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Si une autre espèce causait autant de dégâts que l'humanité, on ferait tout pour s'en débarrasser au plus vite

Les partis pour les animaux font face à une lourde tâche: donner une voix aux 99,99%, dans l'intérêt également des 0,01%.​​​​​​​

  • Par Isabelle Dudouet-Bercegeay

Si une autre espèce causait autant de dégâts que l'humanité, on ferait tout pour s'en débarrasser au plus vite.

Les politiciens adorent les majorités. Des majorités pour former des coalitions, des majorités pour atteindre leurs objectifs, des majorités pour transformer vos opinions en mesures politiques. Cependant, nous humains, ne sommes en aucun cas une majorité.

Une étude récente d'un groupe international de scientifiques éminents, dirigée par le professeur Ron Milo de l'Institut Weizman des sciences, montre que l'humanité se comporte tel un fléau vis-à-vis des autres formes de vie sur Terre, alors que les 7,6 milliards d'êtres humains qui peuplent la Terre représentent seulement 0,01% de toutes les formes de vie présentes sur la planète.

Si n'importe quelle autre espèce causait autant de dégâts que ne le fait l'humanité, on ferait tout pour s'en débarrasser au plus vite. C'est déjà ce que l'on fait avec des espèces qui sont d'une importance pourtant vitale à notre propre survie: nous combattons par exemple les insectes à large échelle à l'aide de pesticides, en mettant en danger nos propres vies par la même occasion.

Seule une approche respectueuse envers les autres formes de vies sur Terre peut nous offrir un futur durable. Bien que nous soyons conscients de tout cela, nous ne semblons pas le réaliser pleinement. Depuis l'aube de notre civilisation, 83% de tous les mammifères sauvages et la moitié des plantes ont été exterminés à cause de l'intervention humaine. La transformation de la vie sur Terre se manifeste d'ailleurs de la façon la plus frappante dans la réorganisation totale de sa biodiversité - ou l'absence de celle-ci.

Prenons les oiseaux par exemple. La consommation mondiale de poulet a explosé avec l'arrivée de la bio-industrie après la Seconde Guerre mondiale. De nos jours, le poulet est l'espèce d'oiseau la plus répandue dans le monde, avec environ 60 milliards d'oiseaux tués chaque année. La volaille d'élevage représente 70% de tous les oiseaux de la planète, ce qui signifie que 30% seulement des oiseaux vivent à l'état sauvage. Et au moins la moitié des races de poulets ont depuis disparu car l'industrie de la volaille se focalise sur la production de poulets produits de manière intensive.

L'humanité - ce 0,01% - est tellement centrée sur elle-même que presque tous les partis politiques déterminent leur politique en fonction des intérêts humains à court terme. Les animaux, la nature et l'environnement entrent en ligne de compte seulement quand tous les intérêts humains ont d'abord été satisfaits, et c'est très rarement le cas.

Le faible nombre de races est un risque en soi en ce qui concerne les défauts génétiques. En plus du très grand nombre de poulets qui sont élevés ainsi, l'usage excessif d'antibiotiques et les infections à grande échelle avec des pathogènes posent également un risque majeur pour la santé publique. Et, d'après les scientifiques, les zoonoses peuvent mener à une pandémie dans des proportions sans précédent.

Le professeur Jan Zalasiewicz, géologue à l'Université de Leicester, estime que le poulet d'élevage intensif est le principal indicateur d'une nouvelle ère, l'anthropocène, caractérisée par l'influence majeure des humains sur l'écosystème terrestre: "Le poulet d'élevage intensif est devenu l'oiseau le plus commun au monde. Il a été fossilisé dans des milliers de décharges et coins de rue à travers le monde".

Notre manière de vivre repose principalement dans le fait de maximiser notre prospérité à court terme. Notre empreinte écologique est si grande que tout ce que la Terre peut produire en un an est épuisé chaque année vers mi-août. Le reste de l'année nous vivons à crédit, prenant une avance irresponsable sur un avenir incertain. A moyen et long terme, cette manière de vivre ne menace pas seulement notre bien-être, mais aussi nos chances de survie en tant qu'espèce.

