Les femmes et les chaussures dans la Torah
Le rav met en parallèle les deux mistvot que Moché reçut devant le buisson ardent (‘Ne t’approche pas’ et ‘Enlève tes chaussures’) aux deux mitsvot que reçurent les Béné Israel devant le Mont Sinaï (ne pas s’approcher de la montagne et se séparer de leur femme). Le premier événement étant une préparation spirituelle au second, un lien existe entre ces mitsvot. De plus le Midrash explique (1) que le mont Horev (buisson ardent) et le mont Sinaï (don de la Thora) constituent, en fait, le même endroit.
De cette mise en parallèle nous constatons que les femmes sont liées symboliquement aux chaussures : la mitsva de se déchausser trouve sa résonnance dans la mitsva de se séparer de sa femme.
Aussi le Zohar Akadoch explique à de nombreuses occasions (2) que la demande de D.ieu à Moché d’enlever ses chaussures est également une allusion à se séparer de sa femme, symbolisée par la chaussure.
Quel est donc le rapport entre les deux (si ce n’est que les femmes adorent les chaussures) ?
Rabeinou BeHayei (3) explique que les chaussures représentent les biens et valeurs matérielles. De la même façon qu’une personne peut facilement retirer ses chaussures, il est possible de se débarrasser de ses valeurs matérielles, étape indispensable avant d’être en contact avec la ChéHina / La présence Divine.
Ainsi devait-on retirer nos chaussures en entrant dans le Temple de Jérusalem, tout comme les Cohanim doivent aujourd’hui encore se déchausser durant la birkat Cohanim car « en tout endroit où la ChéHina se révèle, il est interdit de rester chaussé » (3’).
Selon le Zohar (4) D.ieu, en demandant à Moché de retirer ses chaussures, voulut qu’il puisse être séparé de tous besoins matériels afin de pouvoir se connecter en direct avec la Chekhina / la présence divine.
Nous pouvons alors nous demander pourquoi de nombreux textes nous imposent le port des chaussures : « Celui qui ne porte pas de chaussures fait partie des sept catégories de personnes qui ne peuvent avoir droit au monde futur » (5) , « Une personne doit aller jusqu’à vendre les poutres de sa maison, si nécessaire, afin de s’acquérir des chaussures » (6), etc.
Le Rama de Pano écrit dans son livre « Assarah Maamarot » qu’après la faute originelle, la Terre fut maudite par D.ieu : « Maudite soit la Terre à cause de toi » (Béréchit 3 ;17). Par conséquent, l’Homme doit porter des chaussures pour créer une séparation entre lui et la terre. D’ailleurs le mot × ×¢×œ / Chaussure peut se lire ‘על ‘× / Sur les cinquante (degrés d’impureté, représentés par la Terre) (7).
C’est pour cette raison que, telle la chaussure qui ne doit pas quitter nos pieds, un homme se doit d’être marié :
- « Il n’est pas bon que l’Homme soit seul » (8) ;
- « Un homme doit constamment prendre soin d’honorer sa femme, car sa maison n’est bénie que grâce à sa femme » (9) ;
- « Un homme sans femme n’est pas heureux, n’a pas de bénédiction, n’a pas de bien (…) à l’ouest d’Israel on rajoute qu’il est également dépourvu de Thora » (10).
La femme peut également être comparée à la chaussure lorsque Rabbi Hanina explique que pour étudier la Thora en étant pur, un homme devrait d’abord se marier et ensuite étudier (11) : comme la chaussure sépare l’Homme de la malédiction de la Terre, la bénédiction d’un homme ne peut venir que par le mérite de sa femme.
Grâce à elle il pourra étudier la Thora en état de pureté et grâce à elle il sera séparé de la malédiction de la Terre.
Références:
1 – Midrash Chemot Raba 2; 4
2 – Pekudé 222a, Houkat 180a…
3 – Explication sur le verset dans Chemot 3; 1
3’ – Chemot Raba 2; 6
4 – Nasso 148a
5 – Guémara Pesahim (113b)
6 – Guémara Chabat (129a)
7 – Rav David Ménaché
8 – Béréchit 2; 18
9 – Guémara Baba Metsia (58a)
10 – Guemara Yevamot (62b)
11 – Guémara Yoma 72b / Explication sur le Téhilim 19 ; 10
Autre dvar Thora sur les chaussures : http://www.torah-box.com/news/chemot-se-dechausser-marque-d-honneur-ou-de-mepris,598.php
D’apres une étude de Rav Pinches Friedman