Pourquoi tant de médecins juifs ?
Dr Fabrice Lorin
"Tous les médecins sont juifs...Tous les pharmaciens sont juifs...Tous les archevêques de Paris sont juifs...Tout le monde sont juifs. Pour les médecins, je suis formel...enfin pour le docteur Petiot je ne suis pas sûr..." nous dit Pierre Desproges dans son sketch "Les juifs". Alors est-ce vrai ? Pourquoi cette représentation populaire est-elle si forte ?
Le 15 décembre 1945, à la prison de Nuremberg, l'idéologue nazi Alfred Rosenberg -après avoir entendu lors du procès les plans secrets d’Hitler et les destructions massives- répond au capitaine américain Gustave Mark Gilbert, psychologue de la prison : « Nous n’avions l’intention de tuer personne au début…Retirer aux juifs leurs positions dominantes, c’est tout. Au lieu d’avoir 90 % de docteurs juifs à Berlin, réduire cette proportion à 30 %...Je ne pensais jamais que cela conduirait à des horreurs telles que des assassinats en masse ». Alfred Rosenberg sera pendu le 16 octobre 1946 à Nuremberg pour crime contre l’Humanité. Mais il avoue par-là que trop de médecins juifs est une cause d’antisémitisme. La figure du médecin juif dans l'idéologie nazie touche au délire chez Julius Streicher (directeur du journal antisémite Der Stürmer et pendu en 1946 à Nuremberg) qui confie au capitaine Gilbert: " Nous savons maintenant pourquoi le juif utilise tous les artifices de séduction pour entraîner des jeunes filles allemandes à un age aussi jeune que possible; pourquoi le docteur juif viole ses malades pendant qu'elles sont sous anesthésie. Il veut que la jeune fille et la femme allemandes absorbent le sperme étranger du juif".
Revenons à la figure du médecin juif dans le judaïsme. Si nous suivons, pas-à-pas la Torah, le premier médecin, c'est Dieu. Le verset d’Exode (Shemot) 15 : 26 est simple et direct : "je suis Dieu ton médecin" (Ani haShem Rofe'ha). Les talmudistes se posent alors la question : mais si Dieu est notre seul médecin, devons-nous appeler un médecin si nous sommes malades ? Ou peut-être devons-nous obéir au seul destin divin ? Et attendre éventuellement une guérison venant de Dieu ? C'est le premier verset et il nous laisse bien sûr en suspens. Fort heureusement un second verset arrive un peu plus loin, Exode (Shemot) 21 : 19, et il dit : "Et soigné, il sera soigné" (Verapo yerapé), avec redoublement du signifiant soigner. Disons-le avec force, grâce à ce verset, les talmudistes s’engouffrent dans un passage étroit au bout duquel ils ouvrent le chemin à.. Toute la médecine des hommes. Incroyable, mais qu'est-ce qui était en question ? Réponse simple : Dieu créée les maladies, mais les hommes ont-ils le droit de soigner ces maladies ? Voir de les guérir et se substituer ainsi au Tout-Puissant ? Oui répondent les Sages. Si c'est écrit dans la Torah, et accompagné d’une bonne interprétation... Ensuite des champs intellectuels et scientifiques s'ouvrent à la recherche humaine. Sans fin. Nous sommes devant une rupture épistémologique remarquable.
Après l'Exode et la sortie d'Egypte, vient le désert du Sinaï où Moïse reçoit cette injonction de Dieu, Nombres 21 : 8 (BaMidbar) : et l’Éternel lui dit : « Fais-toi un serpent venimeux et place-le sur une perche. Toute personne mordue qui le regardera aura la vie sauve. » Nous reconnaissons le caducée, symbole de la médecine, symbole de la thérapeutique.
Pour synthétiser notre propos, cinq petits versets de la Torah définissent la médecine. Cinq versets, pas plus, pas moins. La fonction et le but de la médecine depuis 3000 ans sont ici résumés. Cinq phrases courtes : Tu choisiras la vie, tu devras faire très attention à ta vie, je suis Dieu ton médecin, et soigné il sera soigné, toute personne qui le regardera aura la vie sauve.