Mais l'humanité - ce 0,01% - est tellement centrée sur elle-même que presque tous les partis politiques déterminent leur politique en fonction des intérêts humains à court terme.

Les animaux, la nature et l'environnement entrent en ligne de compte seulement quand tous les intérêts humains ont d'abord été satisfaits, et c'est très rarement le cas. En France, l'examen du projet de loi sur l'agriculture et l'alimentation en a été un exemple frappant. La quasi-totalité des amendements qui visaient à supprimer des méthodes d'élevage et d'abattage qui génèrent des souffrances extrêmes pour les animaux ont été rejetés par les députés.

La nécessaire végétalisation de l'alimentation en restauration collective a également été rejetée alors même que les conséquences néfastes de la consommation de produits animaux pour l'environnement, la santé humaine et bien sûr les animaux eux-mêmes ont été démontrées. En outre, les amendements visant à interdire le glyphosate ont été rejetés malgré son impact majeur sur l'environnement et la biodiversité.

Le droit de contrôler et de soumettre les autres espèces jusqu'à la mort n'a aucune justification. Les humains font régner la loi du plus fort sur notre planète mais notre intelligence ne peut servir de justification à notre suprématie autoproclamée.

En 2006, pour la première fois dans l'histoire, un parti politique qui place en première ligne les intérêts des non-humains a été élu au sein d'un parlement national. Le Parti pour les animaux néerlandais a alors été élu au parlement avec deux représentants. Aujourd'hui, ce nombre a augmenté pour atteindre cinq membres au parlement national, deux au Sénat, 18 élus aux conseils régionaux, 33 dans les conseils municipaux et une au Parlement européen.

A l'international, le concept de partis animalistes, basés sur le principe de protection des plus faibles face au droit supposé des plus forts, est l'un des nouveaux mouvements politiques connaissant la plus forte expansion. Ces partis défendent l'intérêt des sans-voix mais, aussi, cette petite mais très dominante minorité d'êtres humains.

Le droit de contrôler et de soumettre les autres espèces jusqu'à la mort n'a aucune justification. Les humains font régner la loi du plus fort sur notre planète mais notre intelligence ne peut servir de justification à notre suprématie autoproclamée.

En tant que terriens, nous avons toutes les raisons de reconsidérer notre interaction avec les animaux, la nature et l'environnement. Les partis pour les animaux font face à une lourde tâche: donner une voix aux 99,99%, dans l'intérêt également des 0,01%.

Il y a à présent 19 partis pour les animaux dans le monde, et le Parti animaliste est l'un d'entre eux. Notre ambition est d'être vent debout pour tous les êtres sensibles dans le monde, y compris ceux qui sont toujours perçus par l'Homme comme une propriété, des sous-êtres, du bétail ou de la nourriture, alors qu'ils sont d'une importance essentielle pour donner du sens à nos vies.

Tribune co-signée par: Marianne Thieme, Party for the Animals (Pays-Bas); Santeri Pienimäki, Animal Justice Party of Finland (Finlande); Silvia Barquero, PACMA (Espagne); Bruce Poon et Tamasin Ramsay, Animal Justice Party (Australie); Endri Haxhiraj, Institute for Environmental Policy (Albanie); Therese Ericsson, Djurens parti (Suède); Cristiano Ceriello, Partito Animalista Italiano (Italie); Kyriacos Kyriacou, Animal Party Cyprus (Chypre); Constance Adonis Villalon, DierAnimal (Belgique); Liz White, Animal Protection Party of Canada (Canada); Robert Gabel, Matthias Ebner et Sandra Lück, Partei Mensch Umwelt Tierschutz (Allemagne); Héléna Besnard, Isabelle Dudouet-Bercegeay et Hélène Thouy, Parti animaliste (France); André Silva, Pessoas-Animais-Natureza (Portugal); Vanessa Hudson, Animal Welfare Party (Royaume-Uni); Ivan Kurajov, Society for the Protection of Animals (Serbie); Zülal Kalkandelen, Animal Rights Watch Committee, The Independent Animal Rights Group (Turquie); Ion Dron, Political Party "For People, Nature and Animals" (Moldavie); Ahmed TAZI, Animal welfare and sustainable development associative network RAPAD Maroc (Maroc).

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