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La guerre de la France contre Israël (info # 011001/17) [Analyse]

Par Stéphane Juffa © Metula News Agency

 

Depuis quelques années, il existe un état de guerre permanent entre la République française et l’Etat d’Israël. Plus précisément, et quel qu’ait été le parti au pouvoir à Paris, c’est la France qui mène une Guerre Froide contre l’Etat hébreu, sans que ce dernier ne riposte ou ne conduise à son tour d’actions belliqueuse contre l’agresseur.

 

Une guerre froide est une forme de conflit, mais pour en comprendre les tenants et les aboutissants, il faut d’abord définir ce qu’est-ce qu’une guerre ? Une guerre est un conflit pouvant prendre plusieurs formes distinctes – militaire, secrète, diplomatique, médiatique – dont l’objectif final consiste à affaiblir, à éradiquer ou à occuper le pays ou l’entité que l’on a décidé de combattre.

 

En ce qui concerne l’agression décidée par la France, l’objectif consiste à affaiblir Israël afin que sa taille soit réduite, qu’elle abandonne une partie de sa capitale et qu’elle se retire sur des frontières indéfendables. Paris exige ainsi, dans toutes les instances internationales à l’instar de l’ONU et de l’UNESCO, par exemple, que l’Etat hébreu accepte que sa frontière avec un hypothétique Etat palestinien hostile se situe strictement sur la ligne de démarcation entre lui et la Jordanie, telle qu’elle prédominait jusqu’au 4 juin 1967, date du début de la Guerre des Six Jours.

 

Il semble que la finalité d’un tel objectif soit de rendre Israël plus vulnérable aux Etats qui l’entourent et, partant, de la rendre dépendante du bon vouloir et de l’aide des grandes puissances pour sa survie.

 

Dans le cas précis de cet affrontement, les actes de guerre entrepris par la France recèlent aussi une utilité intermédiaire – certains analystes affirmant même que c’est là son but ultime -, consistant à s’attirer les faveurs des riches pays arabes qui lui fournissent les crédits nécessaires à soutenir son économie claudicante. Phénomène qu’il faut bien sûr augmenter du financement de plusieurs acteurs politiques de l’Hexagone par un roi arabe ou un émir du Golfe ; et l’on sait par expérience que ces faveurs se monnayent en cash, notamment et toujours par l’adoption d’un comportement public querelleur à l’encontre d’Israël. L’autre intention étant de satisfaire, voire de calmer les quelques sept millions de musulmans vivant sur son sol, dont une partie participe aux agressions terroristes contre ses citoyens chrétiens et israélites, pendant qu’une autre affiche ouvertement ses sympathies pour ces actes.

 

Les armes de cette guerre sont principalement de deux sortes : diplomatiques – au sein des instances internationales et par le biais d’initiatives gouvernementales spontanées -, et médiatiques, en s’appuyant sur une agence de presse étatique et monopolistique, ainsi que sur un réseau de media publics exagérément développé, que ce soit des chaînes de télévision ou des stations de radio.

 

Fait extrêmement original de cette guerre, l’Armée et le Renseignement français ne sont aucunement impliqués dans ce conflit. On soulignera, au contraire, que les organes sécuritaires de l’Hexagone entretiennent des relations de coopération quasi-amicales avec leurs homologues israéliens, ce qui inclut de nombreux échanges d’informations, de multiples entraînements communs, des accords tactiques, des visites mutuelles d’avions et de navires, et même un degré de synchronisation supérieur relativement aux crises régionales et un niveau élevé de confiance entre les états-majors.

 

L’exclusion des militaires de l’équation guerrière visant Israël, fait de la guerre entreprise par Paris une opération essentiellement politique. Nous avons même observé à diverses reprises une opposition évidente des officiers supérieurs tricolores à la Guerre diplomatique et médiatique conduite par leur pays à l’encontre de Jérusalem.

 

Comme toute guerre, celle-ci est également fondée sur une théorie qui fait aussi office de guide stratégique et tactique. Ainsi, les responsables du Quai d’Orsay qui dirigent la manœuvre et transmettent leurs instructions à la fois à l’AFP et aux représentants diplomatiques de l’Etat s’emploient-ils à transcrire exclusivement le différend israélo-palestinien dans les limites d’une guerre de décolonisation, au sens fanonien, existentialiste, ou néo-existentialiste d’après la définition de la Ména.