A partir de la Torah, le Talmud définit les conduites à l'égard de la santé : un malade a le droit de se soigner mais il a aussi le devoir de se soigner. Il ne doit pas rester à souffrir et dépérir. Il doit choisir la vie. Le commandement (mitzvah) est alors d'aller consulter un médecin et de préférence le meilleur des médecins. Et le médecin juif doit être dans les meilleurs...Car depuis des siècles, soigner est pour lui un commandement divin. Progresser, être à l'avant-garde des connaissances, est encore un commandement renouvelé dans le Shoul'hane Arour de Joseph Caro. Le médecin doit s'updater constamment. La Formation Médicale Continue est écrite dans le Talmud depuis bien longtemps.
Si soigner est un commandement, nous comprenons pourquoi nombre de rabbins étaient également médecin et le plus fameux d'entre eux, bien sûr Maïmonide dit Le Rambam. Soigner les âmes et soigner les corps n'est pas contradictoire pour une religion qui a une conception moniste des relations entre l'âme et le corps.
Et pour le paiement ? Combien ça coûte Docteur ? Combien je vous dois ? Si pour un médecin, soigner est un commandement divin, peut-il accepter un paiement ? Les Sages nous disent qu'un médecin ne peut pas gagner de l'argent avec un commandement (mitzvah). Exactement comme un Rabbin pour sa communauté. Le paiement à l'acte est inconcevable dans les fonctions, qu’elles soient médicales ou rabbiniques. Alors le paiement sera calculé en fonction du temps passé, superposable à une activité profane potentiellement rémunératrice. Si j'ai soigné des malades pendant 8 heures, combien aurai-je gagné si j'avais été ingénieur pendant le même temps ?
Plus tard avec le second Moïse, Maïmonide (1138-1204), appelé le Rambam, la figure du médecin juif devient universelle et reconnue. La prière du médecin de Maïmonide, Tefilat HaRofeh, orne souvent les cabinets médicaux des médecins. Elle est inspirée du serment d'Hippocrate.
« Mon Dieu, remplis mon âme d'amour pour l'art et pour toutes les créatures. N'admets pas que la soif du gain et la recherche de la gloire m'influencent dans l'exercice de mon Art, car les ennemis de la vérité et de l'amour des hommes pourraient facilement m'abuser et m'éloigner du noble devoir de faire du bien à tes enfants. Soutiens la force de mon cœur pour qu'il soit toujours prêt à servir le pauvre et le riche, l'ami et l'ennemi, le bon et le mauvais.
Fais que je ne voie que l'homme dans celui qui souffre. Fais que mon esprit reste clair auprès du lit du malade et qu'il ne soit distrait par aucune chose étrangère afin qu'il ait présent tout ce que l'expérience et la science lui ont enseigné, car grandes et sublimes sont les recherches scientifiques qui ont pour but de conserver la santé et la vie de toutes les créatures.
Fais que mes malades aient confiance en moi et mon Art pour qu'ils suivent mes conseils et mes prescriptions. Éloigne de leur lit les charlatans, l'armée des parents aux mille conseils, et les gardes qui savent toujours tout : car c'est une engeance dangereuse qui, par vanité, fait échouer les meilleures intentions de l'Art et conduit souvent les créatures à la mort. Si les ignorants me blâment et me raillent, fais que l'amour de mon Art, comme une cuirasse, me rende invulnérable, pour que je puisse persévérer dans le vrai, sans égard au prestige, au renom et à l'âge de mes ennemis. Prête-moi, mon Dieu, l'indulgence et la patience auprès des malades entêtés et grossiers.
Fais que je sois modéré en tout, mais insatiable dans mon amour de la science. Éloigne de moi l'idée que je peux tout. Donne-moi la force, la volonté et l'occasion d'élargir de plus en plus mes connaissances. Je peux aujourd'hui découvrir dans mon savoir des choses que je ne soupçonnais pas hier, car l'Art est grand mais l'esprit de l'homme pénètre toujours plus avant ».
Belle leçon de sagesse du rabbin médecin Maïmonide. Il réussit à concilier l'héritage juif de Jérusalem et l'héritage grec d’Athènes; il réussit une synthèse des deux grandes sagesses du monde occidental.
Mais pourquoi y-a-t-il eu toujours autant de médecins juifs, de ces grands noms de Maïmonide à Freud? De chercheurs, de biologistes, de dentistes et pharmaciens?
