Natalie Portman fait sa déclaration d'amour à Israël
Celle qui est devenue parisienne au côté de son mari, Benjamin Millepied, le directeur du ballet de l'Opéra national de Paris, a toujours porté fièrement sa double nationalité. L'actrice, née en Israël et qui a grandi entre Harvard et les studios d'Hollywood, prend sa plus belle plume pour parler de sa terre natale.
C'est un retour aux sources assumé. L'actrice vient de réaliser son premier long-métrage, adapté du roman Une histoire d'amour et de ténèbres, d'Amos Oz, dont le thème central est la création de l'État d'Israël. Présenté au Festival de Cannes le mois dernier, le film a été tourné à Jérusalem, et tous les acteurs, dont Natalie Portman, jouent en hébreu.
Une description passionnée mais non idéalisée
Depuis, elle est souvent questionnée sur son lien avec Israël. Dans les colonnes du Hollywood Reporter, Natalie Portman a exprimé sa colère et sa déception face à la réélection du premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou. Mais la comédienne sait faire la distinction entre les dirigeants politiques et la population, l'ambiance et les paysages israéliens qu'elle affectionne particulièrement. Dans une tribune datée du 28 mai, publiée sur le site Humans of Judaism, puis relayée sur Coolisrael.fr, l'actrice-réalisatrice a voulu décrire et expliquer ce qui la lie à Israël. Le texte est une véritable déclaration d'amour à son pays natal et d'espoir. Voici quelques extraits traduits en français.
« Là où je suis née. Là où j’ai goûté à ma première glace à l’eau et où j’ai appris la propreté. Là où certains de mes amis âgés de 18 ans à peine passent leurs nuits dans des abris, la tête protégée par un casque. Là où seuls les agents de sécurité ont toutes leurs chances d’échapper au chômage. Là où les déserts fleurissent et où les aventuriers font rêver. Là où le cactus, piquant mais charmant, se fait le symbole de l’Israélien idéal. Là où l’immigration s’appelle la « montée » et où l’émigration est appelée « descente ». Là où mes grands-parents ne sont pas nés, mais où ils ont été sauvés.
Là où les années passent au rythme des saisons des olives, des amandes et des dattes. Là où le porc et la crevette, pieux pêcheurs en leur assiette, narguent allègrement notre piété depuis la carte yérosolomite. Là où, malgré quelques copieuses exceptions, la laïcité est la règle. Là où le vin est d’une religieuse pureté. Là où les « foyers arabes » font référence à un terme positif en langage immobilier, sans ironie aucune. Là où l’humour noir est intarissable. Là où il existe une infinité de mots pour traduire « déranger », mais pas un seul encore pour « assouvir ». Là où le rire est monnaie courante et les blagues, une religion. Là où les partis politiques se reproduisent plus vite que les hommes. (...) Là où pas moins de six citoyens ont gagné un prix Nobel en cinquante ans. (...) Là où le muezzin chante, l’église sonne et le chofar interpelle vaillamment depuis le Mur. Là où les commerçants marchandent. Là où les politiciens marchandent.
Là où il y aura un jour la paix mais jamais le silence. Là où je suis née ; là où mes tripes m’interdisent de renoncer. »
Si le film, jugé trop scolaire par certaines critiques pourrait laisser le public de marbre, le plaidoyer de l'actrice, dans lequel elle témoigne de son histoire et laisse parler son émotion, ne laissera pas indifférent.