aux Palestiniens dans les zones A et B, officiellement sous le contrôle de l'Autorité palestinienne.
Catégoriquement opposé à toute création d'un Etat palestinien, Naftali Bennett revendique clairement sa place à la droite du Likoud. "Je suis pour que Netanyahu soit le prochain Premier ministre mais nous devons être forts pour l'empêcher de faire une coalition avec les partis de gauche", confie-t-il à l'AFP.
Communiquant sur les réseaux sociaux en hébreu, anglais et français, il a été la cible le week-end dernier de critiques de l'ensemble de la classe politique pour avoir laissé entendre qu'il refuserait d'obéir en tant que soldat à un éventuel ordre d'évacuation d'implantations juives. Depuis, il a tenu à rectifier le tir, affirmant à la télévision qu'il n'avait jamais appelé à refuser un ordre, mais qu'"évacuer un village arabe ou juif était une violation des droits de l'Homme".
Mais les attaques dont il a été la cible, en particulier de la part de M. Netanyahu, se sont retournées contre ses détracteurs, selon l'analyste politique de Haaretz, Yossi Verter. "Netanyahu et le Likoud-Israël Beiteinou ont été trop loin dans leurs attaques contre Bennett, estime-t-il, et d'ajouter: "Ils l'ont transformé en enfant chéri de la droite (...) en leader de la droite alternative".