L'attrait des disciplines intellectuelles est illustré par le prophète Zacharie 4:6:" Ni par la puissance, ni par la force mais par mon Esprit".
Aussi, soigner un homme malade est un commandement de la Torah. Un commandement, ou en hébreu une "Mitzva". Ensuite, si pour soigner une maladie le médecin ordonne au malade quelque chose qui est contraire à la Torah, et bien le malade doit lui obéir! S’il faut manger le jour du jeûne de Kippour, s'il faut prendre une ambulance à Shabbat ou manger du porc, manger de la viande mélangée au lait (ne pas cuire le chevreau dans le lait de sa mère, Lo tevashel Gedi Ba khalav Imo), manger des aliments non casher...afin de rester en vie...Aucun problème. C'est Pikouakh nefesh, sauvetage d'une âme. La vie est fondamentale dans le judaïsme. Les règles de la Torah, issues du don de la Torah au Sinaï, s'effacent devant l'urgence de la santé. Dès lors le médecin a dans le triptyque cognitif juif "pensée-parole-action", le pouvoir de "mettre la Torah entre parenthèses". Les rabbins (Rabbanim) n'ont pas ce pouvoir. La vie est une valeur primordiale, supérieure à toute exégèse.
Mais alors, pourquoi tant de médecins? Avançons au minimum...cinq réponses possibles.
Premièrement soigner les hommes pour conserver la vie; nous renvoyons au chapitre précédent. Deuxièmement la profession médicale fut une des rares activités tolérée pour les juifs, et troisièmement une activité professionnelle immédiatement transportable en toutes contrées. Transporter son fond de commerce, ne pas avoir un stock qui retarde les déplacements, voyager sans craindre les voleurs, les bandits et les détrousseurs de grands chemins. Faire tenir le fond de commerce en soi, simplement dans son cerveau. Qu'il ne tienne qu'à la connaissance, au savoir et à la sensibilité. Transporter son savoir comme on transporte un instrument de musique, et si possible dans un petit étui. Alors le violon plutôt que le piano, la clarinette plutôt que l'orgue ou la contrebasse... Les deux disciplines qui appliquent ces principes sont la médecine et la musique. Ajoutons l'orfèvrerie, le commerce et la traduction. A propos de la joaillerie une histoire new-yorkaise dit que jew est le diminutif de jeweler. Pour mieux comprendre le choix du métier dans le judaïsme, rappelons le Tragique du "destin juif": il est soutenu par au moins deux sentiments: le sentiment de précarité et le sentiment d'être rejeté par la monde. Etre médecin répond en partie à cette double contrainte. Le médecin espère la sécurité personnelle et l'estime de ses patients ou de ses pairs, pour éloigner l'exil et le rejet. Ensuite parce que les sciences sont essentielles dans la conception juive du monde; la recherche et la connaissance sont une nécessité pour la priorité de la vie. Mais revenons sur le Tragique du destin juif: le grand historien américano-polono-autrichien Salo Wittmayer Baron (1895-1989) a ironisé sur "la conception lacrymale de l'histoire juive", en soulignant la nécessité de distinguer l'histoire de l'antisémitisme, et l'histoire du peuple juif.
Un jeune juif a donc au moins cinq bonnes raisons pour s'engager dans les études médicales, surtout si ses parents lui "suggèrent" fortement...! Soigner et conserver la vie, une profession tolérée, une activité transportable, la recherche et la connaissance, enfin être aimé et reconnu malgré le rejet identitaire a priori. Nous laisserons de coté momentanément la fierté de sa mère, une future Parnassa (réussite matérielle), et d'autres aspects réparateurs dans la vocation (enfants de rescapés des camps de la mort, ou de l'exil séfarade).
