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Pourquoi l’islamisme est un totalitarisme

 

 

 
FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN – Un an après le 13 novembre et à l’ocasion de la sortie de son dernier livre, Détruire le fascisme islamique, Zineb El Rhazoui a accordé un entretien fleuve au FigaroVox. Selon elle, on ne pourra pas vaincre le terrorisme sans s’attaquer à l’idéologie qui le sous-tend.

PROPOS RECUEILLIS PAR ALEXANDRE DEVECCHIO @AlexDevecchio

FIGAROVOX. – Dans votre dernier livre Détruire le fascisme islamique, vous dénoncez le concept d’islamophobie. Pourquoi?

Zineb EL RHAZOUI. – D’abord il s’agit d’un néologisme, un terme quasi-médical qui prétend désigner une «pathologie»: la haine injustifiée, aveugle, irrationnelle de l’islam avec un petit i, l’Islam avec un grand I, et les Musulmans, sans jamais les définir. Le concept d’islamophobie est une imposture intellectuelle fondée sur une confusion délibérée entre l’islam en tant que dogme, l’Islam en tant que civilisation, et les musulmans considérés ipso facto comme une communauté monolithique et non pas comme des individus. Qu’est-ce qu’un musulman? Une personne née dans cette foi ou une personne qui l’a choisie? On peut être issu de culture islamique et se définir par une multitude d’autres caractères, comme on peut opter pour cette religion sans en adopter les préceptes à la lettre. En réalité, ce que l’on nous désigne comme étant de l’islamophobie est souvent un rejet des manifestations ostentatoires et militantes d’un islam revendicatif. Les pleurnichards de l’islamophobie nous prennent en otage: à chaque acte terroriste, ils crient au «pas d’amalgame», mais lorsqu’on dénonce l’idéologie qui mène au terrorisme, ils nous accusent de haïr l’ensemble des musulmans. Le concept d’islamophobie est surtout un outil discursif qui consiste à faire taire toute critique envers la religion musulmane, à l’extraire à la raison. D’ailleurs l’islamophobie n’existe pas en terre d’Islam, là où la théocratie islamique a le pouvoir coercitif, puisque les islamistes disposent de mieux: le délit de blasphème, d’apostasie ou d’insulte à la religion. Lorsque vous critiquez l’islam dans un pays islamique, on vous met en prison, vous fouette sur la place publique ou vous assassine. Dans les démocraties occidentales, les islamistes, désespérés d’imposer le délit de blasphème, n’ont plus que l’accusation d’islamophobie dont ils veulent faire un nouveau racisme. Mais depuis quand la foi est une race?

Au-delà de la question de l’islamophobie, les islamistes instrumentalisent-ils les droits de l’homme à leur profit?

L’islamisme est une idéologie impérialiste, elle a intrinsèquement vocation à se répandre car le prosélytisme est un devoir en islam, y compris sous sa forme la plus belliqueuse: le jihad. Lorsque cette idéologie n’est pas en position de force, elle n’hésite pas à faire feu de tout bois pour faire avancer son agenda: l’édification de l’Oumma, partout sur terre. Ainsi les islamistes ont coutume de se prévaloir de luttes auxquelles ils n’ont jamais contribué, voire auxquelles ils ont été hostiles. Les partis islamistes par exemple se diront démocrates, puisqu’élus, alors qu’ils considèrent la démocratie comme du kufr (impiété), puisqu’elle tend à ériger la volonté des humains plutôt que celle d’Allah. En France, nous voyons comment la notion de liberté individuelle est récupérée pour défendre les porteuses du voile. Le voile est par définition la négation de la liberté des femmes, mais peu importe pour les islamistes: ils n’encensent que la «liberté» d’être islamiste alors qu’il s’agit en réalité d’un consentement. Dans les pays où le voile est un uniforme obligatoire sous peine de châtiments corporels, les mêmes islamistes ne défendent pas la liberté individuelle de s’habiller comme on le veut. L’antiracisme est également détourné par eux et vidé de toute noblesse: ils ne dénonceront jamais les préceptes islamiques qui interdisent les unions interreligieuses comme racistes. Les islamistes qui crient au racisme le vident de sens, car pour eux, il n’est pas une lutte pour l’universalisme, pour gommer les différences entre les êtres humains, mais plutôt un combat pour imposer leur propre différence comme un universel. Les islamistes dénoncent le racisme des autres parce qu’ils veulent avoir le monopole du racisme.

Pour combattre l’islamisme, il faut donc déconstruire le discours des islamistes…

En France, nous sommes loin d’une démarche saine de raison critique envers l’islamisme, car nous peinons toujours à le nommer. Il faut avant tout oser désigner cette idéologie pour ce qu’elle est: un fascisme. On ne peut pas prétendre combattre le terrorisme si on le considère comme un crime de droit commun. Il faut non seulement juger les terroristes, mais incriminer l’idéologie qui les produit.

