Valoriser son enfant: et si les mères juives avaient tort?
PSYCHOLOGIE - C'est bien connu, l'archétype de la "mère juive", c'est la mère qui pense que son fils ou sa fille, est le (la) meilleur(e), le (la) plus intelligent(e) et le (la) plus beau (belle). Une tendance souvent repérée chez les mères, quelle que soit leur confession religieuse d'ailleurs... Mais attention, pour que son enfant fasse de brillantes études, mieux vaut y réfléchir à deux fois avant de vanter ses mérites à tout va.
En effet, selon une nouvelle étude publiée par l'American Psychological Association, valoriser les qualités personnelles plutôt que les efforts d'un enfant peut l'amener à se sentir plus honteux en cas de situation d'échec.
Valoriser les efforts et non les qualités intrinsèques
Vanter les qualités intrinsèque de son enfant? "Ce type de compliments peut se retourner contre eux", estime ainsi Eddie Brummelman, chercheur de l'Université d'Utrecht aux Pays-Bas, à la tête de l'étude.
Celle-ci a en effet révélé que les enfants à l’ego vacillant ont souvent été l'objet de louanges appuyées et répétées de la part de leurs parents pour leurs qualités personnelles. Une forme d'encouragement qui serait davantage encline à déclencher un sentiment de honte certain en cas d'échec, et donc à diminuer leur estime de soi, qu'à les pousser à surmonter les difficultés qui se présentent à eux.
Pour parvenir à ces résultats, les chercheurs néerlandais ont observé 357 parents âgés de 29 à 66 ans. Ces derniers ont été invités à lire six descriptions potentielles de leurs enfants. D'abord, trois scénarios dans lesquels leur estime d'eux-même étaient relativement développée.
Par exemple, "Lisa aime habituellement le genre de personne qu'elle est". Puis trois descriptions dans lesquelles les enfants étaient décrit comme ayant peu confiance en eux. Exemple, "Sarah est souvent malheureuse de ce qu'elle est".
Il leur a ensuite été demandé d'expliquer quels types de compliments ils donnaient à leurs enfants lorsqu'ils s'adonnent à une activité lambda comme le dessin.
Ils ont alors constaté que les parents dont l'enfant a une faible estime de lui-même valorisaient deux fois plus la propre personne de leur descendance, type "tu es un grand artiste mon fils". À l'inverse, les enfants qui ont été complimentés pour leurs efforts et leur débauche d'énergie faisaient preuve de davantage de facilités pour surmonter des difficultés.
"Les adultes peuvent penser qu'en tressant des louanges à leurs enfants pour leurs qualités intrinsèques peut aider à avoir confiance en eux. Le problème c'est que ça peut également les conduire à se sentir indignes de cette confiance lors d'une situation d'échec", a déclaré le docteur Brummelman.
Percevoir l'échec comme une insuffisance temporaire
Pour vérifier ces conclusions, les scientifiques ont mené une deuxième expérience auprès de 313 enfants (54% de filles), âgés de 8 à 13 ans dans cinq écoles élémentaires publiques des Pays-Bas.
Quelques jours avant, les élèves ont dû remplir un test afin de mesurer leur estime de soi. Ils ont ensuite été participé à un jeu en ligne contre des élèves d'une autre école sous le regard d'un webmaster. Un jeu dont le résultat était de toute façon contrôlé par l'ordinateur. Les enfants ont ensuite été répartis dans deux groupes : l'un voué à gagner, l'autre à perdre.
Dans un groupe, les enfants ont été félicités par le webmaster pour leurs qualités personnelles par un message comme "Wow, tu es génial!", tandis que dans l'autre, leurs actions ont été saluées par des commentaires de type : "Super boulot!".
Après un deuxième tour, les enfants ont dû dire aux chercheurs le résultat de leur match virtuel. Les chercheurs ont alors observé une très nette augmentation du sentiment de honte chez les perdants qui avaient été félicités pour leurs qualités intrinsèques.
Pour les chercheurs, cette différence d’appréhension des difficultés s'explique par le fait que les enfants encouragés pour leurs efforts n'associent pas leurs succès ou leurs échecs à leur propre personne mais aux efforts qu'ils ont fournis dans une tâche. L'échec est alors perçu comme une insuffisance temporaire et non comme une faille inhérente à eux-mêmes.