 

Tout le vocabulaire employé à l’ONU et par l’AFP, reproduit tel quel dans la presse tricolore, est ainsi celui d’une guerre de décolonisation, dans laquelle les Israélites seraient évidemment les colonisateurs, et les Palestiniens, les colonisés en recherche d’émancipation et de libération.

 

Les expressions sélectionnées par les "généraux" du Quai s’inscrivent strictement dans cette dialectique. Cela commence, naturellement, par l’usage excessif des mots colonies et colons afin de définir les implantations et leurs habitants tant laïcs qu’edennistes en Judée-Samarie, alors que, nous l’avons maintes fois démontré avec force de preuves, ces villes et villages édifiés au-delà de la ligne verte ne correspondent en rien – c’est flagrant – à la définition scientifique des colonies. D’ailleurs, la diplomatie française se démarque à ce propos de l’appellation américaine et anglaise la plus usitée, qui est celle de "settlements" (implantations), alors que le terme "colony" existe dans la langue de Shakespeare, et qu’il a la même signification qu’en français.

 

La "colonie" de l’AFP ne représente que l’option guerrière choisie par le gouvernement français pour constituer la colonne vertébrale de sa théorie et donc de son offensive. Lorsque l’on a saisi cela, on comprend sans difficulté les votes de Paris à l’UNESCO, qui, sous des aspects anodins et en suscitant moult excuses jamais suivies d’aucune correction, consacrent l’effacement de la présence du Temple israélite à Jérusalem. Or, pour qu’un territoire pût mériter la mention "colonie" en science politique, l’une des conditions sine qua non est que la population de la colonie en question n’ait strictement aucune attache historique avec le territoire sur lequel il vit. Lors, si l’on efface l’existence du Temple de Salomon, la nation d’Israël perd son ancrage historique principal sur sa terre et peut ainsi être cataloguée à la rubrique colonisateur.

 

Cela permet de saisir le bannissement par principe et en contradiction avec sa définition scientifique du mot "terroriste" pour définir "les assassins palestiniens et arabes de civils israélites" dans le vocabulaire du gouvernement français, du Quai, de l’AFP et, conséquemment, dans celui de la presse française. Non pas comme le préconise la circulaire de l’Agence France Presse, par souci de neutralité, une précaution qu’elle a abandonnée depuis des lustres.

 

Mais en adéquation avec la théorie de Frantz Fanon formulée dans son dernier ouvrage : "Les damnés de la terre" ; livre dans lequel il exprime non pas uniquement le droit du colonisé d’user de la force et du meurtre pour se libérer du joug du colonisateur, mais de son obligation de le faire le plus sauvagement possible afin de retrouver son identité dérobée par le conquérant. Dès lors, les civils israéliens, y compris les enfants, ne sont plus de simples êtres humains non armés mais des "colonisateurs". Et l’élimination d’un colonisateur, selon la grille de lecture néo-existentialiste adoptée par les Français, n’équivaut pas à l’assassinat d’un civil mais à un acte légitime nécessaire dans la marche vers l’émancipation et le recouvrement de son honneur par le colonisé.

 

Perfide ? Pas plus que le remplacement artificiel de la dénomination d’ "agresseur" – Qui commet une agression ; qui attaque sans avoir été provoqué (Larousse) – pertinente pour décrire le conducteur du camion qui a assassiné les quatre soldats descendant d’un bus à Jérusalem cette semaine, par "assaillant" - Personne qui donne l'assaut à l'ennemi ou à ses positions -, à savoir un combattant, un soldat accomplissant un acte de guerre légitime (Larousse).

 

Ce n’est assurément pas que nous passions notre temps à compulser hystériquement les pages des dictionnaires pour prendre en faux d’éventuelles "imprécisions" innocentes de la presse française, naan, cela ne servirait à rien. C’est pour démontrer à quel point les stratèges de la Guerre Médiatique que livre Paris à Jérusalem n’hésitent pas à dénaturer TOUS les termes de leur propre langue dans leur narratif du différend israélo-palestinien, pour rester en adéquation avec le néo-existentialisme, qui seul peut légitimer les violences des Palestiniens contre les Israéliens.