Si devenir médecin est une première étape, être médecin juif, ouvre une seconde porte: la porte de l'humilité: "il paiera les frais de guérison" (Exode [Shemot] 21-19). Le médecin paye de sa personne...La Torah orale dit que nous avons le droit de guérir (Talmud, Traité Baba Kama 85B). Enfin plutôt que guérir, surtout le devoir de soigner. C'est acquis. Mais pourquoi est-il écrit que "le meilleur des médecins, mérite l'enfer"? "Tov sheBeRofim liguehinom" (Talmud, Traité Kidoushin 82A). La réponse est simple. Le médecin qui se pense le meilleur des médecins est dans la Toute Puissance de la pensée et de la fonction. Il perd sa dimension humaine. Il devient dangereux. Il a oublié l'humilité de l'homme. Le Dr Julius Preuss (1861-1913), brillant médecin talmudiste décédé prématurément à 52 ans, a fait graver sur sa tombe une épitaphe si typiquement marquée par l'autodérision : "Rofé velo lo ": "médecin mais pas pour lui-même"... "La vie est sacrée, nous ne pouvons pas décider si nous devons la donner ou l'enlever" nous disait le Rabbin Didier Kassabi. Dès lors la médecine est comme la Loi juive, la Halakha, elle est en discussion, en progrès. Un bon médecin doit être sûr de lui, attentif à la marche du monde, au progrès de la science et des dernières connaissances. Mais jamais se croire le meilleur!
Pour rebondir sur cette soif de connaissance, la libido sciendi, souvenons-nous des premiers cartographes maritimes; ils sont juifs majorquains (chuetas) et ils établissent les premières cartes maritimes et terrestres dès le XIVème siècle. Intermédiaires, traducteurs (Tordjman), polyglottes, voyageurs, commerçants, ils circulent entre les mondes chrétiens et musulmans. Le plus célèbre d'entre eux est Abraham Cresques, l'auteur de l'Atlas Catalan en 1375. Ils servent les rois ibériques, les rois d'Espagne et du Portugal, comme Henri le Navigateur, qui pourront avec ces cartes, bâtir leur empire...Découvrir la Terre, c'est comme découvrir le corps. Les cartographes sont des anatomistes. Les continents terrestres sont une émergence du corps de l'humanité, du corps de l'homme, de la création divine. La curiosité ne peut avoir de limite dans le judaïsme. Connaitre la terre, c'est connaitre l'homme, c'est approcher Dieu. Connaitre le monde, c'est envisager la création divine et le Maître de l'Univers. Si les kabbalistes traquent Dieu dans la moindre lettre de la Torah, les anatomistes et les géographes font à l'identique dans les sciences. Médecine et cartographie sont intimement liées, depuis ces temps anciens du Moyen-âge, jusqu'à l'imagerie médicale moderne!
Dans la Talmud, si un juif ne doit pas vivre dans un endroit sans médecin, toutefois il ne doit pas mettre toute sa confiance dans un seul médecin. Une histoire raconte qu’il faut s’installer et vivre dans une ville où il y a deux médecins…et deux synagogues. Car un juif a toujours deux synagogues: celle qu'il fréquente assidûment... et celle dans laquelle il ne mettra jamais les pieds! Cependant la disparition progressive du spirituel au profit du matériel, du sacré au profit du profane, a conduit le médecin à remplacer le prêtre (Cohen) dans la gestion du pur et de l'impur: Tahor véTamè טהור וטמא. Le pur c'est ce qui est de l'ordre de la vie, l'impur ce qui est de l'ordre de la mort.
Dans le Labyrinthus medicorum errantium (Nuremberg, 1553), le médecin suisse Paracelse1 écrit: "Quant à la médecine, les Juifs d'aujourd'hui, comme ceux d'autrefois, se vantent d'abondance et n'ont pas honte de mentir. Ils prétendent être les plus anciens et les premiers médecins. Certes, ils sont les premiers parmi toutes les nations, les premiers gredins, s'entend… Eux qui ont rejeté Dieu et son unique fils, eux qui ne les ont pas reconnus, comment pourraient-ils connaître les pouvoirs mystérieux de la Nature ? Dieu leur a retiré, leur a arraché des mains l'Art de la médecine, les condamnant et les bannissant tout à la fois, eux et leurs enfants, pour toute éternité… Néanmoins, ils revendiquent comme leurs, toutes les louanges de la médecine. N'y prêtons pas attention… Car ils ne sont pas nés pour la médecine et n'y ont jamais été formé. Depuis le tout commencement du monde, ils ont reçu pour mission d'attendre le divin Messie… Et tout ce qu'ils ont entrepris par ailleurs leur est resté étranger et faux. La médecine a été donnée aux Gentils."
