«L’Orchestre de minuit», de l’amour en 35 millimètres
«L’Orchestre de minuit» est le dernier film signé Jérôme Cohen-Olivar. Avec tous les ingrédients d’une bonne comédie, le film promet un beau succès à sa sortie prévue le 15 octobre.
Vous avez probablement jeté un coup d’œil à la bande annonce du film, avec les truculents Gad El Maleh et Hassan El Fed en conseillers funéraires. Pourtant, les deux humoristes n’y font que de courtes apparitions, ponctuées de blagues en situation cocasse. C’est également le cas d’Amal Ayouch ou même de Noureddine Lakhmari: des artistes qui ont voulu prendre part à cette douce comédie, à l’arrière-goût légèrement amer, auprès des deux acteurs principaux : Avishay Benazra et Aziz Dadas qui forment un excellent et tendre duo.
Un retour aux sources
L’Orchestre de minuit raconte l’histoire d’un ancien musicien juif marocain, exilé depuis une trentaine d’années, qui donne rendez-vous à son fils au Maroc. La mort ne lui laisse pas le temps de dévoiler ses plans. Le fils doit attendre la fin de la Pessa’h pour emmener la dépouille de son père en Israël. Entre-temps, sa rencontre fortuite avec Ali, chauffeur de Casablanca comme on en connaît tous et grand admirateur du père, le met sur la piste des membres de l’orchestre de ce dernier. Un tour à la recherche de ces amis d’antan s’impose pour Michael qui se force de comprendre les raisons de leur départ du Maroc.
Un film d’amour
Comme tous les films de retour au bercail, L’Orchestre de minuit a cela de confortable qu’il vous mène exactement là où vous vous attendez. Vous voyez, alors, se dérider les revenants cyniques et émerger les souvenirs longtemps refoulés. Le film aurait tout d’une comédie légère et attendrissante, s’il ne soulevait pas la question profonde de l’identité juive marocaine.
Difficile de ne pas y lire un message d’amour. À ce propos, Jérôme Cohen-Olivar confie :«J’ai fait ce film pour montrer qui je suis». En effet, la question de l’identité est le cœur deL’Orchestre de minuit. Ou, plus précisément, le rejet d’une identité, d’une patrie, d’une culture, de peur d’en être rejeté. Car, contrairement aux films qui ont traité le départ massif des juifs marocains, exilés de gré ou malgré eux, L’Orchestre de minuit s’intéresse au retour tel qu’il est perçu par des juifs eux-mêmes, avec le lot d’interrogations qui les assaillent, les craintes, les doutes et les méprises dont les conséquences sont parfois fâcheuses. Le film tombe à pic à l’heure où l’identité est sans cesse questionnée et pas mal molestée à la lumière de l’actualité. On y lira presque une première manifestation culturelle de l’identité judéo-marocaine pour mettre en évidence un pont coupé, entre passé et présent, qu’il serait temps de restaurer.
Fedwa Misk. La vie éco
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