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Non-assistance à Israéliens en danger. Liebermann démissionne. (011411/18) [Analyse]

Par Stéphane Juffa © Metula News Agency

 

Sur le seul plan stratégique, accepter dans sa proximité immédiate la présence d’organisations terroristes hostiles et actives, refusant toute perspective de coexistence pacifique avec l’Etat d’Israël et œuvrant ouvertement à son génocide est un non-sens à caractère irresponsable. La présence des milices islamiques opérant à partir d’un territoire souverain, situé à 66km de notre capitale, Jérusalem, et ses 900 000 habitants, du Goush Dan et ses 4.5 millions d’habitants, à 12km d’Ashkalon (130 Khab.), 28km d’Ashdod (220 Khab.), 37km de Beersheva (204 Khab.), 45km de Rekhovot (129 Khab.) et 61km de Tel-Aviv et de ses 430 000 habitants procède d’une situation qu’aucune grande puissance soucieuse de sa sécurité ne saurait en aucun cas autoriser. Et qu’aucune autre grande puissance n’admet en réalité.

 

Cela fait longtemps que cette menace, capable d’atteindre toutes ces villes avec ses roquettes, et qui ne se lasse pas de tenter d’y parvenir, devait être éradiquée. Messieurs Netanyahu, Liebermann (ministre de la Défense) et Bennett ont maintes fois clamé cette nécessité triviale. Mais c’était alors qu’ils se situaient dans l’opposition parlementaire.

 

Les considérations de politique intérieure et internationale ne devraient avoir aucune prise sur cette constatation. Le danger que font peser les milices de Gaza sur les citoyens d’Israël étant simplement insupportable. Et l’attentisme, le suivisme des divers gouvernements Netanyahu et de ses alliés face à ce péril est clairement intolérable. Ce, d’autant plus que l’Etat hébreu possède largement les ressources pour y mettre un terme définitif en quelques jours d’une intervention militaire, sans même avoir, pour y parvenir, à déclencher l’Armageddon.

 

Israël compte un grand nombre d’experts en stratégie de valeur, qui endossent presque tous cette évidence. Il est regrettable que le gouvernement ne les écoute pas et qu’il ne suive pas non plus l’avis de ses propres conseillers. Il est fâcheux qu’il ait choisi la politique de l’ "Appeasement" ayant conduit Chamberlain aux Accords de Munich, avec les conséquences que l’on sait. Encore que le Hamas ne soit pas la Wehrmacht et l’enclave de Gaza ne soit pas l’Allemagne.

 

La concomitance avec les organisations terroristes islamiques de Gaza participe d’une aberration stratégique fort périlleuse. Mais ceux qui choisissent l’Appeasement ont été élus par le peuple, et la démocratie nous impose de subir leur choix déraisonnable. Lors, ce n’est pas sur ce point que nous portons nos accusations – précisément au nom des principes démocratiques et des règles républicaines stipulant les obligations d’un Etat -. C’est une option médiocre que nous critiquons vertement, mais que nous n’avons pas d’autre choix que d’accepter.

 

Hier soir, mardi, immédiatement après l’annonce du cessez-le-feu avec les milices islamiques, les habitants de Sdérot ont bloqué les accès à leur ville à l’aide de pneus enflammés. Ils ont été dispersés par la police anti-émeute, comme s’ils n’avaient pas été suffisamment mortifiés par deux jours de bombardements ennemis ayant causé de nombreux blessés, de multiples destructions dans leur cité, et ayant perturbé le cours de leur existence et occasionné des pertes de revenus pour tous les Sdérotins.

 

Des habitants des autres agglomérations israéliennes du pourtour de Gaza s’étaient joints à la manifestation, et le ressentiment à Netivot, Ashkalon, Beersheva et dans les kibboutzim est le même qu’à Sdérot.

 

Ils adressent des reproches graves à M. Netanyahu et à son gouvernement : ne pas avoir donné l’ordre à Tsahal d’intervenir afin d’endiguer les bombardements dont ils viennent d’avoir été les victimes. Ne pas avoir donné l’ordre à Tsahal de répliquer de manière proportionnelle et adéquate à ces attaques. D’avoir accepté un cessez-le-feu qui laisse intacte la capacité de nuisance de l’ennemi, avec plus de 6 000 roquettes dans son arsenal. D’avoir totalement abandonné la main au chef du Hamas tronc historique, Ykhyé Sinwar, qui a décidé du début des hostilités, de leur intensité, et du moment où le cessez-le-feu serait décrété.

