C'est bien joli tout ça, c'est en partie vrai, mais l'antisémitisme était quotidien.
Je me souviens d'avoir entendu l'insulte "Sale Juif" dès l'âge de 4 ans, puis souvent ensuite à la sortie de l'école par des gamins qui nous agressaient, nous volaient, mais je ne me laissais pas faire, je me battais, utilisant mon cartable comme arme, et heureusement il y avait toujours un adulte qui finissait par les faire fuir.
J'avais 12 ans lorsque la Guerre des 6 jours éclata, une voisine fut tuée à coups de couteau, il était hors de question d'aller à l'école, de sortir jouer dehors, alors j'écoutais Radio France, qui transmettait avec traduction ce qui se disait : Israël allait bientôt être complètement détruit, on allait arracher les ongles aux Juifs et tous les tuer, etc. Effrayant, mes parents tremblaient...
Soudain, l'on se mit à applaudir, à effectuer des pas de danse, quelle joie d'apprendre qu'Israël était toujours debout !
Mais, mon père a perdu son emploi parce que Juif, ma mère avait peur pour ses filles qui devenaient adolescentes, l'on parlait d'enlèvements, elle voulait rejoindre sa famille en Israël.
Le Maroc, pays de leurs ancêtres, n'était pas leur pays, ce fut le terrible constat, il fallait plier bagage, car s'il y a eu un miracle, ce n'est pas sûr qu'il y en ait un deuxième.
Mon père préféra la France parce qu'il était responsable d'une grande famille, étant le seul à pouvoir travailler. Il ne connaissait que des bribes d'hébreu, par contre il maîtrisait parfaitement le français.
Dès lors, commença pour lui la grande bataille pour obtenir les passeports, bakchich par ci, bakchich par là... Pour la vente des meubles, j'ai entendu l'homme qui voulait les acheter lui répondre que de toute façon valait mieux accepter la modique somme qu'il proposait car bientôt ils seront gratuits...
Je me souviens de la frayeur que j'ai eu en voyant deux policiers emmener mon père je ne sais où, juste avant que l'on prenne le bateau. Il est revenu longtemps après, jamais il n'a voulu me raconter ce qu'il s'était passé, occultant complètement cet évènement, puis il y a eu un défilé d'hommes en costume militaire, enfin.. d'après mon jugement, mon père sortait son portefeuille et distribuait de l'argent.
L'arrivée en France fut un très grand soulagement, et une autre histoire...
Esther Eva Harbon
C'est bien joli tout ça, c'est en partie vrai, mais l'antisémitisme était quotidien.
Je me souviens d'avoir entendu l'insulte "Sale Juif" dès l'âge de 4 ans, puis souvent ensuite à la sortie de l'école par des gamins qui nous agressaient, nous volaient, mais je ne me laissais pas faire, je me battais, utilisant mon cartable comme arme, et heureusement il y avait toujours un adulte qui finissait par les faire fuir.
J'avais 12 ans lorsque la Guerre des 6 jours éclata, une voisine fut tuée à coups de couteau, il était hors de question d'aller à l'école, de sortir jouer dehors, alors j'écoutais Radio France, qui transmettait avec traduction ce qui se disait : Israël allait bientôt être complètement détruit, on allait arracher les ongles aux Juifs et tous les tuer, etc. Effrayant, mes parents tremblaient...
Soudain, l'on se mit à applaudir, à effectuer des pas de danse, quelle joie d'apprendre qu'Israël était toujours debout !
Mais, mon père a perdu son emploi parce que Juif, ma mère avait peur pour ses filles qui devenaient adolescentes, l'on parlait d'enlèvements, elle voulait rejoindre sa famille en Israël.
Le Maroc, pays de leurs ancêtres, n'était pas leur pays, ce fut le terrible constat, il fallait plier bagage, car s'il y a eu un miracle, ce n'est pas sûr qu'il y en ait un deuxième.
Mon père préféra la France parce qu'il était responsable d'une grande famille, étant le seul à pouvoir travailler. Il ne connaissait que des bribes d'hébreu, par contre il maîtrisait parfaitement le français.
Dès lors, commença pour lui la grande bataille pour obtenir les passeports, bakchich par ci, bakchich par là... Pour la vente des meubles, j'ai entendu l'homme qui voulait les acheter lui répondre que de toute façon valait mieux accepter la modique somme qu'il proposait car bientôt ils seront gratuits...
Je me souviens de la frayeur que j'ai eu en voyant deux policiers emmener mon père je ne sais où, juste avant que l'on prenne le bateau. Il est revenu longtemps après, jamais il n'a voulu me raconter ce qu'il s'était passé, occultant complètement cet évènement, puis il y a eu un défilé d'hommes en costume militaire, enfin.. d'après mon jugement, mon père sortait son portefeuille et distribuait de l'argent.
L'arrivée en France fut un très grand soulagement, et une autre histoire...
Esther Eva Harbon