Maroc/Israël : Les accusations d’un média iranien provoquent la colère de Rabat
Par Mohammed Jaabouk
Le ministre de la Communication marocain a qualifié d’ « inacceptable » un article de l’agence de presse iranienne Fars News Agency accusant le Maroc d’être un exécutant de la politique israélienne dans le monde musulman. Mustapha El Khalfi a promis que le gouvernement Benkirane examinera la question et prendra les mesures qui s’imposent.
Au lendemain de la présentation par le nouvel ambassadeur iranien de ses lettres de créances au roi Mohammed VI, une agence de presse iranienne s’en est prise violemment au Maroc. Elle accuse le royaume d’être un « exécutant de la politique israélienne dans le monde musulman ». Le média en question, Fars News Agency, est placé sous la tutelle directe des « Gardiens de la révolution », une des composantes de l’aile radicale du régime de Téhéran très proche de L'ayatollah Khamenei. Et le Maroc n’est pas le seul visé. L’agence a également consacré un article sur la proximité entre l’Arabie saoudite, le Bahreïn et Israël.
Cette sortie révèle que le rapprochement entre le Maroc et l’Iran, initié par le président Hassan Rohani, ne fait pas l’unanimité au sein du pouvoir perse. Le timing choisi pour la publication de l’article n’est d’ailleurs pas anodin. Jusque là, les officiels iraniens avaient toujours évité de critiquer publiquement la politique étrangère marocaine par respect à la filiation de la famille régnante marocaine avec le Prophète. Ce qui ne les empêche pas d’encore flirter avec le Polisario et même d’assister à ses congrès.
Le gouvernement Benkirane promet d’examiner la question
Le gouvernement n’est pas resté silencieux sur cette affaire mais a évité de contre-attaquer violement. Lors d'un point de presse, le ministre de la Communication a dit « rejeter catégoriquement toute atteinte au royaume ». Et d’ajouter que « le Maroc est un Etat libre qui ne s’immisce pas dans les affaires internes des autres pays (…) le royaume est un pays indépendant qui exerce sa souveraineté selon les clauses de la constitution ».
Mais faut-il s’attendre à une riposte du Maroc ? Mustapha El Khalfi a promis que le gouvernement examinera cette question et qu’il communiquera prochainement sa position. Mais c’est surtout vers le Palais que les regards vont se tourner vu que la diplomatie reste sa chasse gardée. Il va sans-doute évaluer la situation avant de décider de la nature des suites à donner à cette affaire : le silence et faire comme si rien ne s’était passé ou une sorte de rappel à l’ordre.
Néanmoins, l’option de l’escalade même si elle demeure envisageable est à écarter pour le moment. D’autant qu’elle ne devrait profiter qu’à l’aile la plus dure du régime iranien. Surtout cela pourrait saper le long processus de négociations de 16 mois entre Rabat et Téhéran et empêcherait le Maroc de se placer comme médiateur entre l’Iran et les monarchies du Golfe.