Lettre à France.
France, tu ne m’as jamais aimé comme je t’aime.
France, tu n’as jamais su me proteger.
France, tu n’as jamais su dire au monde entier, ouvertement, que sans moi tu ne serais pas ce que tu es.
France, tu n’as jamais su prendre ma défense.
France, tu as collaboré.
France, tu ne m’as jamais demandé pardon.
France, tu me hais.
Tu me hais depuis que j’ai posé le pied sur tes terres.
Tu me hais parce que je t’ai donné Gainsbourg, parce que je t’ai donné Simone Veil, parce que je t’ai donné Robert Badinter, parce que je t’ai donné Leon Blum, parce que je t’ai donné André Citroen, parce que je t’ai donné Michel Debré, parce que je t’ai donné Goldman, parce que je t’ai donné Pierre Mendes France, et puis tous les Elmaleh, Elbaz, Cassel, Gérard Oury, Claude Zidi, Jack Lang, Kouchner, je t’ai même donné David Guetta et la liste est encore longue.
Mais tu m’as donné quoi toi?
Tu m’as donné quoi? Réponds c’est important. Tu ne sais pas?
Je vais t’aider.
Attentats de la synagogue Copernic en 80, attentat de la rue des Rosiers en 82, attentats contre l’école Ozar Hatorah en 2012, attentats contre l’HyperCacher en 2015, profanations de tombes tous les ans, tagues antisemites dans toutes les villes de France, prises de positions anti-israélienne à chaque conseil de l’ONU, non-condamnations de toutes les injures dans l’espace publique à l’encontre des Juifs, rixes et attaques envers les Juifs de Sarcelles en 2014, séquestration et assassinat d’Ilan Halimi en 2004, et puis avant dans ta si belle histoire, l’Inquisition, le bûcher pour les Juifs, les conversions de force ou la mort, puis l’interdiction d’exercer certains (voire pratiquement tous) métiers, et plus tard l’Affaire Dreyfuss, la moitié du pays ouvertement antisémite, puis l’autorisation de publication et récemment la promotion des pamphlets de Céline, et puis cerise sur le gâteau, la collaboration, les rafles, les déportations, les exterminations, la Shoah. Alors je te le répète. Qu’est ce que tu as fait pour moi? Qu’as tu fait? M’as tu rendu un centième de ce que je t’ai donné?
Non France.
Tu mourras ensevelie sous tes regrets, tu t’éteindras car tu n’as pas su être ferme et surtout reconnaissante. Mais de la même manière que nous sommes sortis d’Egypte, que nous avons vaincu l’esclavage de Nabuchodonosor, que nous avons survécu aux Romains, que nous avons quitté l’Algérie, la Tunisie, le Maroc, la Hongrie, la Pologne, la Russie, l’Ukraine, l’Allemagne, de la même façon que nous avons survécu aux bûchers espagnols, aux pogroms biélorusses, au statut des Juifs, et aux fours crématoires d’Auschwitz, de Birkenau, de Sobibor, de Treblinka, de Belzec, de Chelmno et de Majdanek, nous survivrons à ton ingratitude. Oui, France, toi ennemie du peuple Juif, tu viendras demander pardon à un peuple dévolu, assimilé, donateur, généreux et aimant. Et nous pardonnerons.
France, je t’aime.
Ce n’est pas réciproque.
Mais j’ai l’habitude.
Le Juif Errant