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Un juif, un musulman, leurs enfants et une photo… « l’interaction humaine » virale des manifs anti-Trump

LE MONDE

Le week-end du 28 au 29 janvier, des dizaines de manifestations s’organisent dans les aéroports américains, pour protester contre les interdictions de territoire décidées par la Maison Blanche pour les ressortissants de sept pays à majorité musulmans.

A l’aéroport de Chicago-O’Hare, un photojournaliste capte une scène : deux hommes en train de discuter, chacun avec un enfant sur les épaules. L’un d’entre eux est juif, son fils porte une kippa et la pancarte « Nous avons déjà connu ça. Plus jamais. Les juifs contre le décret. » L’autre est musulman et porte sur ses épaules sa fille coiffée d’un foulard.

La photo, prise par Nuccio DiNuzzo du Chicago Tribune, est très vite devenue virale, ce qui relève de l’exploit tant les images des manifestants, chacun avec son signe et sa pancarte, étaient omniprésents dans la presse et en ligne, de l’investiture de Donald Trump jusqu’aux manifestations du week-end dernier.

Elle a été postée sur le compte Twitter du photographe, retweetée 10 000 fois, et sur le compte Instagram du Chicago Tribune. Elle a touché une corde sensible, au-delà des thèmes qui sautent aux yeux comme la religion et de la famille. Comme l’a rappelé quelqu’un sur Reddit, le mot « empathie », calligraphié en grosses lettres sur la pancarte de l’un des deux pères, signifie la « capacité à comprendre et partager les sentiments de l’autre ».

Les hommes sur la photo sont Jordan Bendat-Appel, rabbin de Deerfield, et Fatih Yildirim, de Schaumburg, deux banlieues de Chicago. Les deux enfants se prénomment respectivement Adin (9 ans) et Maryem (7 ans).

Joint par le Huffington Post, Jordan Bendat-Appel a raconté les coulisses du cliché. Il venait de rencontrer Fatih Yildirim, venu comme lui à la manifestation.

« Mon fils Adin voulait se rapprocher du premier rang pour mieux voir. Il était très content d’être là. Il m’a demandé de monter sur mes épaules et nous nous sommes retrouvés à côté de Fatih et sa famille. »
Au moment où la photo a été prise, les deux hommes étaient en train d’échanger l’adresse d’un restaurant où manger un bon steak casher. Interrogé sur le caractère symbolique qu’on peut projeter sur cette photo, Jordan Bendat-Appel préfère rappeler l’essentiel :

« C’était simplement une interaction humaine. Pas celle d’un juif avec un musulman, mais celle de deux êtres humains, qui se ressemblent assez pour être frères, et qui se lèvent pour défendre ce qui est juste. »
Après la photo, les deux hommes ont échangé leurs numéros. Les Yildirim sont invités à dîner pour shabbat chez les Bendat-Appel (les deux villes sont à trente minutes de distance en voiture). « Je fais un steak, il apporte les baklavas », a précisé M. Bendat-Appel, qui ajoute :

« J’espère qu’en voyant cette photo – et je pense que Fatih serait d’accord avec moi – les gens verront que l’on peut être ensemble, que nous sommes des êtres humains et que même les enfants peuvent comprendre qu’un choix simple s’offre à nous : nous pouvons choisir l’amour et la bienveillance, même quand nous avons des raisons de ressentir de la crainte et de la méfiance. »
Par Big Browser

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