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Une statue monumentale du capitaine Dreyfus sculptée en Auvergne va trôner en Israël

Le capitaine Dreyfus va relier les destinées de l’Auvergne et d’Israël. Sa sculpture monumentale, réalisée à Charbonnières-les-Vieilles, en est le trait d’union.

C'est un pan de l'histoire qu'ils ont entre leurs mains. La vertigineuse statue du capitaine Dreyfus est terminée. Ce sera seulement la seconde après celle exposée sur le prestigieux boulevard Raspail à Paris.

« L'affaire Dreyfus » a bousculé la France entre 1894 et 1906. Condamné pour intelligence avec l'Allemagne, il sera finalement innocenté. Durant douze ans, la France fut divisée profondément et durablement en deux camps opposés.

Une commande de 4 mètres de haut

Cent vingt ans après le célèbre article « J'accuse » d'Émile Zola, David De Gourcuff s'apprête donc à livrer la statue de bronze aux descendants de la famille Dreyfus. « C'est pour réaliser ce genre de folie que j'ai quitté mon poste de financier chez Michelin pour créer ma fonderie d'art ! »

Un travail de l'ombre, entre discrétion et responsabilité, qui a nécessité près de quatre mois de travail. « J'ai rencontré Yaël Pearl-Ruiz, son arrière-petite-fille, par une connaissance artistique commune. Elle désirait que nous réalisions une réplique de l'œuvre du sculpteur et caricaturiste Tim, qui se trouve au square Pierre-Lafue à Paris (6 e). Nous avons accepté ce défi sans hésiter ! »

C'est pour réaliser ce genre de folie que j'ai quitté mon poste de financier chez Michelin pour créer ma fonderie d'art ! »

Et à plusieurs centaines de kilomètres de là, Yaël Pearl-Ruiz piétine d'impatience. Cette statue de son arrière-grand-père, c'est bien plus que l'Histoire, c'est son histoire. « Je suis venue en Auvergne la voir. Elle fait un effet incroyable. La patine est parfaite. Et puis, ce symbole du capitaine Dreyfus qui ramasse son sabre brisé après l'humiliante dégradation pour le présenter fièrement à la foule en guise de réparation est très fort pour moi. C'est un hommage qui va au-delà des mots. »

Mais l'aventure ne s'arrête pas là. Glissée dans une housse étanche et une immense boite en bois, la statue va naviguer jusqu'à Tel Aviv, où une inauguration est prévue le 15 octobre par l'ambassadrice de France en Israël.

Philippe Val, ancien directeur de Charlie Hebdo animera une table ronde autour de la caricature. « Elle est très attendue. Elle va trôner dans un quartier très fréquenté situé au pied de l'Institut français. J'en suis émue d'avance… »

« On se sent un petit peu artiste ! »

PASCAL (mouleur à Saint-Eloy)

L'exceptionnel, David De Gourcuff en a fait une réalité quasi quotidienne dans sa fonderie de Charbonnières-les-Vieilles. Les artistes et designers Marc Petit, Hubert Le Gall, Martin Szekely, Mathieu Lehanneur, Xavier Veilhan, Richard Di Rosa ont déjà fait appel à ses services. Une activité prospère qui a permis à ce quinquagénaire d'acquérir en mars 2018 une nouvelle fonderie à Saint-Éloy-les-Mines.

Et sur place, à le voir tout sourire, dans son bleu de chauffe, Pascal, un historique du site, a retrouvé comme une seconde jeunesse. Dans son atelier aux températures écrasantes, il en redécouvrirait presque son métier. Désormais, à la place des commandes industrielles classiques « épuisantes et répétitives », Pascal et les collègues découvrent la fonderie d'art. « On se sent un petit peu artiste. On est fier. C'est très valorisant de se dire que l'on participe à une création. »
 

Appliqué à démouler les sculptures de Jean-Marie Aprioux, Sylvain se passionne pour ce qui lui était jusqu'ici impensable. « J'ai été voir le site du Palais de Tokyo pour admirer les œuvres d'Aprioux sorties de notre atelier. Inutile de vous dire que c'était une première ! ».

Carole Eon-Groslier - La Montagne