USA : Howard Schultz, le milliardaire juif tenté par la Maison-Blanche
L’ancien PDG de Starbucks Howard Schultz a annoncé dimanche qu’il songeait à se lancer dans la course à la présidence des États-Unis en 2020.
« J’envisage sérieusement de me présenter à la présidentielle ». L’annonce lors de la diffusion de l’émission « 60 minutes » sur la chaîne américaine CBS, a fait l’effet d’une petite bombe outre-atlantique.
Dans le cadre de la tournée promotionnelle de son livre From the Ground Up, A Journey to Reimagine the Promise of America, le milliardaire et ancien PDG du groupe de cafés Starbucks Howard Schultz a annoncé réfléchir à une éventuelle candidature en 2020.
Enfant d’une famille juive, né dans le quartier populaire new-yorkais de Brooklyn, Howard Schultz est à la tête d’une fortune estimée en août 2018 par le magazine Forbes à 3,4 milliards de dollars.
Cette fortune, il l’a construite dans le café, en rejoignant Starbucks en 1982 avant de prendre la tête du groupe en 1987 pour faire de l’entreprise une multinationale.
Il a quitté son poste en 2017 mais reste à ce jour président à titre honorifique et actionnaire majoritaire de la firme à la sirène.
Tout au long de son parcours, l’homme n’a jamais caché ses opinions politiques. En 2011, il appelle les patrons américains à ne plus soutenir financièrement les partis politiques pour les campagnes à venir, considérant que les autorités fédérales ne mettaient pas en place de plan de réduction de la dette, pire danger économique des États-Unis selon lui.
L’homme d’affaires réaffirme dans un entretien à CNBC, en juin 2018, que « la plus grande menace intérieure au pays est sa dette de 21 billions de dollars ».
Progressiste et défenseur des minorités
Depuis plusieurs années, Howard Schultz s’engage pour le droit des minorités. En 2010, il répond durant un meeting à un actionnaire, qui contestait le soutien public de l’entreprise au mariage homosexuel, qu’il pouvait « revendre ses parts de Starbucks, et investir dans une autre compagnie ». Choqué par la tuerie de Ferguson en 2014, il lance l’initiative #RaceTogether, et ouvre un Starbucks dans la ville frappée par la pauvreté.
En 2018, il s’oppose violemment au décret publié par Donald Trump qui interdit temporairement l’entrée aux ressortissants des pays n’ayant pas de liens diplomatiques avec les États-Unis, décret qui sera surnommé par les médias américains Muslim Ban.
Il décide alors d’embaucher 10 000 migrants sur cinq ans dans le monde, et exprime sa « profonde préoccupation » vis-à-vis du décret présidentiel, ajoutant que l’entreprise Starbucks « ne resterait pas indifférence ni silencieuse, alors que l’incertitude autour des actions de la nouvelle administration grandit chaque jour ».
Une ambition politique pas nouvelle, mais une tâche ardue
Howard Schultz a déjà par le passé fait état de son ambition politique. Certaines de ses déclarations ont, dès 2012, fait spéculer les médias américains sur une éventuelle candidature.
En 2016, il a dû démentir des rumeurs le disant prêt à défier Hillary Clinton, qu’il soutiendra officiellement.
En annonçant son envie de concourir en 2020, Howard Schultz a précisé qu’il ferait campagne « en tant que centriste indépendant hors du système bipartisan ». Un défi de taille, car aucun président non issu des deux grands partis n’a été élu depuis 1853.
Et aucun indépendant n’est entré à la Maison-Blanche depuis Georges Washington, premier président des États-Unis dans un contexte d’indépendance. Les démocrates ont d’ores et déjà réagi à cette annonce, en pressant Schultz de renoncer à cette idée, par laquelle il pourrait compromettre leurs chances de battre Donald Trump.
Matthieu Lasserre - La Croix