Selon vous, il faut aussi revenir aux sources du mal qui se situeraient dans le Coran …

On ne peut quasiment plus évoquer la religion musulmane en France sans la faire précéder par la précaution d’usage: «l’islam est une religion de paix et d’amour». Cela en soit indique qu’il y a bel et bien un problème. Lorsque la parole est confisquée, cela signifie que nous sommes face à un totalitarisme. Je ne vois absolument pas pour quelle raison l’islam serait la seule religion de paix et d’amour dans le monde. Revenons à la raison: l’islam est une religion écrite par des bédouins d’Arabie il y a 15 siècles, et elle est fortement empreinte de leur contexte. Prétendre qu’elle pourrait régir notre société et nos mœurs en 2016 est une hérésie. Il est essentiel de revenir aux sources écrites de la religion pour comprendre à quel point elles sont -à l’instar des écrits des autres religions monothéistes- un condensé de mythes et de barbarie. Le problème spécifique de l’islam, ce n’est pas tant l’archaïsme de ses textes, mais le mensonge collectif qui consiste à dire qu’ils seraient des textes qui prônent la paix et l’amour. En réalité, il y a bien plus de paix, d’amour et de justice dans la constitution française que dans le coran. Tant que nous ne disons pas aux islamistes que nous ne sommes pas dupes du message de leur religion, ils continueront à vouloir l’ériger en universel.

Vous dénoncez également la «chimère» du vrai islam. Selon vous, il n’y aurait pas de différence entre islam et islamisme …

L’islamisme, c’est simplement l’islam appliqué à la lettre. Et l’islamisme génère forcément le terrorisme, puis qu’aucun théologien puriste ne déclarera le jihad ou tout autre précepte de l’islam caduc. Dans le dogme islamique, la religion est un tout, et non pas des pratiques à la carte. A chaque fois qu’un attentat terroriste est commis, les crypto-islamistes crient: «ceci n’est pas le vrai islam!». Mais personne ne nous dit jamais où il est, le vrai islam. Est-ce l’islam des individus qui en font une pratique partielle, respectueuse des lois? Moi je dirais Amen si ceux-là n’étaient pas dénoncés par les islamistes comme des apostats inféodés à l’Occident. Où est-il le «vrai islam»? En Arabie saoudite? En Iran? Dans les théocraties soft d’Afrique du Nord qui persécutent les buveurs d’alcool et les homosexuels, qui violent les droits des femmes et la liberté de culte et de conscience? C’est justement pour déconstruire ce mythe du «vrai islam» que je me suis attachée à revenir aux textes et à décortiquer leur contenu.

Mais tous les musulmans ne sont pas des islamistes!

C’est ce qu’on nous rétorque à chaque fois que l’on dénonce l’islamisme comme inhérent à la religion musulmane et non comme une idéologie ex nihilo. Mais d’abord, qui prétend que tous les musulmans de la terre sont des islamistes? Et qui désigne-t-on d’abord comme musulman? Si je m’alignais sur la définition du CCIF: l’islamophobie est un racisme antimusulman, j’en conviendrais (à tort) que les musulmans seraient une race. Si la race musulmane existe, et bien j’en fais moi-même partie. Pourtant, je suis bien loin d’être une islamiste, je suis même ce qu’il conviendrait d’appeler «une bouffeuse d’islamiste». On peut être musulman de culture et athée, voire athée militant. Pour moi, un islamiste c’est d’abord quelqu’un qui pense que l’islam a vocation à régir la cité, et qu’il prévaut sur les lois terrestres.

Selon vous, l’islamisme serait «un fascisme comme les autres». En quoi cette idéologie est-elle totalitaire?