Paracelse nous fait la triste liste des thèmes antisémites classiques, il rappelle la seconde alliance au profit dorénavant des médecins chrétiens... et il rend "à l’insu de son plein gré" un hommage jaloux. Au XVIème siècle, la concurrence est rude entre médecins chrétiens et médecins juifs! Toujours trop de médecins juifs! C'est exactement l'argument de l’idéologue nazi Alfred Rosenberg en 1945 (voir ci-dessus). Mais à la Renaissance, le sens de l'histoire devient défavorable, les médecins juifs vont être effacés progressivement du monde européen à coup d'interdictions successives.
Pourquoi? La raison est simple. Les chrétiens ont toujours beaucoup apprécié les médecins juifs pour leur savoir et leur pratique omnipraticienne (3). Le médecin juif fait de la médecine et de la chirurgie, il n'a pas toutes les contraintes réglementaires imposées au médecin chrétien. Nombre d’Archevêques avait à leur service un médecin juif et les praticiens juifs sont retrouvés dans le sillage des Papes en Avignon et des grandes Maison de Savoie, de Bourgogne et d'Anjou. Au fronton de la Faculté de médecine de Montpellier, nous lisons les noms d’Isaac Ben Abraham, Meshulam, Shem Tov Ben Isaac, Profacius. Jacob Ben Machir ibn Tibbon (appelé Profiatus Judaeus ou Don Profiat), est astronome et médecin. Il est nommé Doyen de la faculté de médecine de Montpellier en 1300. Encore à Montpellier, il y a 3 médecins juifs pour 17 médecins chrétiens au XIIe siècle et 10 médecins juifs pour 45 médecins chrétiens au XIIIe siècle (4). De même, à Marseille, le nombre des médecins juifs est plus élevé que celui des médecins chrétiens, 20 pour 16, durant la première moitié du XVe siècle (Caroline Darricau-Lugat). A partir du XVe siècle, ils subissent néanmoins les persécutions et perdent en grande partie leur patientèle chrétienne. A Rome, le pape de la Renaissance Jules II, le protecteur de Michel-Ange auquel il commande les peintures de la fameuse Chapelle Sixtine, a pour médecin personnel le Rabbin médecin Samuel Sarfati; nous savons qu' il a offert au pape Jules II, une bible magnifiquement décorée lors de l'accession de Jules II au pontificat en 1503.
Les interdictions ont couru jusqu'au XXème siècle, avec l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste de Mussolini. Ainsi les lois de septembre à novembre 1938 en Italie, interdisent les mariages mixtes, excluent les enseignants des écoles, excluent les juifs des bibliothèques, des annuaires téléphoniques...et interdisent aux médecins juifs de soigner des non juifs "sauf en cas de nécessité" si aucun médecin non juif n'est disponible. Le Grand-Rabbin de Rome, Elio Toaff raconte l'histoire de son frère chirurgien, Enzo Toaff. Alors qu'il opère, la police arrive et lui demande de quitter le bloc opératoire sur le champs. Il demande juste le temps de terminer l'intervention chirurgicale en cours et recoudre le patient. Le mois suivant, il émigre en Palestine. Nous sommes en 1938.
En 2014, Le sondage Fodapol (Fondation pour l'innovation politique) et son rapport sur "L'antisémitisme dans l'opinion publique française" , compare les données de 2004 et 2014. L'antisémitisme progresse. Nous apprenons que 8% des français -soit 5,3 millions de personnes- éviteraient d'avoir recours à un médecin juif. Ce chiffre monte à 28% chez les personnes proches du Front National. Par ailleurs 16% des français estiment que les médecins juifs sont trop nombreux en France. Les temps sombres de l'antisémitisme n'ont pas quitté les rivages du pays. Mais finalement, si les antisémites ne consultent pas un médecin juif, tant mieux. Rien de plus douloureux pour un médecin que d'entendre dans l'intimité de la relation médicale, le surgissement brutal de propos antisémites ou racistes. Saluons le nouveau médicament contre l'antisémitisme: Antisemitox disponible en patch, bonbons au miel, dans toutes les bonnes pharmacies! Et imaginons une nouvelle aventure d'Astérix le gaulois, "Astérix à Jérusalem" . Le héros gaulois rencontre un autre irréductible face aux romains : Antisemitix le druide juif, tombé dans la Torah quand il était tout petit.