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Acteur, Réalisateur, Scénariste, Metteur en Scène, Producteur, zoom sur un autodidacte accompli…

Né un certain 7 décembre 1970, cet enfant du Faubourg Montmartre était prédestiné à suivre les pas de son père et devenir, comme lui, commerçant. Mais celui qui doit son prénom à une icône du cinéma américain, (sa mère l’a mis au monde alors qu’elle regardait « Au nom de la Loi » avec Steve Mac Queen), s’est rapidement vu happé par une avidité pure et brute d’endosser la panoplie du parfait comédien et de devenir un jour, à son tour, le « héros » de sa famille. Le théâtre, il l’a tout d’abord approché de façon clandestine puisqu’il s’inscrit à l’insu de ses parents, aux classes libres du Cours Florent, alors dirigées par Isabelle Nanty et Francis Huster. La même année, il suivra un stage « Actor Studio ». Tout d’abord tenté par la comédie, Steve Suissa aime cependant prendre son temps, et, tel un félin, marquer son territoire.

C’est Jean-Luc Godard qui lui offre son premier rôle de cinéma dans « Nouvelle Vague », aux côtés d’Alain Delon… S’il vous plaît ! Entre scène et télévision (avec pas moins d’une trentaine de rôles et plusieurs apparitions entre autres, dans la série Navarro), Steve poursuit son ascension et cherche sa voie dans ce monde où l’on ne vous laisse pas toujours beaucoup d’espace pour trouver votre place. Porté par une frénésie naissante, il se met à observer et à passer au crible des cinéastes qui le fascinent, et qui lui transmettent cette irrésistible envie de pouvoir s’exprimer bien sûr, par le jeu, mais pas seulement… Puis, las d’attendre le désir des autres pour se révéler et montrer ce qu’il était capable de faire, il crée, en 1999, sa propre Société de Production « Les Films de l’Espoir ».

Son destin désormais en mains, il est temps pour lui de se jeter dans le grand bain et de faire le saut dans l’inconnu. Après avoir fait l’acteur, c’est décidé, il deviendra réalisateur. Sa rencontre avec Marc Esposito (« Le Coeur des Hommes ») sera décisive à son incursion dans la Cour des Grands puisque c’est avec lui qu’il co-signera le scénario de son premier long métrage : « L’Envol ». C’est non sans une certaine audace doublée de témérité qu’il se lance alors dans la réalisation avec ce récit, pour partie autobiographique qui lui permettra, telle une chrysalide de prendre justement le sien et de remporter un premier succès d’estime de la part des professionnels de l’aride milieu du 7ème Art, et du public.

Suivront « Le Grand rôle », adaptation du roman éponyme de Daniel Goldenberg avec Stéphane Freiss et la fraichement césarisée Bérénice Bejo. Puis un film de commande « Cavalcade », adapté d’un roman autobiographique de Bruno de Stabenrath dans lequel Titoff est mis en lumière, dans un rôle dramatique totalement à contre emploi du registre dans lequel il a l’habitude de s’illustrer. Enfin, et plus récemment (en 2009), c’est au film noir à l’ancienne que Steve Suissa s’essaie, avec le très réussi « Mensch », œuvre dans laquelle il offre un face à face délicieux entre deux pointures du cinéma français Samy Frey et Maurice Benichou pour ne citer qu’eux, autour desquels s’imposent de façon plus qu’honnête, Nicolas Cazalé et Anthony Delon.

Mais ce passionné ne s’arrête pas là et revient très régulièrement à ses premières amours… le Théâtre. Habité par une ambition aussi folle que parfaitement maîtrisée, il a cette année, donné chair et mis en scène le cultissime « Il était une fois le Bronx », pièce de théâtre originale de Chazz Palminteri (1986), portée à l’écran quelques années plus tard (1993) par (excusez nous du peu), Robert de Niro. Il fallait y aller, et oser se frotter à ce colosse !! C’est à son pygmalion de théâtre Francis Huster que Steve Suissa confiera dans « Bronx », un magnifique défi de comédien, celui d’endosser le costume de pas moins de 18 personnages, seul sur scène, dans une prestation remarquable qui plonge le spectateur dans les lumières chaudes, bleutées et sensibles de ce décor new-yorkais.