 

De plus, Binyamin Netanyahu a maintenu ouverts les points de passage avec Gaza, par lesquels transitent tous les éléments nécessaires à confectionner les Qassam. En outre, deux jours avant le déclenchement du conflit, le Premier ministre, dans un acte caractéristique d’Appeasement, avait autorisé la remise au Hamas, par les points de passage, de la somme de 15 millions de dollars en espèces, payés par le Qatar [sur une promesse de financement de 90 millions]. Or cet afflux de devises a largement permis à l’organisation terroriste islamique de payer une partie des salaires en retard de ses miliciens et de racheter, de la sorte et immédiatement, leur obéissance. Sans cet argent, il est douteux que la majorité des terroristes aurait accepté de participer à une nouvelle confrontation avec Tsahal.

 

Mais le plus grave reste à venir. En un peu plus de 48h, les miliciens islamiques de Gaza ont tiré 480 roquettes Qassam sur Israël, blessant plus de soixante-dix personnes, dont quatre sont dans un état sérieux, en tuant une, à Ashkalon, et semant la désolation et le stress dans un périmètre de 40km à partir de la frontière de l’enclave palestinienne.

 

Au total, les milices ont lancé 24 tonnes de roquettes, qui contenaient 9.6 tonnes d’explosifs. A l’intention des lecteurs qui ne sont pas familiers avec la capacité destructrice de ce genre d’explosifs, nous mentionnons qu’une tonne (1 000kg) de ceux-ci suffisent à pulvériser un pâté de maisons ou d’immeubles et tous leurs occupants.

 

Nous devons encore préciser, notamment à l’intention de nos confrères français, que les Qassam sont des armes terroristes par excellence. Ils sont démunis de système de guidage et sont uniquement lancés en direction des agglomérations afin de faire le plus grand nombre de victimes civiles possible. Les Qassam, en raison de leur imprécision, sont inopérants contre des soldats.

 

Les terroristes étant des individus armés s’attaquant systématiquement à des civils, selon la définition de la Ména désormais largement adoptée par les spécialistes et les organisations internationales.

 

Lundi, dans la nuit de lundi à mardi, et mardi, avec mon compère Jean Tsadik, les habitants du pourtour de Gaza et l’ensemble de ceux d’Israël, nous avons attendu la riposte de Tsahal que nous promettaient Netanyahu et ses ministres à grands coups d’envolées lyriques. Elle n’est jamais venue !

 

Bien pire que cela : l’Armée de Défense d’Israël, l’IDF, Tsahal, n’a jamais reçu l’ordre d’intervenir contre les lanceurs de roquettes. Vous lisez bien, hormis dans deux cas très isolés et sans effets tactiques, le gouvernement de l’Etat d’Israël n’a pas donné l’ordre à son armée de faire cesser ou d’atténuer les bombardements qui frappaient la population de l’Etat d’Israël.

 

En fait, il a laissé agir les lanceurs de Katiouchas, en interdisant au contraire à nos pilotes de les neutraliser. C’est ce qui explique les 480 Qassam tirés en une seule journée qui constituent un record absolu. L’ancien datait de 2014, lorsque 250 de ces projectiles avaient été tirés en 24h.

 

Vous avez de la peine à me croire et comme je vous comprends ! Prenez alors connaissance des témoignages de deux pilotes de chasseurs-bombardiers qui ont participé aux opérations sur Gaza :

 

Un officier de l’Armée de l’air a officiellement déclaré hier (mardi) que "les frappes aériennes dans la nuit de mardi furent complètement différentes de tout ce que nous avions connu par le passé". (…) "Nous avons appris à attaquer ces objectifs au cœur de quartiers résidentiels et à les oblitérer sans tuer personne lors de l’attaque".

 

Un autre pilote, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat et le coup de la surprise a dit : "C’était incroyable, on nous a enjoints comme priorité absolue de ne faire aucune victime !".

 

L’ordre incluait les miliciens en train de cibler les civils israéliens qu’ils ont à charge de défendre.

 

Le Khe’l Avir a obéi. Les lanceurs de Qassam, cette nuit-là, ont lancé 300 projectiles de mort sur le pourtour de Gaza, avec les avions à l’étoile de David qui les survolaient sans les inquiéter.

