JUIN 1967, LA GUERRE DES SIX JOURS (VIDEO)
Le lundi 5 juin 1967, Israël lance ses blindés et son aviation contre ses voisins arabes. C'est le début d'une offensive qui durera six jours et imposera de nouvelles frontières dans la région, tournant majeur dans le conflit du Proche-Orient qui n'est toujours pas réglé, un demi-siècle plus tard.
Auteur : Jean-Michel Comte
"La guerre a éclaté au Moyen-Orient", titre France-Soir en Une, ce mardi 6 juin 1967. Le monde entier ignore encore que ce sera une offensive éclair, qui ne durera que six jours.
Depuis la première guerre de 1948-1949 entre Israël et ses voisins arabes, puis après la crise de Suez en 1956, la tension est restée vive dans la région. Elle est à son comble en ce début juin 1967, après des mois de manoeuvres diplomatiques et militaires.
Plusieurs mois auparavant, l'Egypte de Nasser a noué une alliance militaire avec la Syrie, dont les nouveaux dirigeants, des militaires du parti Baas, sont hostiles à Israël. En s'alliant également avec la Jordanie et l'Irak, Nasser accélère les choses, après avoir demandé à l'ONU d'évacuer ses troupes du désert du Sinaï et mis en place le blocus du détroit de Tiran, qui donne accès au port israélien d'Eilat sur la mer Rouge.
En Israël, les partisans de la diplomatie sont vite dominés par ceux de l'action militaire, comme le prouve l'entrée au gouvernement, le 1er juin, de Moshe Dayan et de Menahem Begin. Quatre jours plus tard, à 7h45, Israël déclenche les hostilités: ses avions bombardent l'aviation et les aéroports égyptiens. Puis une attaque terrestre est lancée, à la fois vers le nord et vers le sud.
"Violents combats aériens et de blindés entre Israël et l'Egypte", titre France-Soir sur toute la largeur de sa première page. Une carte situe les endroits de ces premiers combats, et le quotidien, dans sa "8e toute dernière" édition de ce lundi 5 juin (datée mardi 6) donne les premiers communiqués des deux parties.
D'un côté, "Les Israéliens déclarent: Nos troupes progressent vers le sud. Notre aviation attaque les aérodromes d'Egypte et de Jordanie. 117 avions ennemis abattus ou détruits au sol (une partie de l'aviation de bombardement égyptienne aurait été anéantie)".
De l'autre côté, "Les Egyptiens déclarent: 70 avions israéliens descendus. Le Caire bombardé (mais Israël dément)".
Il est aussi question en Une, pour ces premières heures de combat, d'un "raid israélien sur Damas", d'un cessez-le feu à Jérusalem entre Israël et la Jordanie, tandis que "des avions syriens bombardent Haïfa". Les premières réactions dans le monde (Moscou, Washington, Londres, ONU) sont prudentes, tandis qu'en France "De Gaulle ajourne son voyage en Pologne".
France-Soir souligne enfin, en bas de page, qu'il y a "trois mois de stocks d'essence en France"... (La guerre du Kippour, en 1973, aura en fait beaucoup plus de conséquences sur l'approvisionnement pétrolier de l'Occident).
Cette "attaque préemptive" d'Israël de juin 1967, qui prendra fin le samedi 10 avec la défaite des armées arabes et un cessez-le-feu général sous l'égide de l'ONU, permettra à l'Etat hébreu de tripler sa superficie, avec les annexions de la bande de Gaza, du Sinaï, du plateau du Golan, de la Cisjordanie et de la partie est de Jérusalem.
On estime le bilan de cette Guerre des Six Jours à 750 morts et 3.000 blessés côté israélien et environ 20.000 morts (dont la moitié d'Egyptiens) côté arabe.
Quelques mois plus tard, le 22 novembre, la fameuse Résolution 242 du Conseil de sécurité de l'ONU sera adoptée, qui, afin de parvenir à "une paix juste et durable au Moyen-Orient", prévoit à la fois "le retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés lors du récent conflit" et, pour chaque Etat de la région, le "droit de vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues".
Le traité de paix entre Israël et l'Egypte, en 1979 (suite aux Accords de Camp David l'année précédente), permettra la restitution du Sinaï aux Egyptiens. Puis Israël se retirera de la bande de Gaza et d'une partie de la Cisjordanie en vertu des Accords d'Oslo en 1993, suivis du traité de paix israélo-jordanien de 1994. Le plateau du Golan, lui, reste annexé par Israël. Et le conflit du Proche-Orient entre Israéliens et Palestiniens n'est toujours pas réglé, 50 ans après le tournant de l'Histoire que fut la Guerre des Six Jours.
(Voir ci-dessous une vidéo d'actualité sur la Guerre des Six jours sur le site de l'INA):
Auteur : Jean-Michel Comte