 

Et ceux qui ont argué que l’emploi du terme "camion bélier" à la place de "camion tueur", participait du pinaillage sémantique n’ont pas le cerveau suffisamment développé pour reconnaître que cet usage aussi constitue l’une des armes de cette guerre. Un bélier, en effet, est une "machine de guerre servant à renverser les murs ou les portes d'une ville" (Larousse), de nos jours la vitrine d’une bijouterie par des gangsters, une sorte de pelle-mécanique, un bulldozer, un D9, un outil qui servait, à l’époque des châteaux-fort à démolir un obstacle, mais jamais à tuer quelqu’un.

 

Parlant de camion ou de voiture bélier, on atténue effectivement l’intention de l’agresseur qui a fait usage d’un outil. Parlant d’un camion-tueur, on fait l’économie de l’analyse des motivations d’un assassin et d’incertaines circonstances atténuantes ou occasionnelles.

 

Certains détracteurs de la Ména ou des "soldats" du dispositif français ont argué que nous donnons trop d’importance aux mots, quitte à en faire une fixation. A la guerre comme à la guerre !

 

Mais si l’on exclut le recours aux avions et aux chars d’assaut, les seules armes de cette guerre sont les mots : ceux utilisés du haut de la tribune des Nations Unies par un ambassadeur, ceux des communiqués des ministères, ceux des journalistes, pour expliquer une vidéo de JT ou un documentaire, un billet radiophonique, ceux qui paraissent au bas des photos, dans un chapeau d’article de presse, et enfin, ceux qui figureront dans les recommandations qui suivront la prochaine conférence de Paris.

 

Plus encore, c’est par les mots, et uniquement par les mots, que la France tente d’isoler Israël de la communauté des nations, toujours dans le but de l’affaiblir, d’interdire l’importation de certains de ses produits, de briser des accords commerciaux et culturels au niveau européen, et de rendre la vie quotidienne des Israélites sur son territoire pratiquement invivable.

 

Ce sont les mots qui, de plus, conditionnent l’opinion publique d’un pays, incitent à l’amour, à la haine, au racisme ou à l’antisémitisme. Surtout lorsque l’on martèle les mêmes, des années durant, avec la plus mauvaise foi imaginable, doublée, dans bien des cas, de l’intention de blesser.

 

Ceux qui s’imaginent encore que les termes de la diplomatie et de la presse française sur le conflit proche-oriental, pour aberrants qu’ils soient, comme l’a concédé sur FB un ancien directeur de l’officine de l’AFP à Jérusalem, découlent du hasard ou de la maladresse sont des naïfs ou des ennemis d’Israël. Ceux qui refusent l’évidence, à savoir qu’ils s’inscrivent dans un mode opératoire très strict et répétitif, allant toujours dans le même sens, toujours biaisés de manière à atténuer les crimes du même protagoniste, et ne faisant aucun cas ni de la langue française ni des acquis scientifiques, ont choisi leur camp.

 

Car le conflit israélo-palestinien n’est pas et n’a jamais été une guerre de décolonisation mais un conflit entre deux légitimités d’essences diverses. Si la France voulait réellement nous aider à trouver la voie qui mène à la paix, elle abandonnerait déjà celle de la corruption des idées, car à tenter de convaincre la planète que dans un différend, un camp a raison quoi qu’il fasse, et l’autre a tort quoi qu’il entreprenne, c’est évidemment la guerre que l’on encourage.

 

J’ai énoncé par ailleurs les raisons techniques et matérielles qui poussent Paris à faire la Guerre à Jérusalem, mais il existe assurément d’autres motivations d’ordre culturel et historique. Et sans une grosse dose d’antisémitisme, je n’imagine pas que les élites d’un peuple pourraient corrompre leur propre langue simplement pour en stigmatiser un autre et le rendre vulnérable.

 

Qui plus est, lorsque le peuple en question s’est toujours comporté de manière amicale envers la France. Les mots tuent, ces mots ont tué et tueront encore plus que les armes les plus terribles, et pas uniquement en Israël, loin s’en faut.

 

Ceux qui s’imaginent que Camus traitait d’un sujet secondaire lorsqu’il a énoncé "mal nommer les choses ajoute au malheur du monde", œuvrent au malheur du monde et au leur.

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