 

Netanyahu entendait sans doute préserver ainsi les "chances" de parvenir à une nouvelle trêve avec les organisations terroristes qui se sont juré de détruire Israël. Mais il l’a fait en sacrifiant ses propres citoyens dont il avait la charge ! Il s’en est servi comme de chair à canons ; nous sommes en présence d’un cas très rare de non-assistance à personnes en danger, avec, en guise de circonstances aggravantes, que le suspect est un Premier ministre.

 

L’affaire est sans doute d’ordre pénal, et un célèbre avocat de nos amis affirme, sur la base de nos révélations, que les habitants de Sdérot, d’Ashkalon et du pourtour de Gaza sont qualifiés à assigner Binyamin Netanyahu en justice. Pour avoir manqué à son devoir constitutionnel de leur venir en aide alors qu’il en avait l’obligation et les moyens.

 

Le Khe’l Avir a bien attaqué et détruit des cibles à Gaza, mais qui n’avaient pratiquement rien à voir avec les bombardements en cours sur Israël. Il a détruit l’immeuble de la télévision du Hamas, al Aksa, un hôtel qui servait de centre de renseignement aux milices islamiques, 7 bâtiments d’habitation occupés partiellement par les chefs miliciens, des postes d’observation, des manufactures d’armes, des camps d’entraînement. 150 cibles au total, mais pas les lanceurs de Qassam ! En tout : 24 tonnes de roquettes sur Israël en 24h, 7 miliciens islamiques tués, dont 3 lanceurs de Qassam. Une autre preuve de ce que j’avance est-elle absolument nécessaire ?

 

De plus, avant chaque frappe – contre des miliciens armés, pas uniquement des civils ! – des drones du Khe’l Avir lançaient un missile inoffensif sur l’objectif choisi, pour indiquer à ses occupants qu’il fallait l’abandonner et se mettre à l’abri.

 

On prenait toutes les précautions pour ne pas blesser ceux qui s’acharnaient à assassiner les enfants de Sdérot et les vieilles dames d’Ashkalon.

 

Netanyahu a transformé nos aviateurs, probablement les meilleurs au monde, en joueurs de football amateurs et en joyeux campeurs. C’est un corrupteur et un destructeur de tous les corps sains et du pays dont il a malheureusement la garde. Un individu narcissique, orateur hors normes, mais un apprenti sorcier manipulateur pour tout le reste.

 

Netanyahu n’est pas le seul responsable de cette tragédie morale, de cette terrible atteinte à la cohésion de la nation ainsi qu’en la confiance des citoyens dans leurs dirigeants. En principe, les ministres qui ont entériné ses décisions sont collégialement fautifs et pourraient également être juridiquement poursuivis. De même que les chefs de l’Armée et de l’Armée de l’air, qui avaient l’obligation de leur rappeler les devoirs inaltérables de Tsahal et, le cas échéant, de refuser d’exécuter des ordres illégaux et exiger la neutralisation de ceux qui tiraient sur nos compatriotes.

 

On apprend d’ailleurs à l’instant [12h47] la démission du ministre de la Défense, Avigdor Liebermann et l’abandon de la coalition gouvernementale par tous les députés de son parti, Ysrael Beitenu. M. Liebermann a justifié sa décision par l’accord pour la remise du cash qatari au Hamas et l’acceptation du cessez-le-feu d’hier, qu’il qualifie de capitulation.

 

Binyamin Netanyahu a immédiatement annoncé qu’il cumulerait dorénavant le portefeuille de la Défense avec ceux qu’il détient déjà. En théorie, il pourrait conserver une petite minorité à la Knesset. En pratique, Naftali Bennett, le ministre de l’Education, a annoncé simultanément que s’il ne se voyait pas remettre le ministère de la Défense, son parti quitterait également la coalition, ce qui aboutirait à des élections anticipées. Nul doute que les évènements que nous relatons dans cette analyse risquent de porter un coup fatal à la popularité du premier ministre et que sa réélection est compromise. Particulièrement lorsque tous les détails de cette affaire sortiront dans la presse généraliste.

 

Le mobile de Netanyahu en agissant de la sorte ? Netanyahu reste persuadé qu’il importe de sauver le Hamas à Gaza afin que l’enclave palestinienne ne tombe pas dans l’escarcelle de Mahmoud Abbas et de l’Autorité Palestinienne. Il est convaincu que tant que le Hamas contrôlera Gaza, Donald Trump ne pourra pas exiger de lui qu’il accepte la création d’un Etat palestinien, ce qui représente son plus grand cauchemar.

 

Même au prix de sacrifier aux artilleurs du Hamas des citoyens israéliens.

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