ON NE CHANGE PAS LE PASSÉ
Ce qui me dérange le plus, ce sont les mauvaises pensées qui me traversent l’esprit.
Plus je lis sur la souffrance que mon peuple a subi au cours des ages, par toutes les communautés du monde, et de façon exécrable, moins j’ai envie de vivre. Car je vivrai pour lire encore plus de ces souffrances et me sentirais torturé par ce que mes ancêtres et corréligionnaires ont écopé.
Je lis ‘’From Time Immemorial’’ de Joan Peters ou l’on raconte ce que les Juifs ont goûté dans chacun des pays arabes ou ils vivaient. Comment nous avons survécu à tout cela est presque inimaginable. Que le monde soit témoin de ces actes et ne fasse rien rend l’acceptation d’une telle situation encore plus écœurante.
Que puis-je faire?
Comment réparer tout ce qui a été fait? Tous ces morts qui n’ont eu pour culpabilité que le fait d’être Juifs. L’histoire se répète. Cela arrivera-t-il de nouveau?
Je suis trop aigri. Je ne me laisserai pas faire, comme tant ont fait se repliant sur leur religion. Celle ci a peut-être ses avantages, mais elle n’a pas sauvé des millions d’hommes, de femmes et d’enfants au cours de l’histoire.
Autant les Chrétiens que les Musulmans sont coupables. Le savent-ils? J’en doute. On oublie, tout s’oublie. Il reste les livres qui rapportent le passé sans pour autant l’effacer ou le réparer.
Dois-je me réjouir de la mort de mon ennemi? Qu’est ce que cela me rapportera? Rien. Une satisfaction? Même pas. Comment faire pour leur expliquer? Encore faut-il qu’ils veuillent bien écouter.
Ce sujet me trouble qu plus haut point. Il m’enlève le goût de vivre.Comment vivre et apprendre tout ça, se sentant impuissant? On ne change pas le passé.
Faut-il changer l’avenir? Comment? Des hommes de bonne volonté existent, mais ou sont-ils? Incompris, probablement comme tant d’autres. Il fut un temps ou la mode était à l’exécution de l’ennemi, le Juif, le bouc émissaire de tant de générations. Les sociétés s’encourageaient, les armées s’en régalaient et notre nation subissait sans même pouvoir se défendre. Et si elle se défendait, c’était pire. Ou va-t-on?
Lorsque je pense que les religions ont souvent été à l’origine de tous ces massacres, je me demande à quoi servent-elles? Pourquoi ne pas renoncer à toute religion qui prône la haine et la violence?
Oui, les hommes sont faibles. Oui, les hommes ont besoin de leaders, mais ces derniers se laissent berner tant par les promesses faites par ce que leur demande leur religion que par leur désir du pouvoir. Ce fameux désir qui ruine des civilisations au nom d’un individu, qu’il soit Jésus, Mohammed, Attila, Hitler ou Khomeini.
Quand allons nous apprendre? Quand le culte de la personne va-t-il s’effondrer? Quand la race humaine va-t-elle se résigner à vivre et concevoir que l’harmonie et l’égalité plutôt que la concurrence permanente sont les symboles d’une vie?
Le présent n’est guère garant de l’avenir quand on voit que l’antisémitisme ne cesse de se propager. Les gouvernements, de par leur fameuse liberté d’expression manquent de recours, passent à coté, espérant que ça va passer. Mais ça ne passe pas.
J’ai hâte, hâte à ne plus entendre ces libelles, ces diffamations qu’on promulguait sans arrêt contre nous. Je crains ce pendant que de mon vivant, je ne cesserai d’être témoin et c’est pourquoi ne vivant plus, j’aurai le privilège de ne plus souffrir de tout cela.
JACQUES HADIDA