Le judaïsme marocain, une composante millénaire qui donne tout son son sens et son contenu au pluralisme unitaire
Le judaïsme marocain n'est pas étranger au Maroc, hors sol, "mais une composante millénaire d'une identité forgée à travers deux millénaires au moins", écrit l'hebdomadaire "Maroc Hebdo", soulignant qu'il donne tout son sens et son contenu à ce que l'on pourrait appeler le pluralisme unitaire.
Le lancement des travaux de construction d'un musée de la culture juive à Fès ainsi que le lancement des travaux de restauration du musée "Al Batha" de l'art de l'Islam témoignent d'une Vision Royale tournée vers la préservation du patrimoine national dans toutes ses formes et ses composantes, note l'hebdomadaire qui a consacré dans son dernier numéro un dossier au judaïsme au Maroc.
Citant le président du Conseil des communautés israélites du Maroc (CCIM), Serge Berdugo, "Maroc Hebdo" écrit que "la puissance de l'identité marocaine est telle que, le plus souvent, c'est elle qui gagne quand il y a conflit d'intérêt", relevant que le respect des juifs pour l'islam et celui des musulmans pour les juifs n'a jamais été démenti.
"S'il y a quelque 4.000 résidents de la communauté juive au Maroc, le flux des visiteurs de même origine dépasse annuellement les 40.000", fait savoir l'hebdomadaire, qui consacre le dossier de couverture au judaïsme au Maroc sous le titre "Judaïté et marocanité, la renaissance".
La publication rappelle qu'outre le patrimoine matériel de cette communauté, qui recouvre des synagogues, des cimetières et des nécropoles, les vestiges du patrimoine juif englobent également un patrimoine immatériel, "qu'il faut préserver".
Dans ce sens, l'hebdomadaire met en exergue la ville d'Essaouira en tant que "haut lieu du judaïsme marocain", rappelant le cimetière juif de la ville des alizés, régulièrement entretenu, qui est devenu un lieu de pèlerinage pour pas moins d'un millier de visiteurs juifs pendant les trois jours où l'on célèbre la "Hiloula" de Rabbi Haiem Pinto, une figure emblématique de la ville mort en 1845.
La communauté juive marocaine ne peut donc être réduite à quelques centaines de personnes vivant au Maroc, fait observer "Maroc Hebdo", précisant qu'elle compte une diaspora estimée à un million, dont 7 à 8 mille en Israël. Pour l'hebdomadaire, les juifs marocains, venus du monde entier, qui se trouvent chaque année au Maroc pour se recueillir, sont le symbole d'un attachement, même à distance, à la terre d'origine.
Pour "Maroc Hebdo", cet attachement se traduit également par la revendication continue de la culture marocaine, citant notamment l'enseignement de la darija dans certaines écoles des rives du Jourdain ainsi que la célébration de la fête de la Mimouna, typiquement marocaine, qui est presque devenue une fête nationale israélienne.
Par ailleurs, l'hebdomadaire revient sur la nomination, le 13 avril, du rav Pinto nouveau "av beth din", ou président du "beth din", le tribunal religieux juif. Une nomination qui témoigne que, sous le boisseau, "les choses bougeaient" donc au sein de la communauté juive marocaine.
Il évoque également les Instructions du Roi Mohammed VI pour l'organisation des élections des instances représentatives des communautés israélites marocaines et pour le respect de la périodicité du renouvellement desdites instances, estimant que "tout semble aller pour le mieux" dans le vie de la communauté juive marocaine, qui semble retrouver sa place légitime en tant qu'"affluent" de l'unité du Maroc".
Citant M. Berdugo, président du CCIM, "Maroc Hebdo" rapporte que l'initiative du Souverain de réhabiliter, depuis 2010, quelque 167 cimetières juifs nationaux, a permis de construire plus de 40 kilomètres de murs, de rénover 169 portes de cimetières, ainsi que 200.000 mètres carrés de pavement, outre l'édification de dizaines de bâtiments et dépendances.
Rappelant également la décision Royale actée en janvier 2017 de rebaptiser les rues et les ruelles de l'ancien quartier juif de la ville de Marrakech de leurs noms juifs originaux, la publication souligne que naturellement, Sa Majesté le Roi jouit d'une grosse cote de popularité au sein de la communauté juive marocaine, où qu'elle soit.
En outre, "Maroc Hebdo" met la lumière sur la place et le rôle de la diaspora juive marocaine ailleurs dans le monde, estimant qu'il n'y a pas à proprement parler un lobby juif structuré, favorable au Maroc, mais un ensemble d'affinités d'empathies et d'affects qui font que le Royaume bénéficie de l'image la plus favorable du Maghreb, d'Afrique du nord et du monde arabe.
Pour le magazine, cette diaspora, bien qu'implantée sous de multiples latitudes, garde des liens culturels et identitaires avec son pays d'origine. La judéité, comme part d'une personnalité marocaine composite ne se perd pas, note l'hebdomadaire, précisant que l'histoire des décennies passées en atteste à l'envi.