Un acte ancien écrit en NSS Kla, fhal di zman !!!
Relatant l’achat du cimetière juif de Mogador
par Lakhdar Omar
C’est un acte écrit en hébreu (Nass Klam) par le Grand Rabbin de Mogador Rabbi David Knafo, fils de Rabbi Yossef Knafo (1). Ce document, en date du 2 tevet 5653 (1893), stipule que les personnes ci-après s’étaient solidarisées pour acheter à leur frais le nouveau cimetière juif sis à Bab Doukkala, d’une surface de 1 Ha et demi environ, pour la communauté juive de Mogador. Le vieux cimetière juif maritime d'Essaouira date des premières années de l'histoire de la ville. Situées au nord des remparts, le long de l'océan les tombes présentent un aspect souvent détérioré, car le lieu non clos a l'origine, ouvert aux vents et aux embruns, a favorisé l'érosion des plus vieilles tombes. Les plus vieilles tombes déchiffrées datent de 1769, soit quatre d'années après la création de la ville. En 1874, un nouvel espace d’une superficie de 1ha et demi, dont l’acte d’achat figure sur le document ci-desssus, a été accordé aux juifs pour enterrer leurs morts. Il est situé de l'autre côté de la route et à l'est du vieux cimetière qui s’étend sur 6600m2. Néanmoins, on a continué d'ensevelir dans l’ancien cimetière jusqu'en 1878. La dernière tombe est celle de l’écrivain bien connu, Amran Elmaleh, né le 30 mars 1917 à Safi, décédé à Rabat le 15 novembre 2010, trouvant son repos éternel à Essaouira-Mogador, sa « Cité heureuse », terre de ses aïeuls. Le cimetière d'Essaouira conserve donc la mémoire des inhumations des deux derniers siècles et demi.
Traduction de l’acte(1)
Ceci est la 4ème version de l'acte de vente du cimetière acheté nouvellement et nous avons été tenus de le refaire par crainte de l'oubli
Cette 4ème copie est faite conformément à l'original.
Il est établi qu'en ce jour le cimetière destiné aux morts d'Israël en notre ville Essaouira, que Dieu la protège, est trop petit et ne peut plus accueillir d'autres tombes à tel point qu'il ne reste de place que pour vingt tombes, fasse Dieu qu'il annule la mort à tout jamais et efface toute larme de tout visage etc; Pour cela nous nous sommes réunis les messieurs nommés, les personnalités importantes chargées de surveiller la bonne marche de la ville: Messieurs les honorables :
- Rabbins Réouben Elmaleh fils du Rabbin Yossef El Maleh, que dieu ait son âme
- Yaacov Corcos fils de rabbi Haïm Corcos
- Yaacov de Chmouel Halévy que Dieu le garde
- Yaacov Afriat fils de Yossef,
- Chlomo de Yamin Acoca, et le jeune Homme Chlomo de Yaacov Afriat
- Abraham de Yaacov Lksslassi,
- Chlomo fils de R.Haim Cabessa
- Le Rabbin parfait Ytshak fils de Yaacov
- Afriat
- Yechoua Loeub fils de Moché (2)
- Amram Elmaleh fils du Rabbin Yossef Elmaleh
- Méir Corcos fils d'Abraham Corcos.
Ils ont débattu sur le sujet comment acquérir un terrain pour la raison citée ci-dessus. Après qu'ils aient pris des décisions la Providence leur a fait trouver une place auprès du nouveau cimetière de la ville dénommée Halerassi la bien connus de Mr Messaoud Melloul et ses fils et ceux-ci ont accepté de le leur vendre au prix coûtant en faveur de tous les fils de cette ville pauvres comme riches, selon les conditions qui étaient en usage au cimetière et qui seront décrites autre part. Et donc1 - - - - Monsieur Messaoud Melloul et ses deux fils David et Sellam, conformément à l'accord, leurs cèdent pour la somme de 700 grands douros d'Espagne qu'ils ont reçus des personnes citées plus haut et qui proviennent de la caisse de la communauté, leur ont cédé tous ce qu'ils possèdent dans la dite Halerassi et toutes les maisons qui s'y trouvent en dehors de la ville, avec leurs terrains et leurs dépendances, les poutres et les clous et toute autre chose qui y est ont vendu. Les vendeurs de ce qui est sur terre et au-dessus de la terre au profit des messieurs cités et des fils de la ville. La vente est une vente en bonne et due forme; évidente et connue de tous, réglementaire et définitive pour toutes les générations à venir, vente pour toujours sans aucune restriction ni condition, sans aucune dette ni aucune redevance qui devra rien ni à aucun acte de mariage, ni à un fils ou à une fille, héritier d'un proche ou autres. Et voici ce qu'ont dit les vendeurs aux messieurs acheteurs ci-dessus cités: Recevez et achetez et maintenez cette vente au profit des fils de la ville, achat définitif moyennant l'argent que vous nous avez versé et avec un acte de vente qui n'entrainera aucun autre payement ou achat et nous certifions que tout a été payé intégralement… Et qu'ils ont le droit de détruire d'hypothéquer, de louer, de léguer, d'offrir, de changer à qui ils voudront Et de faire avec cet achat tout ce qu'un homme fait de son bien personnel et personne ne pourra trouver à redire ni faire à jamais aucune obstruction….2 … et dans tout différend leur position fera loi.
Cet achat de chez messieurs Melloul père et fils est inébranlable et ne peut pas être changé tout cela selon feu Harashba et ratifié par les rabbins du tribunal rabbinique ici à Essaouira le 2 tevet 5653 (mercredi 21 décembre 1892) Et tout est juste et maintenu et nous signons Rabbi David Knafo fils de Rabbi Yossef Knafo.
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Il a été spécifié que cet acte a été refait quatre fois par crainte de l’oubli. Avec un document écrit en Hébreu marocain que seuls quelques experts puissent encore le traduire et l’abandon de la ville par la communauté juive depuis des décennies, il serait difficile que la mémoire des personnes qui ont contribué à l’achat de ce lieu d’inhumation soit respectée ! Une plaque commémorative avec leurs noms gravés, devrait être accrochée à l’entrée de ce cimetière, ne serait-ce que par gratitude au service rendu à leur communauté !
(1) – La traduction de l’acte a été faite aimablement par Asher Knafo, petit-fils du Grand Rabbin de Mogador Rabbi David Khnafo.
(2) – Il s’agit de Belisha Yechoua )
Cet acte est la proprité de la famille Belisha de Mogador