La Prophétie de la Pierre et de l’Arbre, un hadith antisémite largement utilisé
MEMRI TV a dernièrement traduit et mis en ligne des extraits d’un sermon du vendredi prononcé le 15 décembre 2017 par Mohamed Tataï, ancien imam de la mosquée Ennour de Toulouse et actuellement imam de la nouvelle Grande Mosquée de Toulouse, dans lequel il citait un hadith antisémite.[1]
Au fil des ans, MEMRI TV a traduit de nombreux sermons citant ce hadith. Dénommé « La prophétie de la Pierre et de l’Arbre », il figure dans les compilations de hadiths de Muslim [875 EC], Al-Tirmidhi [892 EC], et Ibn Hanbal [855 EC],[2] et une version abrégée figure dans la compilation de Bukhari [870 EC].
Selon la version longue, au Jour du Jugement, les musulmans combattront les juifs, et les juifs se cacheront derrière les pierres et les arbres. Alors les pierres et les arbres parleront, interpellant les musulmans en ces termes : « Ô musulman, ô serviteur d’Allah, il y a un juif derrière moi, viens et tue-le ». Puis tous les arbres les imiteront, rapporte le hadith, à l’exception d’un seul, l’arbre Gharqad, qui est par conséquent défini comme « l’un des arbres des juifs ».[3]
Plusieurs imams ont prétendu qu’Israël, averti du destin qui attend les juifs au Jour du Jugement, fait planter de nombreux arbres Gharqad pour se protéger.[4] Un imam a même laissé entendre que le phénomène était visible par Google Earth.[5]
Dans un communiqué publié le 12 juillet 2018, la Grande Mosquée de Paris a présenté ce hadith comme un « hadith rapporté par un auteur traditionaliste (Abou Hourayra), lui-même rejeté par la dynastie musulmane des Omeyyades », précisant que « ce hadith n’avait pas lieu d’être exhumé de son oubli ».[6] Il s’avère toutefois que le hadith en question n’est jamais tombé dans l’oubli, mais est au contraire fréquemment cité, comme en témoigne la liste de sermons et discours ci-dessous, traduits par MEMRI, qui y font référence.
Notons aussi que le Hamas cite ce hadith dans sa charte [7]. Des déclarations officielles d’organisations salafistes djihadistes telles qu’Al-Qaïda y font allusion dans leurs discours. Ossama ben Laden l’avait notamment cité dans un sermon en date de février 2003 marquant l’Aid Al-Adha [Fête du Sacrifice].[8]