Elle est avant tout totalitaire parce que c’est le règne de la pensée unique. Est-il utile de rappeler le triste sort de tous ceux qui ont osé critiquer cette idéologie? Dans mon livre, je démontre que l‘islamisme possède l’ensemble des caractéristiques structurelles des fascismes: le culte absolu de la personnalité du chef, un quasi-dieu. Mahomet, le chef perpétuel de l’Oumma, est si sacré qu’on ne peut même pas le représenter, et 15 siècles après sa mort, ceux qui osent le faire sont encore passés par les armes. Cette sacralité, il en lègue une partie aux souverains temporels qui règnent en son nom: on ne peut caricaturer aucun chef d’Etat musulman. Comme les autres fascismes, le fascisme islamique pratique un sexisme répressif contre les femmes et les homosexuels. Même dans un pays dit «modéré» comme le Maroc, les homosexuels sont passibles de 3 ans de prison, et les femmes n’ont légalement pas les mêmes droits que les hommes. Dans les pays où le projet du fascisme islamique a réussi, comme en Iran, en Arabie saoudite ou dans l’Etat islamique, les femmes doivent carrément disparaître du paysage en se couvrant de noir et les homosexuels sont pendus, ont la tête coupée ou sont précipités du haut d’un immeuble. L’autre caractéristique commune entre le fascisme islamique et les autres fascismes, c’est ce que les islamistes appellent la Taqia, c’est-à-dire l’habilité à masquer le véritable agenda. Les partis islamistes, comme les partis fascistes, se présentent d’abord avec des programmes attrape-tout qui admettent des revendications sociales ou ouvrières. Une fois arrivés au pouvoir, ils pratiquent un libéralisme sauvage et répriment toute contestation. Il y a aussi l’aversion profonde pour les intellectuels et les arts. Comme les autres fascismes, et peut-être même plus, l’islamisme opprime les artistes et les intellectuels et n’hésite pas à condamner en bloc certaines formes d’expression artistique comme la musique, le chant ou la peinture. Et puis, le fascisme islamique a aussi son uniforme, son drapeau, son prêt-à-penser, son jargon et son esthétique. Il suffit de voir comment des jeunes français ou belges se mettent du jour au lendemain en accoutrement saoudien pour s’en rendre compte.

Votre livre est une charge contre l’islamisme mais aussi contre les «antiracistes». Ces derniers ont-ils fait le lit de l’islamisme? Comment?

Heureusement que tous les antiracistes de France ne sont pas tombés dans le piège tendu par les islamistes. Beaucoup rejettent la notion d’islamophobie et continuent à défendre un antiracisme universaliste. Le différencialisme culturel prôné par certains antiracistes est l’antithèse de l’antiracisme. Accepter une idéologie totalitaire qui réprime les femmes, les homosexuels et l’altérité de façon générale, comme étant l’expression légitime d’une différence culturelle, c’est dénier à certaines cultures les droits que l’on admet pour soi. Les droits humains, l’égalité homme femme, ne sont pas l’apanage des blancs, ils sont faits pour tout le monde. Malheureusement, les antiracistes différencialistes ont laissé les islamistes avoir le monopole de la définition de toute une culture. La forme de racisme la plus dangereuse aujourd’hui, ce n’est pas quelqu’un qui monterait sur un toit et crierait: «les bougnoules dehors!», car celui qui le ferait tomberait sous le coup des lois antiracistes. La forme de racisme la plus pernicieuse, c’est celle qui consiste à considérer les «musulmans» comme une race/culture/religion condamnée à être régie par sa coutume. Encenser les lumières quand il s’agit de culture occidentale et la dénier à l’Islam (avec un grand I), c’est ça le racisme.

Vous allez jusqu’à les comparer aux collaborationnistes. N’est-ce pas excessif?

Pour moi, les antiracistes différentialistes ne sont pas les seuls collaborationnistes du fascisme islamique. Il y a aussi une partie de l’extrême gauche qui passe tout aux islamistes parce qu’elle est suffisamment condescendante (et manque surtout d’intelligence politique) pour considérer les «musulmans» comme un nouveau prolétariat. Il suffit de voir le sort réservé aux communistes par les régimes islamistes pour battre en brèche ce postulat. Il suffit aussi de rappeler que l’idéologie islamistes est financée par les plus riches de ce monde: l’Arabie saoudite et le Qatar, pour se rendre compte de la bêtise politique de cette extrême-gauche. Il y a aussi une partie du mouvement féministe, qui admet le voile comme une «liberté» alors qu’il sert de technique de marquage visuel non pas de celles qui le portent, comme elles le prétendent en France, mais de celles qui ne le portent pas dans les pays où il est obligatoire légalement ou socialement. Ne pas porter le voile dans un contexte où il prolifère, c’est être immédiatement identifiée comme non-adhérente à l’idéologie islamiste. Ces féministes ont admis une autre imposture intellectuelle: le féminisme islamique. Depuis quand l’islam a-t-il des choses à nous apprendre sur la libération des femmes? Il y a aussi une autre classe de collaborationnistes du fascisme islamique, qui eux, ne sont pas des idiots utiles, mais des acteurs conscients de l’expansion de cette idéologie détestable: une partie de la classe politique. Tous ces élus qui vont de compromission en compromission et cèdent le terrain à l’islamisme militant pour mieux être réélus. Ces politiciens devront un jour porter l’opprobre de leur trahison aux principes républicains dont ils sont pourtant censés être les défenseurs.

Zineb El Rhazoui est une journaliste et militante des droits de l’homme franco-marocaine, née le 19 janvier 1982 à Casablanca. Elle vient de publier Détruire le fascisme islamique qui paraît aux éditions Ring.

Le Figaro Vox

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