Pâque juive et Pâques chrétiennes
A l'origine, la Pâque juive.
L'évangile de Luc rapporte que les parents de Jésus "se rendaient chaque année à Jérusalem pour la fête de la Pâque (en hébreu : pessah, passage)". Les Juifs célébraient à cette occasion la sortie du peuple d'Egypte où il était esclave pour rejoindre la Terre Promise, sous la conduite de Moïse (voir Exode). Pessah, passage car, avant d'entrer dans la Terre Promise (la terre de la liberté, où ils ne sont plus esclaves), le peuple Hébreux a dû cheminer 40 ans dans le désert (40 étant un nombre qui symbolise toujours des temps de préparation, des temps de pénitence et de rénovation spirituelle et le désert étant le lieu de l'épreuve, de la tentation et du vide) et traverser la Mer Rouge, la mer, l'eau étant dans ce cas symbole de mort. Ainsi, le croyant passe d'un état à un autre, du péché à la vie et à la purification par la pénitence. La célébration principale prend la forme d'un dîner, le serder, où famille et amis commentent cet épisode essentiel.
A ce thème de l'Exode se mêlaient aussi deux fêtes anciennes : une fête sacrificielle d'origine nomade et qui avait pour rituel le sacrifice d'un agneau et une fête de la moisson, dite des pains azymes (ou matsot) qui avait lieu au début de la récolte de l'orge. Les pains azymes sont des "pains neufs", confectionnés sans le levain obtenu à partir du vieux pain.
La Pâques chrétienne.
La fête de Pâques, la plus importante pour les chrétiens, commémore la résurrection de Jésus-Christ. L'Evangile relate la passion du Christ, sa mort sur la croix, sa mise au tombeau, sa descente aux enfers. et sa résurrection, le 3° jour, conformément aux Ecritures. C'est par la bouche ou à travers le regard de témoin que nous apprenons que le Christ est ressuscité : les femmes de son entourage qui se sont rendues au tombeau pour embaumer son corps ont trouvé le tombeau vide ; l'une d'entre elles le verra, peu de temps après, tout comme les disciples d'Emmaüs avec qui il fait un bout de chemin. Il est ressuscité : cela signifie que le puissance du Dieu amour, du Père de Jésus-Christ, s'est déchaînée, et que ce cadavre exposé à la putréfaction est redevenu un corps vivant, le même corps du même Jésus, vivant et bien vivant, vraiment ressuscité. Cet événement fonde, contient, résume toute la foi chrétienne.
La date de Pâques
La célébration de la Pâques du Christ a une longue histoire. Dès la première génération, les chrétiens ne pouvaient choisir, pour faire mémoire de la Résurrection de Jésus, d'autre date que celle de la Pâque juive, soit le 14 nisan. Il fallut attendre le 2° siècle pour que l'on songe à en faire une fête typiquement chrétienne. Vers 190, le pape Victor officialisa une pratique en usage à Rome : selon cette pratique, la célébration de Pâques était fixée au "premier jour de la semaine", soit au dimanche qui suivait le 14 nisan. Des divergences ayant surgi entre les chrétiens dans le calcul du jour d'incidence du 14 nisan, le concile de Nicée, en 325, trancha à nouveau. Pour se séparer des Juifs, le concile décida que la fête de Pâques serait célébrée "le dimanche qui suit la pleine lune venant après l'équinoxe de printemps, soit entre le 22 mars et le 25 avril".
A partir de 1583, un nouveau calendrier fut proposé par le pape Grégoire XIII pour corriger les inconvénients de l'ancien calendrier julien. Cette mesure devait introduire une fois encore une divergence entre les Eglises d'occident, qui acceptèrent cette réforme, et celles d'Orient qui voulurent conserver le calendrier julien. Cela explique que la date des Pâques orthodoxes connaît certaines années un décalage de une ou de 5 semaines avec celle des Eglises catholique, anglicane et réformée.
- Sources :
o Les religions des hommes, le Judaïsme, Laurence E. Sullivan, Cerf/Magnard 2000
o Vivre la semaine sainte, Fêtes et Saisons n°532, février 1999
o Chrétien, quelle est ta foi ? 100 questions, 100 réponses, Desclée de Brouwer