Le théâtre, il en est question aujourd’hui encore, puisque cet insatiable du travail qu’est Steve Suissa mettra en scène, « Le Journal d’Anne Frank », selon un texte original très attendu écrit par Eric-Emmanuel Schmitt. Il y retrouvera son complice et ami Francis Huster qui prendra les traits d’Otto Frank, avec, à ses côtés dans la peau d’Anne Frank, la toute jeune et prometteuse Roxane Duran, découverte par Michael Haneke dans le « Ruban blanc » , Palme d’Or au Festival de Cannes 2009… Toute une référence. C’est au Théâtre Rive Gauche, dès le 5 septembre prochain, que les curieux pourront venir découvrir une autre facette de ce « touche à tout » qu’est aussi le metteur en scène et acteur de théâtre Steve Suissa.

Avide de travail, véritable passionné, c’est avec une fougue et une énergie évidentes que Steve Suissa aime à naviguer entre direction d’acteur et acteur. Enthousiaste, mélancolique, celui qui se définit comme quelqu’un de plutôt solitaire, fonctionne à l’affect et réalise aujourd’hui son rêve absolu, celui de pouvoir vivre 100 vies en une. C’est en se donnant les moyens qu’il parvient à toucher, du bout des doigts, ses grandes espérances. N’oubliant jamais d’où il vient et le long chemin qu’il a du parcourir pour en arriver là où il en est, il sait conserver, intacte, cette part d’humilité qui le rend si noble. Lui qui aime poser son regard ou sa caméra sur des sujets qui parlent de vraies destinées, de parcours de vie singuliers, se plait à décrire dans ses films, dans ses pièces de théâtre, avec force, vérité et minutie, les univers qu’il affectionne et qui le touchent tout particulièrement.

Authentique, brut, doté d’un magnétisme certain, d’une beauté virile, et d’un œil charmeur, c’est avec une malice toute contenue que cet « homme orchestre » sait associer à son art, le terme de « quintessence ». Celui qui voit dans le théâtre une activité subtile et complémentaire à celle du cinéma aime laisser libre cours à son imagination, à sa sensibilité et à ses émotions pour jouer, tant avec les visages qu’avec les mots. Autodidacte à l’état pur, sans doute se plait-il à jongler avec les notions de présent au théâtre et l’espoir d’éternité au cinéma… C’est à pas feutrés que Steve Suissa fait ses choix, et qu’il avance, de façon habile, entre ces deux mondes. Il faudra désormais compter sur cet homme de talent, qui ne cesse de garder un pied dans le théâtre, et l’autre, dans le cinéma, se jouant de brouiller les pistes et d’entraîner, instinctivement, son alter vers le théâtre, et son égo vers le cinéma… A moins que cela ne soit l’inverse…!

Filmographie sélective

CINEMA : Acteur

Mensch – 2009
Un homme et son chien – 2008
Edy – 2006
Cavalcade – 2004
Trois couples en quête d’orage – 2003
Le Grand Rôle – 2004
Le Bison – 2001
L’envol – 1999
Ronin – 1997
Neuf Mois – 1993
Nouvelle Vague – 1990

TELEVISION

Enquêtes Réservées – 2010
De Soie et de Cendre – 2003
Traquée – 2002
PJ – 1998
Navarro – 1997
La Voix du Sang – 1993

THEATRE : Acteur

Baby Doll – 1999 – 1998
Le Baiser de la Veuve – 1998 – 1996
La Mouette – 1993

REALISATION CINEMA

Mensch – 2009
Cavalcade – 2004
Le Grand Rôle – 2003
L’Envol – 1999

REALISATION TELEVISION

La Peste – 2011
Trop Plein d’Amour – 2003
Traquée – 2002
Elle Pleure Pas – 2001

MISE EN SCENE THEATRE

Le Journal d’Anne Frank – 2012
Bronx – 2012
Une Liaison Pornographique
La Femme Rompue
Pieds Nus dans le Parc

Laurence Salfati

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