Un investissement américain à Dakhla: éoliennes, 900 MW d'électricité et blockchain
C’est un projet intéressant, inédit et hautement technologique qui est annoncé au Maroc. Un projet international qui pourrait être une sorte de laboratoire du futur. La mise finale annoncée se situe entre 1,4 et 3 milliards de dollars!
Un Fonds américain de capital investissement, Brookstone Partners, est à l’origine de cette initiative.
L’investissement qui se situera dans une fourchette de 1,4 à 3 milliards de dollars sur 5 ans, sera effectué entièrement en devises, apprend Médias24 de source proche des promoteurs. Le projet est basé à Dakhla, l’un des endroits ayant le meilleur capital vent au monde.
Il s’agit de créer une ferme éolienne de 900 MW à terme, pour produire de l’énergie sur la base de la loi 16.08, c’est-à-dire de la production d’électricité pour usage personnel. Cette énergie propre et renouvelable sera utilisée pour... faire tourner des serveurs destinés à la blockchain.
Ce sera, en énergies renouvelables, le premier projet de cette envergure destiné à la blockchain, une technologie qui requiert une très forte consommation d'énergie.
Blockchain ne signifie pas obligatoirement bitcoin ni crypto monnaies.
A terme, le projet devrait créer 1.200 emplois d’ingénieurs sur un horizon de 5 à 10 ans, selon nos sources.
Le projet a fait l’objet le vendredi 27 juillet, d’un communiqué de la part de l’un de ses promoteurs, la société Soluna.
Brookstone qui va injecter 100 millions de dollars dans le projet, démarre également, «d’une manière imminente», sa première levée de fonds. Toutes les levées se feront en devises et à l’international.
Le projet sera déployé par paliers, pour atteindre à terme une taille cible de 900 MW. La construction est prévue pour commencer début 2019 avec une entrée en production de la première tranche de 50 MW, début 2020. La seconde tranche, de 300 MW, devrait être lancée l’année suivante.
Le projet est porté par Brookstone Partners qui contrôle les deux opérateurs : Soluna d’une part et AM Wind d’autre part.
AM Wind avait été créée en 2009 par Altus et deux personnes physiques, Mohamed Amine Amzazi et Mohamed Larbi Loudiyi. Son objectif était un parc éolien à Dakhla, dans le cadre de la loi 13.09, celle qui permet de produire et de vendre à l’ONEE. Mais la connexion au réseau ONEE tarde et sans elle, le modèle tombe à l’eau. Les promoteurs décident alors de passer au modèle prévu par la loi 16.08 avec une utilisation pour leur propre ferme de serveurs de blockhain.
Au cours de la semaine qui vient de s’écouler, AM Wind est entièrement cédée à Brookstone. L’acte de cession a été signé au Maroc et il sera enregistré dans les prochains jours. Mohamed Larbi Loudiyi et Altus restent dans l’opérationnel. Le premier en tant que DG d’AM Wind, une belle consécration pour cet ingénieur spécialisé dans les énergies renouvelables. Altus quant à lui, reste partenaire technique du projet.
La ferme éolienne et les serveurs sont détenus par AM Wind. C’est Soluna qui est l’opérateur de cet ambitieux projet, dans les infrastructures d’AM Wind, et qui sera chargé de relier les capacités de calcul au réseau mondial de blockchain. Le site d’implantation s’étend sur 15.000 hectares.
Selon nos sources, le projet est fortement soutenu par les autorités locales qui ont alloué le foncier, ainsi que par le département de Moulay Hafid Elalamy. Une convention d’investissement devrait être signée à la rentrée.
Sur son website, Soluna annonce qu'elle "développera le site éolien phare d'une manière modulaire appelée Pods. Chaque Pod comprend 12 MW de production d'énergie, un système de stockage associé, et un centre d'exploitation de crypto-monnaie ou Blockchain de 6 MW. Le site complet peut accueillir environ 75 pods, en fonction de la technologie de turbine actuelle. L'infrastructure entière sera développée conformément aux lois et règlements marocains applicables. La première phase consistera en trois Pods, soit l'équivalent de 36 MW de capacité de production d'énergie, et 18 MW d'installations informatiques avec la capacité de produire 160 882 térahs par seconde".
L’une des autres caractéristiques du projet est la présence d’une personnalité qui a joué un rôle clé: Dwight L. Bush, ancien ambassadeur des Etats-Unis au Maroc, qui a «aidé et poussé» à la concrétisation du projet. Il est aujourd’hui, membre du conseil consultatif de Soluna. Après avoir quitté l’ambassade américaine à Rabat, il a créé et préside la DL Bush & Associates.